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mercredi 22 juillet 2015

Les mystères de la voie : 14 : l'Intuition


Quand peut-on parler d'intuition ? L'intuition a quelque chose de caché, quelque chose de mystérieux.
L'intuition est tellement peu prévisible qu'on en fait peu de cas. Et très peu de gens se disent vivre sur un mode intuitif. Pourtant, ce mode existe.
Nous captons les informations du monde extérieur par nos cinq sens. Les informations produites par les sens sont très fortes, le "volume" est élevé (pour l'intuition, le "volume" est faible), et ces informations sont directement transmises au cortex. Du coup, l'information est claire, intelligible. Par exemple, je vois mon clavier et j'entends les touches du clavier en même temps que je sens ces touches. 
Cela pourrait me suffire, et d'ordinaire cela me suffit, il s'agit de l'instant présent et c'est déjà infiniment précieux. 
Mais qu'on me coupe les sens. Que reste-t-il ? Qu'on m'enlève la vue, qu'on me coupe du son, qu'on m'empêche de palper, de sentir, de goûter, suis-je coupé du monde sans mes cinq sens ? On pourrait croire que oui, mais en fait, il n'en est rien. Car il reste un sixième sens, bien réel, et qui s'appelle la proprioception. Il s'agit du sens de l'équilibre géré par le cerveau reptilien. Or, d'ordinaire, qu'est-ce qui nous pousse à agir si ce n'est rétablir un équilibre. Ce sixième sens est très fin, il nous permet entre autre de sentir la faim ou la soif. En général, ce sens de l'équilibre confirme les informations données par nos cinq sens, il n'est donc pas nécessaire d'y faire appel. Mais dans d'autres cas, l'intuition, le sens de l'équilibre nous pousse dans une autre direction. 
Un jour, je me rendais au travail en voiture, quand je sentit l'irrépressible besoin de tourner à droite, c'était un chemin qui conduisait vers les berges d'une très belle rivière. Je me dit "soit, je vais aller faire un peu de Qi Gong", mais en arrivant sur la berge, je vis un gros 4x4 capot ouvert dont le chauffeur me fit signe. Pouvez-vous m'aider, ma batterie est morte ? Je sortais les câbles que j'ai souvent dans le coffre, et notre homme pu se rendre à son rendez-vous. La route de la berge est très peu passante, et il aurait pu s'écouler une matinée entière sans qu'aucune voiture ne passe. Qu'est-ce qui m'a poussé à tourner à droite ? Mon intuition. Et surtout, le fait d'y être attentif. 
L'intuition se manifeste par des pensées "tourne à droite" dans le cas précédent, le mental essaye tout de suite de s'y accrocher : "c'est la route de la rivière, tu pourras y faire du Qi Gong". Et l'homme ordinaire dit généralement "je me rends au travail, il n'est pas question de s'arrêter". Le plus clair du temps, les pensées intuitives sont étouffées, manipulées par le mental, ce qui fait qu'on ne les distingue même pas du reste des pensées.
Alors comment être sûr que l'on a affaire à une pensée intuitive ? Pour cela, il convient de faire taire son mental et ses constructions. C'est facile à dire, mais c'est très difficile à réaliser. Il convient de s’entraîner, de s'observer, de se reconnaître en train de nourrir son mental, de le voir, et de faire le vide. Celui-ci laisse place à une nouvelle intuition qu'il faut laisser être sans l'emprise du mental, ce qui est très dur, puis de refaire le vide dès que le mental a repris le dessus. Ceux qui ont l'habitude, ont du reconnaître l'art de la méditation. Et oui, être intuitif revient à vivre toute la journée dans un état méditatif, éveillé. Et être ainsi au plus près du Tao. Privilégier le cerveau reptilien, l'éveil, plutôt que le cortex, le rationnel. D'ailleurs Einstein disait : "le mental intuitif est un don sacré, le mental rationnel un outil fidèle, nous avons créé une société qui a privilégié l'outil au détriment du don".
Suivre son intuition avec modération (il ne faut jamais s'enflammer) , et ne se servir du mental qu'en de très rares occasions, c'est cela suivre le Tao.

mardi 21 juillet 2015

Les mystères de la voie : 13 : La méditation


On parle souvent de méditation, et pourtant peu de gens vous disent comment ils pratiquent et encore moins vous donnent le but de cette pratique. 
Pour moi, le but de la méditation est d'apprendre à vivre sur un autre mode que celui effréné de la vie quotidienne. Il s'agit de réapprendre à vivre en laissant de côté son mental. Qu'on ne se méprenne pas, celui-ci est très utile pour faire des calculs du type dimanche prochain, nous serons le 28. Mais il devient néfaste quand il s'agit de ruminer une vengeance, ou d'être inquiet à l'idée de voir son patron. Il n'est pas rare que notre mental fasse naître en nous un sentiment d'infériorité, que nous nous sentions faible, seul au monde. La méditation est là pour faire sauter ces fausses croyances. 
Au début de la pratique, après avoir pris une posture rigoureuse, on commence par se concentrer, ce peut-être sur la respiration, sur l'abdomen, ou même sur un objet. Le but est de laisser un minimum d'espace au mental qui d'ordinaire nous noie d'informations. De cette manière on peut se concentrer sur les différentes parties du corps, cet exercice ayant des vertus, si ce n'est thérapeutiques, de bienveillance vis-à-vis des organes considérés. 
On peut se concentrer aussi sur la respiration, cet exercice est très puissant. En effet, la respiration, comme les autres flux de notre corps est gérée par le cerveau reptilien, et non par le cortex du mental, or la respiration est le seul flux sur lequel on puisse agir. C'est donc un moyen d'être directement en prise avec le cerveau reptilien. 
Or, j'y viens, le cerveau reptilien est celui dont on cherche à être à l'écoute lors la méditation. En se concentrant sur un point entre les yeux au centre du front, on apprend à faire vivre les pensées intuitives. Souvent, il s'agit de simples couleurs, de formes, mais parfois cela prend du sens. De temps à autre, des idées comme les courses à faire dans l'après-midi peuvent reprendre le dessus, on apprend alors à les laisser filer comme des nuages. 
Ce qui est important, c'est de laisser la place, non à l'imaginaire, qui lui provient du cortex, mais à l'intuition provenant du cerveau reptilien.
Apprendre à vivre avec ses intuitions, plutôt qu'avec son mental provoque une métamorphose de l'être comparable à celle de la chenille sortant de sa chrysalide transformée en papillon.
C'est ce que Bouddha a appelé l'éveil. L'homme est le même, le monde n'a pas changé, mais la vision du monde par l'être éveillé change du tout au tout. Au lieu d'avoir un regard prédateur sur son environnement, l'éveillé a un regard bienveillant sur le monde qui l'entour. Il se sent en effet relié à cet entourage, il en capte les secrets par l'intuition. L'illusion du moi séparé du reste du monde disparaît, l'homme se trouve relié au Tao. Lao Tseu nous vente les mérites de ce "voyage assis au sein du Tao" qu'est la méditation.

lundi 20 juillet 2015

Les mystères de la voie : 12 : Mourir à soi-même


Quand, nous cessons de lutter, que nous n'avons plus aucun attachement, même celui que l'on peut avoir pour des proches, ou même pour l'être aimé. Quand nous ne nous identifions plus à cette coquille vide qu'est le moi. Quand nos pensées se réduisent à des volutes de fumée qui se dissipent dans le ciel. Lorsque nous n'osons plus lever le doigt de peur de bouleverser l'ordre cosmique. Lorsque nous avons renoncé à tous nos désirs, que nous sommes comme cette eau de surface calme et débarrassée de son limon. Lorsque nous sommes attentifs à ce qui se passe là, ici et maintenant. Lorsque nous tutoyons le Tao.

NOUS SOMMES COMME MORTS.

En effet, le défunt, n'a pas d'attachement, pas de proches, pas d'être aimé... Le défunt est débarrassé de tout avoir.
Nous pouvons parvenir à ce résultat par notre propre mort. Mais nous pouvons également y parvenir ici et maintenant, de notre vivant. Libre de tout avoir, de tout désir, et de toute volonté d'agir, nous n'avons plus une once d'ego, nous avons tué notre petit personnage. Nous sommes morts à nous-même.
Pourtant, il reste quelque chose, il reste même l'essentiel. Il reste la Vie, celle que l'on peut écrire avec un grand V, car écrite par le Tao, qui si nous ne lui demandons pas, vous indiquera volontiers le chemin.
Pourtant, on dit que "suivre le Tao, c'est être comme le nouveau né, sans but ". Certes ! C'est là un paradoxe. Mais l'âme du défunt et celle du nouveau né se rejoignent dans le Non-Agir, le Non-Désir et le Non-Attachement. Aussi, comme le nouveau né se laisse guider par le sein de sa mère, laissons nous guider par le Tao nourricier. Et, mes chers amis, revivons, voyons cela comme une nouvelle naissance, le roi est mort, vive le roi. Soyons comme le papillon qui sort de sa chrysalide, prêt à s'envoler pour une vie nouvelle. Une vie faite d'agréables surprises, tant notre attente a disparue. Une vie guidée par le Maître le plus aguerri, l'Univers lui-même. Car dans cette vie nouvelle, c'est l'ordre Universel, le Tao qui s'offre à nous. L'homme ainsi mort à lui-même se fond dans la nature. 

dimanche 19 juillet 2015

Les mystères de la voie : 11 : La non-identification


Parmi l'attachement dont il faut se libérer se trouve une catégorie de sentiments plus ou moins subtils et peut-être encore plus insidieux pour l'homme qui suit le Tao. Il s'agit de l'identification. Par exemple, lorsque notre mère nous donne un prénom, nous nous identifions toute notre vie à ce prénom. Pourtant, les quelques rares personnes qui changent de prénom savent à quel point notre prénom est artificiel. L'identification peut se faire par habitude, mai peut aussi être immédiate. Par exemple, si vous gagnez une compétition de judo, vous vous prenez très vite pour un champion. 
Il n'y a pas que les honneurs qui se prêtent à l'identification, des sentiments tels que l'amour s'y prêtent aussi. C'est ainsi que l'amour entre un homme et une femme est "reconnu" par le mariage. Aussi, dans sa vie, on s'identifie à une profession, à une classe sociale, à un état civil ou à une réussite sportive. On peut si l'on est déprimé, s'identifier à des échecs. 
Or, dans tous les cas, ces identifications ne sont pas vous. Votre vérité ne se borne pas à un état civil ou à une profession, et encore moins toute identification plus ou moins subtile.
Il convient de se départir de nos identifications, comme on le fait de nos attachements. 
Le sentiment d'être n'a pas d'étiquette. Car ce sentiment est très vaste, c'est lui qui recueille le Tao. Il ne saurait se réduire à quelques phrases, aussi subtiles et alambiquées soit-elles !  Le sentiment d'être, celui que l'on cherche, lorsqu'il est question d'éveil ne supporte guère les impuretés que sont les attachement ou les identifications. Si l'on cherche à être , il convient de se laver de ces impuretés en les prenant une par une, et en affirmant de tout son être: "je ne tiens pas à ceci", "je ne suis pas (que) cela". Alors, l'ego va s'alléger, jusqu'à disparaître. "Seul celui qui se vainc lui-même possède la force" dit Lao Tseu. C'est alors que vous vous sentirez relié au Tout, libre de toute contrainte. Vous n'êtes pas qu'une histoire...

mercredi 15 juillet 2015

Les mystères de la voie : 10 : Le non-attachement.


Dans la vie, certaines choses nous plaisent, d'autres nous déplaisent. On essaye de repousser celles qui nous déplaisent, tandis qu'on s'attache à celles qui nous plaisent. On ne s'en rend pas toujours compte, mais on agit avec ce qui nous plait comme un collectionneur. On accumule ces choses qui petit à petit contribue à notre confort. Ce peut-être une accumulation de biens matériels, comme une accumulation de savoir, ou une accumulation de façon d'être, du sport... Certaines personnes s'attachent à leurs acquis, tant et si bien qu'elles sont incapables de s'en défaire. Or l'attachement fait souffrir, les biens matériels (maisons, autos) doivent être entretenus, tout comme le savoir, et plus on a de ces choses, plus on accumule les soucis. Cela peut facilement conduire à une perte de sommeil et à des troubles diverses.
A l'inverse, l'homme du Tao, ne thésaurise rien, il ne s'attache à rien d'autre qu'à l'instant présent. Il évite ainsi nombres de soucis. Les biens dont il se sert (maison, auto) ne sont pas ostentatoires, car il pratique la voie du "juste milieu". Le Saint Homme, ne s'accroche à rien, pas même à ses idées. Si au cours d'une discussion, il trouve une chose intéressante à dire, et qu'un interlocuteur monopolise la parole, il écoute sagement son discours jusqu'à son terme quitte à perdre le fil de sa propre idée, car il sait que celle-ci reviendra si l'occasion se présente, et sinon, peu importe, il n'y est pas attaché. 
En poussant le non-attachement jusqu'au bout on peut voir que l'on aboutit à un mental très libre, fluide, qui ne s'attache à aucune pensée. On rejoint ainsi l'esprit de la méditation, où l'on apprend à ne s'attacher à aucune pensée. Et de fait, l'art de l'être éveillé est de vivre de façon intuitive sans porter crédit à son mental rationnel, imaginatif et rempli de souvenirs. 
Une fois encore, il s'agit de redevenir comme le nouveau-né, sans aucune attache. Le non-attachement est la forme ultime de liberté. 
Je me souviens d'un jour où je suis parti en suivant le Tao (comme d'habitude), mais je l'ai vraiment suivi à fond ce jour là. Je me suis levé tôt, et j'ai été attentif à chaque instant, je me suis laissé distraire par les papillons et les lucioles, j'ai bravé des interdits, j'ai pris le temps de méditer, j'ai conduit mon auto en m'écartant parfois du code de la route, Je suis allé à la ville et à la campagne. Pour le repas, je me suis ouvert à des saveurs nouvelles. Bref, j'ai vécu à fond l'instant présent, et j'ai vécu milles choses. Le temps m'est apparu très dense, comme lorsqu'on est enfant. Malheureusement, mon comportement anormalement libre a inquiété mes proches, et ils ont cru à un épisode maniaque (je souffre depuis l'âge de 25 ans de trouble bipolaire). Ce jour là, je crois que j'ai pêché d'un attachement trop grand au Tao...

lundi 6 juillet 2015

Les mystères de la voie : 9 : Le Non-Agir


La plupart des gens agissent pour agir. Ils font quelque chose pour éviter le désœuvrement, il faut agir parce que c'est mieux que de ne rien faire. Comme si ne rien faire était quelque chose de honteux. Mais Lao Tseu le dit bien, lorsqu'on suit le Tao, on ne sait pas à l'avance ce que l'on va faire. On est sans désir, on vit l'instant. L'Action que Lao Tseu nous propose, l'Action avec un grand A est le Non Agir. De quoi s'agit-il ? La vie s'écoule au fil du temps, il s'agit de la suivre, de suivre la nature, de suivre notre nature.
Ainsi, l'acte que l'on fait est naturel et s'inscrit dans l'ordre des choses. Ce que l'on construit de la sorte est donc solide et peut durer longtemps. Dans le Non-Agir, on retrouve la notion de Non-Lutter. Le Saint Homme ne lutte pas, ni contre les autres ni contre la nature, ni contre lui-même. S'il sent quelques réticences d'autrui, il n'insiste pas, il sait que les choses se feront d'elles-mêmes lorsque l'idée aura mûri, qu'elle aura fait son chemin. Et si elles ne se font pas, c'est égal car notre homme est sans désir. Cela n'empêche pas le Saint Homme de faire de grandes choses, certains pendant la seconde guerre n'ont pas hésité à cacher des juifs chez eux. Il faut dire que le Saint Homme est l'asile des nécessiteux, car, vide d'ego, il a de la compassion pour l'Univers dans sa totalité.
Le Saint Homme ne recherche pas les honneurs, il fuit les mondanités. Ce qu'il fait, il n'en tire aucun mérite, puisqu'en réalité il ne fait rien d'autre que suivre le Tao. Aussi le Saint Homme à une action qui le fond de plus en plus dans la nature, Il s'efface. Lao Tseu a fini sa vie de façon anonyme dans les montagnes de l'ouest. Et l'homme qui suit le Tao vit sa vie d'une manière totalement transparente, C'est l'anti-héros par excellence, on ne le remarque pas, il est presque timide. "Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas" nous dit le Maître. Il préfère qu'un autre tire le bénéfice d'une situation plutôt que lui-même. Si quelqu'un se noie, il se jettera à l'eau pour venir en aide, mais si quelqu'un d'autre porte secours, il lui laissera volontiers les honneurs. 
Suivre la vie au fil du temps qui passe, tel est le Non-Agir.  

vendredi 3 juillet 2015

Les mystères de la voie : 8 : Le non désir


Voici un trait de la voie auquel je dois une fière chandelle. C'est en effet grâce à la pratique du non désir que j'ai pu progresser sur la voie. La pratique du non désir est d'une efficacité redoutable pour s'ouvrir aux autres. Sans désir propre, on est attentif aux besoins des autres. On change d'attitude: au lieu d'essayer de se faire plaisir, on tâche de faire plaisir aux autres. 
Sans désir on prend la vie comme elle vient, on ne se projette sur rien d'autre que l'instant présent. 
Sans désir, on gagne en humilité, on ne désir plus sans cesse être le premier, on laisse la première place, et on découvre les joies de la dernière. Lao Tseu dit que la dernière place est la meilleure, pour qui doit gouverner des hommes sans heurt.
Sans désir, la vie est jalonnée d'agréables surprises, qui, n'étant pas attendues sont d'authentiques cadeaux de la voie.
Sans désir, on place le niveau de l'attente à zéro, il est impossible d'être déçu, ni même ébranlé. Si, par maladresse, je fais tomber un verre, et qu'il se casse, je ne m'emporte pas, je prends la chose avec philosophie, je ne désir pas plus qu'il reste intact, qu'il ne se casse. S'il est cassé, c'est qu'il devait en être ainsi, et c'est avec plaisir que je prends la balayette pour ramasser les morceaux.
Sans désir, le Saint Homme se contente des petits plaisirs de la vie, il fuit les honneurs, il ne cherche pas de disciples, ce sont parfois les disciples qui viennent à lui.
Etre sans désir est une technique commode pour étiqueter ses pensées, et voir que très rapidement, le mental convertit ces pensées en désir. Nous projetant par la même occasion hors de l'instant présent.
Par exemple je voix par ma fenêtre un arbre, il bouge, ce qui me fait penser au vent, puis me fait penser à la planche à voile que je me plaisait à chevaucher étant jeune, ce qui, si je n'y prends pas garde peut me plonger dans un état nostalgique du passé. La nostalgie est une forme de désir, il s'agit du désir de revivre la passé. Et comme c'est un désir irréalisable, il fait souffrir.
Reconnaître cette nostalgie comme un désir, et donc abandonner cette pensée évite la souffrance. Nous pouvons observer nos pensées : elles partent généralement d'une perception, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous touchons, ce que nous sentons ou que nous goûtons, et puis, très vite, notre mental s'y accroche et fait des associations. Et notre mental a l'art d'imaginer des scénarios catastrophe : je vois une voiture... "et si tu avais perdu tes clefs ?" "tu es sûr qu"elle sont dans ta poche ?" "vérifie !" et c'est ainsi que le désir de vérifier si mes clefs sont bien dans ma poche est né d'une bête inquiétude. Seulement voilà je suis au ski sur un télésiège, et il vaut mieux faire taire ce désir plutôt que de risquer de faire tomber les clefs.
Si l'on regarde bien presque toutes nos pensées sont désir, et elles peuvent être très fortes, comme lors d'un désir sexuel ou gourmand, elles peuvent alors préoccuper l'être dans son entier. Etre sans désir revient à faire un sacré ménage dans son mental. Ne plus donner de poids à ses désirs revient à rentrer dans un état quasi méditatif, sans pensées autres que les pensées intuitives. C'est un état sans mental ou presque. Un état lové au cœur de l'instant présent.
L'éveil n'est plus très loin. 

jeudi 2 juillet 2015

Les mystères de la voie : 7 L'instant présent


Pour les bouddhistes, l'instant présent, ou plus précisément, vivre l'instant présent tient une place fondamentale de la vie de l'éveillé. Et nombre de bouddhistes en font le centre de leur pratique. Les Taoïstes, eux, vivent de façon humble sans désir et sans agir, c'est à dire en suivant l'ordre cosmique. Mais, peut-on suivre le Tao, en pensant à une action futur, ou en se plongeant dans ses souvenirs ? Peut-on être attentif au Tao, si notre mental nous occupe l'esprit ? Certes non ! C'est pourquoi suivre le Tao nécessite un esprit libre de toute préoccupation du passé ou du futur. Suivre le Tao revient à vivre le présent, instant après instant. Et le taoïsme va très loin, car ne rien désirer équivaut pratiquement à ne penser à rien. En effet, si on y regarde de près, une pensée émane presque systématiquement d'un désir. Il peut s'agir d'un désir d'être, mais aussi d'un désir de ne pas être. Par exemple, si je pense à une personne que j'aime, il s'agit peut-être du désir d'être avec elle, et si je pense à une personne avec qui je suis en conflit, il s'agit sans doute du désir de ne pas la rencontrer. A chaque fois, ce sont des pensées qui émanent d'un désir : pas de pensée, pas de désir. C'est aussi simple que cela. 
Et quand on sait le grand cas que Lao Tseu fait du vide, on comprend que le vide des pensées est au cœur du Taoïsme. Lie Tseu a lui écrit une oeuvre qui s'intitule le Grand Classique du Vide Parfait. Libre de pensée, ces Sages pouvaient à loisir profiter de l'instant présent. Etant plongés dans le présent, ils sont attentifs à l'évolution de leur environnement, attentifs à leur équilibre. S'ils le perdent, ils font le nécessaire pour le retrouver sans attendre, c'est ce que l'on appelle le non agir, ou suivre le Tao. Aussi, vivre l'instant présent est la résultante du non désir et du non agir Taoïste.   

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