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vendredi 25 août 2017

La vertu, ou l'art de faire simple


On pourrait croire que la spiritualité est une affaire complexe et qui requiert une longue étude avant de pouvoir être maîtrisée. N'y a-t-il pas une spiritualité juive, une spiritualité hindoue, une spiritualité bouddhiste, une spiritualité chrétienne, une spiritualité taoïste, une spiritualité musulmane ? Comment connaitre d’emblée toutes ces spiritualités ? Ne nécessitent-elles pas de lire de nombreux ouvrages avant de maîtriser toutes ces écoles ? C'est ce que je croyais lorsque j'ai entamé mon chemin spirituel. Celui-ci avait commencé par la lecture de la Bible à l'age de vingt ans. Puis, j'ai croqué la vie à pleines dents, m'éloignant de ma recherche spirituelle. Ce n'est que passé l'age de quarante ans que l'appel spirituel s'est de nouveau manifesté, j'avais besoin de repères forts car j'étais en pleine déprime. Je lisais alors le Tao Te King, cherchant une cohésion entre l'orient et l'occident. Les valeurs d'humilité de non désirs, de générosité de Lao Tseu me rappelèrent les paroles du Christ. J'étais déjà à moitié rassuré. Depuis, mes lectures n'ont cessé de réduire la spiritualité à ces quelques valeurs:
humilité
non désir personnel
non agir personnel
non ego
compassion.
C'est si simple que cela parait bête. Pourtant, toutes les spiritualités du Monde ramènent à cela : se connaître soi-même au point de rejoindre la vacuité qui nous habite loin de l'ego envahisseur. C'est ce à quoi conduit la danse des derviche-tourneurs, ce à quoi nous invite Bouddha, ce vers quoi tendent les prières chrétiennes, ce vers quoi tend le Tao, ce sur quoi dansent les divinités hindoue. La
simplicité de l'homme sans ego. Il est d'ailleurs préconisé dans nombre de spiritualités que l'homme doive retrancher (richesses, traits de caractères) plutôt que d'accumuler des connaissances, pour s’épanouir sur le plan spirituel. Alors, chers amis, retranchons, retranchons au point de n'être plus que le reflet du vide qui nous habite. Car celui-ci est d'une adaptabilité hors du commun. Capable de faire face à n'importe quelle situation, et d'une richesse inouïe.Il est connecté par sa nature au Grand Tout qui nous a enfanté, et qui ne nous a jamais quitté.
Connaître cet état, c'est rejoindre la grande vertu, celle de Lao Tseu, celle du Tao. Ainsi, la vertu est simple. Et ce que dit Lao Tseu est simple. Mais comme il le dit lui-même; tellement peu nombreux sont ceux qui me comprennent, et il ajoute avec humour: cela montre ma grande valeur ! En fait, l'homme simple est de grande valeur, mais l'homme ordinaire est compliqué, torturé, savant... Des qualificatifs qui d'ordinaire sont appréciés mais qui sont contraires à l’épanouissement spirituel.  
  

vendredi 18 août 2017

Une question de point de vue


Imaginons que vous observiez cette rose dans un coin du jardin.
1) Vous l'observez avec un point de vue égoïste : vous vous dites "comme cette rose est belle ! J'ai eu de la chance de la voir aujourd'hui alors qu'elle est en pleine croissance, et qu'est'ce qu'elle sent bon, je vais la couper pour la mettre dans un vase, et puis je vais couper cette autre rose en bouton, et puis toutes les roses de ce rosier pour faire un magnifique bouquet." Et puis bien sûr, comme vous êtes un peu maladroit, les tiges ne sont pas d'égales longueurs et le bouquet est tout de travers il ne vous plait plus, demain vous le jetterez à la poubelle !
2) Vous l'observez avec le point de vue du Tao : Vous avez vaincu votre moi, vous vous êtes effacé. Ce n'est plus vous qui vous dites que cette rose est belle, et pourtant elle est furieusement belle, alors vous, au nom de l'univers tout entiers, vous
célébrez cette rencontre, vous célébrez l'instant et vous laissez l'univers (le Tao) profiter de ce qu'il est capable de faire : la magie de la beauté d'une rose et la magie de son parfum. C'est de la contemplation. Une fois cet instant passé, vous poursuivez le Tao prêt à faire de nouvelles découvertes, comme cet étonnant coléoptère...
Ce point de vue du Tao n'est pas donné à tout le monde, comme on le voit, il faut s'être effacé, ne plus avoir d'ego, laisser l'Univers être par votre présence, comme je le dit souvent il faut faire vivre l'Univers qui est en soi. Et c'est impossible de le faire si vous êtes accaparés par vos pensées ou rempli de désirs.
A l'inverse, l'homme égoïste ramène tout à lui, il cherche comment il pourrait profiter de la situation. Il n'a pas suffisamment de recul pour voir la beauté du rosier, quand au coléoptère il ne le verra même pas, ou ce dernier lui fera peur, et il cherchera à l'écraser
Saisir le point de vue universel que nous représentons tous est la clef du Tao. Mais il est très difficile de s'établir dans cet état qui est celui de la non dualité. Notre ego est tellement ancré depuis que nous avons fêté nos 2 ans et que nous avons compris ce que représentait l'autre : un potentiel concurrent dont nous convoitons les jouets, que nous ne pouvons nous soustraire à ses bavardages et à son point de vue : les autres sont des étrangers. Pourtant derrière le regard de l'autre se cache le regard de l'Univers, le regard du Tao. Alors me direz-vous pourquoi ne reconnait-on pas le Tao à travers l'autre ? C'est que l'autre est d'ordinaire submergé par son ego. S'il
parle, c'est pour se mettre en valeur. S'il écoute, c'est pour apprendre quelque chose. Ainsi le regard du Tao est, chez l'autre, masqué par les désirs de l'ego. En outre, lorsqu'un Saint Homme s'exprime, l'ego de celui qui écoute parasite son message. Les conditions pour reconnaître l'expression du Tao chez l'autre sont donc très délicates.
Le point de vue de l'homme ordinaire peut varier entre celui du Tao et celui de l'égoïste. Cette alternance entre les deux points de vue est signe d'une plutôt bonne santé mentale. En effet, l'homme ordinaire oscille entre les deux états, il a des accès d'égoïsme comme il a des accès d'altruisme. C'est dans ces moments où il fait plaisir aux autres qu'il peut sentir ce que sont les ailes du Tao, comment le Tao rend léger. Alors, peut-être apprendra-t-il à faire plaisir aux autres pour retrouver cette légèreté et côtoyer le Tao sans rien attendre en retour. Tel est le point de vue du Tao.

vendredi 4 août 2017

Le Tao au quotidien

Vivre le Tao, c'est être sans désir, sans ego, sans aucun attachement, sans plus de mental que nécessaire et sans agir autrement qu'à l'instinct. Le tout dans une honnêteté naïve presque puérile. Le Tao est ce qui nous guide, mais comment suivre quelque chose d'indicible ? Et bien justement en s'effacent devant lui, pour qu'il devienne une évidence. Si aucun désir ne vous anime, si vous laissez votre moi de côté, si aucune cogitation ne vous habite, si vous n'êtes retenu par aucune possession, ni aucune fierté, il ne vous reste que la proposition du Tao, c'est à dire l'instinct. D'ailleurs,
classiquement, le Tao vous incitera à ne rien faire, car le Tao préfère l'économie à toute autre activité. Pour le Tao, l'homme sage est celui qui économise l'Univers. Et ceci commence ici et maintenant. Avec un peu d'entrainement, on repère assez vite les déséquilibres dans le monde qui nous entoure. En cette période de fortes chaleur, par exemple, ouvrir une porte pour créer un courant d'air, n'est qu'un geste anodin, pourtant, il permet à l'Univers de s'équilibrer localement. En réunion de travail il peut arriver que les collaborateurs soient obligés de conclure une affaire. Tout l'art consiste alors à faire formuler l'avenant par la partie adverse et se contenter d'être d'accord pour que l'affaire se conclue. Mais attention cette affaire doit aller dans l'intérêt du Tao et non celui de l'entreprise uniquement. Mais souvent ces intérêts pourront être communs. Si les intérêts du Tao et d'autrui ne sont pas communs, le Taoïste défendra le point de vue de l'Univers, au risque de perdre sa place dans l'entreprise.
Ainsi vivre le Tao, c'est savourer des instants où il ne se passe rien, et où l'on peut être en communion avec soi-même, avec sa conscience. Nous sommes les témoins vivants de l'Univers, c'est déjà énorme ! Cela devrait nous suffire ! Au lieu de cela, certains se plaignent  sans arrêt qu'ils pourraient avoir plus. J'étais de ceux-là il n'y a encore pas si longtemps. Je me disais : "ah si j'étais plus jeune... Ah si j'avais une plus grosse voiture... Ah si j'avais le courage de faire une marche... Ah si je réussissais à dormir un peu cette nuit..." Bref je me lamentais tout le temps au point de devenir franchement dépressif. Il faut dire qu'en réalité j'étais plein de désirs. La moindre occasion était bonne pour faire remonter un désir inassouvi. Et ça, je peux le dire maintenant, c'est une terrible souffrance. Car
c'est une souffrance qui mène à la dépression. Le désir est un cercle vicieux, le Tao un cercle vertueux. Mon Maître et ami dit : "l'Ego, c'est la maladie, le Tao c'est la guérison". En fait, il me fallait lâcher prise de mon Ego qui en voulait toujours plus.
Le Tao nous relie au reste du Monde, avec lui, on apprend à faire passer les intérêts communs avant ses propres intérêts. Avec lui, on vit cette relation intime entre soi et le grand Tout, rien ne peut être plus précieux. Lao Tseu dit du sage que sous des habits grossiers il cache un joyau. C'est exactement cela, le Tao, c'est la richesse intérieure, et on sait bien qu'elle surclasse toute les richesses matérielles.  

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