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samedi 28 décembre 2019

Un temps lointain...



Cela commence à faire un certain temps que je ne me laisse plus influencer par mon ego. Mon mental ne me dirige plus comme il avait l'habitude de le faire dans ce temps lointain. Car cela fait 15 ans maintenant que le Tao a frappé à ma porte. Sous la forme d'une vision tout d'abord, puis la révélation par l'entremise du Tao Te King de Lao Tseu. J'ai alors goûté aux délicieux récits de Tchouang Tseu et  Lie Tseu qui sont autant de mise en pratique du mystérieux principe de Lao Tseu.
Aujourd'hui, je peine à me remémorer ce qu'était ce temps où mes idées prenaient le dessus. Pour parvenir à mes fins, j'était capable de remuer ciel et terre. J'étais animé d'une volonté farouche pour le moindre désir. Ainsi en voiture mes désirs me poussaient à klaxonner à tout va et à arroser copieusement d'appels de phare les autres usagers de la route. Ma colère prenait le dessus dès que je faisait choir le moindre objet. 
Aussi, je trouvais que les choses allaient tellement mal, que la déprime me gagnait. On peut alors parler de karma. J'en demandait tellement au Tao (sans savoir qu'il existait), que je mettait en oeuvre tout un tas de relation de cause à effet, il était alors normal que l'élastique me revienne en pleine
figure.
A l'époque, à coups de livrets A, de voitures ou de maisons, j'accumulais péniblement les richesses, et la moindre rayure ou les travaux de rénovations me donnaient des boutons, j'étais attentif aux intérêts de mes livrets, bref comme nombre de mes concitoyens, j'étais addict à l'argent.
Pire, de mon point de vue, j'étais addict au savoir, je lisait science et vie, et essayait de retenir tous les articles dont la lecture pourtant me tombait des mains. Je pensait que le savoir était la clé pour comprendre le fonctionnement de l'Univers. Aujourd'hui je me rend compte que le Tao était la condition nécessaire et suffisante de ce qui ordonne l'Univers.
Par ailleurs, j'attendais tellement d'autrui que je ne me faisais quasiment aucun ami, c'était un peu le désert affectif.
Je n'étais pas contre les honneurs et la renommée, et je me voyais bien faire une découverte du type
du E=Mc2 d'Einstein.
Désormais (15 ans après) je n'attends plus rien des autres, du Tao, ni de moi-même. Et je suis émerveillé de ce que je vois et de ce que j'entends. Le Tao me gratifie de tellement de choses que je suis comblé. Oh bien sûr, il s'agit de petits riens, à côté desquels je serai passé immanquablement sans le Tao. Mais le Non-Désir attise le feu du merveilleux, et le Non Agir, qui exclue de s’enorgueillir de ses actes , préserve de la déconvenue.
Vu de l'intérieur, le contraste entre l'avant Tao et l'après Tao est saisissant. Vu de l'extérieur, il n'y a aucune différence, car le Tao n'a jamais cessé et ne cessera jamais d'exister. 
Et puis, pour moi, le monde sans Tao relève d'un temps fort lointain !

samedi 21 décembre 2019

Et bon TAO
à toutes et tous

Instinct



L'homme ordinaire est rarement instinctif, il réfléchit avant d'agir. En effet, face à une situation, il a l'habitude d'agir, aussi, il réfléchit juste aux moyens qu'il va mettre en oeuvre pour agir. Ceci a pour conséquence un manque de rapidité dans sa réaction, mais aussi une réaction emprunte de mental, qui n'est pas toujours, on le sait, le meilleur conseiller.
L'homme instinctif, qui est généralement le cas du vrai Taoïste, est à l'écoute de son environnement, mais aussi à l'écoute de son intériorité. Il soupèse en permanence l'équilibre qui s'opère entre lui et son environnement. Au moindre déséquilibre, il Non-Agit pour rétablir l'équilibre. En ce sens il agit à l'image du Tao qui favorise toujours le retour à l'équilibre. Et, ce faisant, il s'assure une dépense d'énergie toujours minimale.
Pas étonnant dès lors de voir les Taoïstes pratiquer le Qi Gong : art corporel qui consiste en une
succession de mouvements lents et harmonieux. Lorsque l'on pratique cet art, on peut fermer les yeux et sentir les mouvements se faire presque tout seul... C'est le Qi (énergie, souffle) qui opère... Instinctivement, par le cœur, les tripes, le cerveau, la respiration, on sent le mouvement qui suit, le corps suit naturellement le Qi.
A force de pratiquer cet Art, on apprend à devenir instinctif. Le mental se tait, il reste l'écoute, un état méditatif où l'esprit est avant la pensée. Et l'esprit s'accorde sur le Tao sans désir, sans agir. Dans cet état les motivations n'en sont plus, on est loin, très loin du désir. On n'a aucune motivation, non plus, pour agir. On suit le Tao tout simplement. Et le Tao, c'est presque rien, un souffle qui nous porte dans notre instinct.
Aussi, loin d'être grossier, l'homme instinctif fait preuve de la plus grande intelligence, celle presque animale du Tao. C'est que la nature, c'est l'intelligence même, et la nature est le fruit du Tao. On
dénigre souvent les animaux de ne pas avoir notre intelligence. Alors certes ils n'ont pas un mental aussi démesuré que le notre, mais ils ont souvent l'intelligence du Tao, l'intelligence de la nature, ce qui les met automatiquement au diapason de la Planète. N'est-ce pas là l'intelligence suprême ?Bien plus efficace qu'un grand QI (coefficient intellectuel qui n'est bien sur pas à confondre avec le Qi !).
L'intelligence de la nature, l'instinct, n'est pas toujours la plus immédiate, mais à long terme elle l'emporte sur l'intelligence humaine. Par exemple les organismes génétiquement modifiés (OGM) que tentent d'imposer l'homme ont généralement une durée de vie de l'ordre de celle de la société qui l'ont créé. Les mutations naturelles, elles sont testées par la vie elle même, et si elle sont viables, elles sont parties pour... l'éternité.
Aussi, je vous invite à avoir un comportement instinctif, intuitif et de suivre en  cela l'intelligence de la nature.

vendredi 13 décembre 2019

Ecologie


L'écologie est, je ne vous l'apprends pas, l'idéologie à la mode. Les politiques, de tous bords, revendiquent une action capable de sauver la planète ! Mais l'écologie a ses limites : quand nous aurons remplacé tous les moteurs thermiques de nos voitures par des moteurs électriques, que ferons nous de toutes les batteries que cela nécessite ? Et les pièges de la gestion de l'énergie sont nombreux. On peut par exemple tenir le même discours sur les panneaux solaires. Qu'en fera-ton lorsqu'ils seront hors d'usage ? Et que d'énergie dépensée pour les construire ! Bref, une action qui peut paraître bonne pour la planète sur le court terme, ne l'est pas nécessairement sur le long terme.
Avec le Tao, les choses ne sont pas vues sous le même angle. Celui qui suit le Tao ne se laisse pas influencer par la dernière tendance à la mode. Il suit son intuition tout simplement. Suivant son intuition, il suit sa nature. Et sa nature est en adéquation avec la planète. 
Ainsi, l'adepte du Tao est le roi des économies d'énergies, son Non-Agir est incomparable, il suit le vent, il ne va pas à l'encontre, et ce faisant, il économise toutes sortes d'énergies. S'il consomme trop, il lâche prise.
Si tous les habitants de la planète pratiquaient le Non-Agir, il est vraisemblable que plus de 80% de l'énergie consommée pourrait être économisée, permettant ainsi à presque toute la population de vivre
de l'énergie hydroélectrique, très peu polluante.
Le Tao par excellence suit l'écologie, on pourrait même dire l'écologie suit le Tao. C'est pourquoi le Taoïste que je suis est confiant dans l'avenir. L'homme ne peut pas indéfiniment aller contre le Tao. A un moment, la nature le rappelle à l'ordre.
Greta Thunberg est le porte parole de ce rappel à l'ordre, mais elle doit se méfier de ne pas être trop agressive, car l'agressivité n'est pas la méthode du Tao. Le Tao c'est au contraire la douceur, la discrétion. On le trouve lorsque l'on joue sur le registre de l'intuition. Et l'intuition "sent" le bilan énergétique du contexte dans lequel on se trouve. Et nous incite à aller dans le sens de cette énergie, à ne pas s'opposer.
Bilan énergétique nul tel pourrait être une définition du Tao. Aussi, le Tao est-il assurément une des clés de l'écologie. Et, sans le savoir, nombre de nos compatriotes ont déjà pris le pli du Tao. C'est heureux, car le destin de notre planète dépend de la discipline de l'humanité. Mais ce que dit le Tao, c'est que c'est dans le contexte de l'instant présent qu'il s'agit de Non-Agir dans le sens de l'énergie ambiante, pour s'économiser certes, mais aussi pour économiser la planète.
En suivant son intuition, on suit le Tao, en suivant le Tao, on sauve la planète, c'est aussi simple que cela. Le Tao est en accord avec l'écologie, et c'est plutôt une bonne nouvelle !
Les Chinois se sont de tous temps intéressés à l'énergie et au bilan énergétique. La notion de Qi est aussi vieille que le calendrier Chinois (4717 an) et ils sont maîtres dans l'art d'économiser le Qi humain. Leur reste à appliquer cette science à l'énergie de la planète ! Nous pouvons tous y parvenir...

Mais l'écologie n'est pas qu'une question d'énergie, il s'agit aussi de respecter la nature. Le Taoïste
vénère la vie sous toutes ses formes, au point qu'il se pose la question de savoir s'il est bon de tuer un moustique ? Aussi, il est inconcevable pour lui de massacrer la vie de la terre d'un champ avec des pesticides. L'emploi de ce genre de substance est pour lui un non sens.
Le bien être animal va lui aussi de soi. Bref, Tao et Nature étant presque synonymes, agir pour l'un, c'est agir pour l'autre. Ou plutôt Non-Agir pour l'un, c'et Non-Agir pour l'autre !

vendredi 6 décembre 2019

Liberté



La liberté n'est pas à priori le but du Tao, elle vient en prime. En effet, l'homme du Tao se comporte comme le Tao et suit donc son exemple, on a vu mieux en terme de liberté ! Il reste que le Tao incite à ne pas agir pour soi-même et à ne rien désirer. Et, on va le voir cette attitude libère l'homme.
En effet, ne rien désirer dédouane l'homme de ses désirs, et ce n'est pas rien ! Tout ou presque toute les actions du quotidien émanent d'un désir.  Exemple, il fait trop froid, j'ai le désir d'avoir chaud, résultat, je ferme la fenêtre et je monte le chauffage, en prime, j'écris une lettre au propriétaire pour qu'il refasse l'isolation de mon appartement. Si l'on regarde bien ces trois actions répondent au désir d'avoir chaud et elles sont faites dans la foulée l'une de l'autre, car le désir n'est pas satisfait. L'homme du Tao a froid lui aussi, instinctivement il ferme la fenêtre et met un pull, il a conscience de la présence du radiateur mais ne
s'en sert que si nécessaire et il n'écrira une lettre au propriétaire que si le froid perdure montrant un défaut d'isolation. Bien qu'il soit instinctif, l'homme du Tao a une réaction plus réfléchie, c'est que ce dernier n'est pas sous l'emprise de ses désirs. Si je fais tomber une fourchette en la mettant sur la table, peu importe sa destination qui était la table, peu importe ce désir, la fourchette est par terre, j'accepte cette réalité, et je la ramasse sans pester outre mesure. Le fait d'être sans désir libère de la volonté (du désir) que la fourchette soit sur la table et non par terre. Et cette libération du "Non Désir" est de tous les instants, car cela revient à accepter le moment présent indépendamment de ce qu'il advient. Finalement, ce qui nous entrave c'est notre  désir, c'est lui le dictateur, c'est lui l’oppresseur.
Ne rien désirer de la sorte conduit l'homme à une forte humilité vis à vis de sa condition, tout lui va, il accepte tout et il ne revendique rien car il sait que tout vient du Tao. Et il le sait parce qu'il a fait le lien entre le Tao qui est en lui et toute chose, il a fait le lien entre lui et autrui. Ou plutôt il a rétabli un lien qui n'aurait jamais du le quitter depuis sa naissance. 
Ce lien, c'est le Tao et tous les êtres sont frères et tous les biens sont à tout le monde. De plus étant sans désir, je n'ai de vues sur personne et je ne convoite rien. Seuls mes besoins sont à satisfaire. Ainsi, si je suis dans la jungle et que j'ai faim, je vais me confectionner un arc et des flèches, et je vais me mettre à l'affût d'un gibier et le Tao va se manifester m'indiquant la proximité de ce gibier, me donnant ainsi une chance de l'attraper. Mais le Tao est ainsi fait que le gibier sera lui aussi prévenu de ma présence et lui conseillant de détaler. C'est donc le plus attentif qui a des chances d'être vainqueur.
Le Tao est un lien ténu certes mais qui existe. Et c'est justement parce qu'il nous libère que le Tao nous offre un total libre arbitre. Nous sommes libre de tuer toute la famille sanglier, si tel est notre désir, mais nous savons au fond de nous même que ce n'est pas raisonnable, et qu'une bête suffira. C'est notre conscience qui est ici à l'oeuvre, et c'est au plus intime de cette conscience qu'oeuvre le Tao.  
Le Tao est un lien tellement faible, tellement vide pourrait-on dire qu'il laisse à chaque être le loisir de s’épanouir, libre à lui de succomber au désir ou pas, c'est le parfait libre arbitre. Celui qui suit le Tao sait qu'il n'est pas libre car il évite le désir, mais en retour de ce qui est au début une discipline puis qui devient une façon d'être il retire un bénéfice qui est de l'ordre de la transcendance. Car avec le Tao, il s'accorde sur la Nature, il se met au diapason et vibre sans compter. Alors bien sûr c'est au sacrifice de ses désirs et de ce qu'auraient pu être certains de ses actes (Tchouang Tseu aurait pu être ministre s'il n'avait préféré s'ébattre dans la boue) que l'homme suit le Tao, mais en retour il devient plus naturel, plus authentique. N'est-ce pas là la vraie liberté ?


samedi 30 novembre 2019

Naturel



Comment peut-on être le plus naturel ? Que faut-il ajouter ? Que faut-il enlever ? 
Certains vous disent, c'est ma personnalité qui doit ressortir. Ok, mais qu'est-ce que la personnalité ? Est-ce la force de caractère ? Ou est-ce une personne plus tendre qui se cache derrière ce caractère ? On entend souvent une petite voix prendre la parole et dire : je suis comme-ci, je suis comme-ça c'est cela mon naturel. Mais qui parle ? Qui a des vues sur ce que devrait être mon naturel ? Cette petite voix nous la connaissons bien ; c'est celle de l'ego. L'ego a des vues sur ce que nous devrions être, c'est l'un de ses désirs, et il dirige notre naturel.
Mais on sait bien que les choses ne se passent pas comme ça, et malgré les désirs de l'ego, c'est le naturel qui s'impose, sinon nous sommes malheureux. Parfois la façade que crée l'ego est très solide, et la personne à l'intérieur le vit très mal mais préfère ça à revenir au naturel car pour elle ce serait une faiblesse, une régression.
Pourtant, il est une voie qui mène à l'éveil. Une voie qui a été reconnue par des hommes simples comme vous et moi, peut-être juste un tout petit peu plus perspicaces comme par exemple Lao Tseu ou Bouddha. On parle notamment de la Nature de Bouddha ou du Saint Homme de Lao Tseu. Lorsque vous êtes totalement éveillé, votre nature est celle de Bouddha. C'est qu'en devenant le plus naturel possible, vous rejoignez l'universalité d'un Bouddha, vous rejoignez la nature du Saint Homme.

Et il ne faut pas croire que cela soit bien compliqué ou inaccessible ! Car ce qui gouverne ces "grands" hommes, ce ne sont pas des lois complexes, une grande moralité ! Non, c'est juste la Vertu de Lao Tseu, ou l'action juste de Bouddha, qui viennent naturellement... avec le naturel ! Il faut juste lâcher prise de l'ego et les pièces de votre personnalité se remettent en ordre. 
Aussi, lorsqu'on pousse jusqu'au bout le lâcher prise et que l'on devient 100% naturel, on s'aperçoit
qu'on ne désir plus rien d'autre que ce que veut la Nature, et, cerise sur le gâteau, la Nature ne veut rien, elle aussi est sans désir. Mieux, sa nature est celle du vide (vacuité chez les Bouddhistes, vide chez les Taoïstes) . Autrement dit, votre naturel est gouverné par rien ! Votre liberté est totale.
Aussi, on ne peut que conseiller à quiconque de tenter l’expérience du naturel, d'arrêter de croire ce que le mental a à vous raconter, et de lâcher prise de toutes les luttes dont sont faîtes notre quotidien. Ne laissez apparaître que vous-mêmes. Soyez fiers de vous mais en ne vous imposant en aucune manière. Harmonisez-vous avec les arbres autant que vous vous harmonisez avec vos proches.
Soyez spontanés ne vous embarquez pas dans des plans scabreux élucubrés par quelque mental en ébullition. Préférez les chose simples, qui coulent de source. Et surtout, soyez vous-même, c'est votre mission, c'est pour cela que vous êtes nés, il n'y a pas d'autre plan pour vous. Vous êtes la nature de Bouddha !  

samedi 23 novembre 2019

Au féminin



Bien souvent dans ce blog j'emploie des termes génériques tels que l'homme ordinaire, le saint homme, ou l'homme du Tao. Bien entendu cela s'applique aussi à la femme ordinaire, à la sainte femme, ou à la femme du Tao. Du reste, le Tao étant essentiellement passif, sa nature est plus proche de la femme que de l'homme. Il est donc un peu plus naturel pour la femme de rejoindre le Tao qu'il ne l'est pour l'homme qui doit pour cela vaincre ses désirs d'action.
Je suis parfois étonné de voir que mes lecteurs sur ce blog sont essentiellement des lectrice. Je leur rend hommage, car il est bien agréable d'avoir quelques lecteurs...
De fait dans la relation homme-femme c'est bien souvent la femme qui est passive, ce qui aiguise le désir de l'homme et le pousse à agir. C'est ainsi, la femme est par nature Yin tandis que l'homme est Yang. Dans le cadre de la maison, on verra donc la femme meubler et décorer chaque  pièce, tandis que l'homme sera relégué aux tâches de bricolage.  La femme remplit, l'homme agit.
Bien entendu, cette façon de voir les choses est caricaturale, tant le mélange du Yin et du Yang est présent dans chaque individu. Le Taoïsme pousse d'ailleurs chacun a l'harmonie Yin/Yang. Cet équilibre est au final celui du Tao, et donc celui de la femme tout comme de l'homme. L'équilibre Yin/Yang montre s'il en était nécessaire le rôle tout autant important que joue la femme par rapport à l'homme au sein du taoïsme. Ce qui est dommage, c'est que dans la répartition
des tâches, c'est plutôt l'homme qui écrit et la femme qui lit... Résultat, ce sont des hommes qui ont écrit les trois classiques du Taoïsme que sont le Tao Te King, le Tchouang Tseu et le Grand Classique du Vide Parfait. Mais nul doute que leur inspiration vient des femmes. Ainsi, peux-t-on lire dans le Tchouang Tseu que sa femme qui vient pourtant de mourir lui inspire bonheur et gaieté, et dans le Lie Tseu (le Grand Classique du Vide Parfait), une princesse découvre que le passage vers la mort n'est pas aussi terrifiant qu'il n'y parait. Bref, les femmes tiennent leur rôle et le Tao n'existerait pas sans la délicatesse, l'intelligence et la beauté féminine.
En fait, chacun a son rôle à jouer, car le Tao se conjugue à l'unité, pour chaque individu, mais il se conjugue aussi très bien à deux, dans le couple, à trois, ou a plusieurs dans la famille. Dans le cadre de la famille, c'est l'éducation par l'exemple qui enjoindra l'enfant à suivre ses parents et donc le Tao.
Le poète dit "la femme est l'avenir de l'homme" mettant en exergue son importance. Pour le Tao, la femme est définitivement le présent de l'homme. Car l'efficacité du Tao se conjugue toujours au présent, lieu de l'amour qui unit l'homme et la femme, qui n'est autre que le creuset naturel du Tao. En effet, les sensations amoureuses homme-femme ne sont pas éloignées et même identiques aux sensations que ressent la femme lorsqu'elle suit le Tao et s'unit à l'Univers. Aussi, sans l'équilibre entre la femme et l'homme, le Tao n'aurait pas de raison d'être.

samedi 16 novembre 2019

La vertu par le Tao (ou la voie), mode d'emploi



Lao Tseu parle peu des vertus des philosophes, ramenant celles-ci à leur simple expression et toutes peu recommandables. Par exemple une vertu comme la politesse ne grandit pas nécessairement l'homme mais peut l'enfermer dans un carcan stérile. En revanche, et nous verrons pourquoi, l'homme qui suit le Tao est poli de par la Vertu qui accompagne le Tao.
Le Tao est cette entité spirituelle plus ou moins mystérieuse qui accompagne tous les êtres sans restriction et qui renseigne avec une infinie discrétion chaque être sur ce qu'il convient de faire dans le contexte que lui propose la vie.
Pour atteindre le Tao et suivre la vie qu'il nous propose, il faut connaître ses attributs et tenter de l’imiter. Or, que nous dit Lao Tseu, qui l'a longtemps observé ? Le Tao est sans volonté propre, il
n'impose rien. Cette caractéristique, si elle est ramenée à l'homme nous contraint à être sans volonté propre nous même. Or l'envie de mettre en oeuvre une volonté, c'est ce qui caractérise notre ego. On en déduit que seul l'homme sans ego, ou qui efface son ego, ou qui lâche prise de ses volontés propres, bref, seul celui là sera suffisamment humble pour découvrir le mystère qu'est la volonté du Tao. Je dis mystère, car le Tao étant lui-même "sans ego", sa volonté est presque imperceptible. On dit (Lao Tseu dit) que le Tao est sans désir, ou plutôt fait preuve de Non-Désir. Chaque fois que nous parvenons au Nom Désir, une gratitude céleste s'empare de nous, et nous
sommes envahis de frissons, c'est que nous avons eu une attitude vertueuse digne de la Vertu avec un grand V dont nous parle Lao Tseu.
Par ailleurs le Tao fait preuve de Non-Agir. Et c'est vrai que nous n'avons jamais vu un homme chevauchant le Tao par dessus les nuages ! Non, le Tao ne fait rien de la sorte. Il ne fait rien d'autre que ce qui est possible, pas de miracle donc, sauf pour ceux qui ont l’œil exercé et qui suivent le Tao sans détour. Car ce dernier ne cesse de retourner à son équilibre, et il est tout à fait envisageable d'aider le Tao dans cette tâche. Un exemple pour que nous nous comprenions bien. Dans les arts martiaux on ne cherche pas à lutter contre l'adversaire, on étudie sa gestuelle et on se contente de l'accompagner vers sa chute. C'est à dire, on ne fait qu'aider le Tao a adopter une position d'équilibre plus basse que la précédente. Cela s'appelle le Non-Agir, et certains y voient des miracles
tant la force du Tao est efficace.
Humilité, Non-Désir, Non-Agir, nous avons là les trois clés de l'enseignement de Lao Tseu. Il nous reste à le mettre en pratique, mais on voit assez rapidement que ces conseils nous conduisent immanquablement à la Vertu de Lao Tseu, car ayant toujours la bonne posture face au contexte, on vit harmonieusement, et l'on ne manquera jamais de respect, ce qui, pour reprendre l'exemple du début nous rendra immanquablement poli.
Car la beauté du Tao, c'est qu'il est partout. Toute chose qui nous environne est emprunte du Tao. Si bien que si nous reconnaissons le Tao en nous, nous sommes chez nous partout. Seul l'ego de l'autre rompt le charme. Et souvent - presque tout le temps - nous devons faire face à des ego envahissants
que nous devons comme pour les arts martiaux de tout à l'heure les amener à reprendre le droit chemin. Et quelle bonheur nous envahi quand nous croisons un homme ou une femme qui suit lui aussi le Tao!
Ceci veux dire que le monde dans lequel nous vivons et non duel, et qu'un lien unique nous unit tous. Nous pouvons nous fondre dans le Cosmos, c'est ce que propose Lao Tseu, mais le Tao est tellement sans désir, que nous avons un réel libre arbitre et si nous en abusons, nous tombons tout de suite dans les travers de l'ego!
Lorsque l'on parvient à faire corps avec le Tao, et que l'on s'unit à lui, on meurt en tant qu'ego, mais on devient libre et immortel.

vendredi 8 novembre 2019

L'homme (la femme) idéal(e) selon le Tao



L'homme qui suit le Tao se confond avec l'Un de l'Univers. Ainsi il devient universel comme le Tao. Il se confond avec la Nature, il disparaît en tant qu'ego. Seul reste son naturel, ce qui est inné en lui. Il est libre comme l'oiseau dans les airs, car le Tao ne lui impose rien, c'est juste une invitation au bonheur, à la paix, à la sérénité.
Pour se départir de son ego, l'homme idéal doit être humble. Son humilité est de tous les instants, il prétend ne pas connaître le Tao, et du reste, qui le connaît ? Il vit en lui, et pas en dehors de lui. Il ne prétend pas connaître des myriades de choses lorsqu'il est en société, et il écoute patiemment l'autre pour l'aider à vivre ses moments de gloire. Il compatit.
L'homme idéal est comme le Tao : il n'attend rien, il ne veut rien, il ne désire rien. Et rien veut bien dire rien. Lorsqu'il travail au champ et qu'il plante une graine, il accueille la mauvaise herbe comme le plant de tomates , tout lui est égal, mais c'est avec gratitude qu'il recueille les fruits lorsque ceux-ci arrivent. Toutes les petites contrariétés de la vie sont effacées par son non-désir. S'il laisse tomber un objet par mégarde, il ne peste pas, car il sait que c'est ainsi que les choses sont, et en se baissant pour ramasser l'objet, il fait corps avec le Tao.
L'homme idéal ne se met pas en avant, il n'agit pas pour lui, il observe la façon dont procède le Tao. Et quand il comprend ce procédé, il va avec humilité dans ce sens. C'est ce que l'on appelle le non-
agir qui ne fait qu'aider le Tao, mais qui du coup en retire toute la puissance, toute la force. Et le procédé du Tao n'est pas bien compliqué à saisir. Car ne désirant rien, il s'agit d'un processus de retour. De retour à quoi ? De retour à la position d'équilibre. Par exemple dans le cas de l'objet tombé par mégarde, celui-ci est plus en équilibre par terre que sur la table. Un "retour" par terre est plus probable que l'étagère qui était sa destination "voulue". Cela ne veut pas dire qu'il faille tout laisser par terre, car l'équilibre peut parfois être sur l'étagère, c'est dans ce cas l'harmonie et la beauté du rangement.
Bref, l'homme idéal accepte les choses telles qu'elles sont, il lâche prise de toute volonté aussi légitime fusse-t-elle. Et les choses, pourvu qu'on les laisse tranquilles, s'organisent d'elle même. Parfois, le désordre sera trop grand et le Saint Homme remettra de l'ordre donnant ainsi un coup de pouce au Tao, mais dans l'ensemble la nature fait fort bien les choses, et si l'on attend un peu l'harmonie reprend ses droits. De toute façon l'homme idéal faisant corps avec le Tao agit pour que
L’œuf  est souvent pris comme symbole du Tao.
l'ordre c'est à dire l'équilibre règne.
Mais attention l'équilibre est celui de la nature, celui du Tao, et dans nos sociétés occidentales, nous marchons franchement sur la tête ! C'est pourquoi, lorsque le Tao prend le visage de l'homme idéal, ce dernier paraît souvent rustre parfois mal poli. C'est que lui voit les travers de l'homme ordinaire et qu'il ne peut que le laisser aller droit dans le mur de son ego. Il essaye de montrer l'exemple voilà tout. 

vendredi 1 novembre 2019

La pratique



Discuter pendant des heures du Tao, faire de la philosophie sur le non-désir et le non-agir, palabrer sur le rôle de l'ego, tout cela est fort intéressant mais ne nous fera pas avancer d'un pouce sur le plan spirituel. Car après avoir reconnu la philosophie, il s'agit de la mettre en pratique pour en récolter les fruits sur le plan spirituel.
Ainsi, le non-désir doit être mis en pratique en commençant par les gros désirs comme le désir charnel, en poursuivant par les désirs du quotidien comme l'envie d'une grosse part de gâteau, et enfin tout simplement en émettant aucun souhait sur ce que le monde devrait être et en acceptant tout simplement tout ce qui nous arrive, le bon, comme le mauvais. Un exemple très simple, en rangeant la vaisselle, je fais tomber un couteau, si je fonctionne avec le désir, mon but était de ranger le couteau dans le tiroir, mon objectif n'est pas atteint et je m'énerve car il va falloir que je me baisse pour ramasser le couteau. Si au contraire je suis empli de non-désir, j'accepte que le couteau tombe et je profite de ramasser ce couteau pour faire un peu d'exercice physique. Ne pas désirer me permet de voir le bon côté des choses et je reste "zen" quoiqu'il advienne. Mettre en pratique ce non-désir fait naître en moi une joie et une paix inaltérable.
Mettre en pratique le non agir est pour moi plus délicat. Il ne s'agit pas de ne rien faire et de tirer au flanc. Il s'agit d'observer le monde tel qu'il évolue (le Tao) et si nécessaire de l'aider à revenir à l'équilibre. Pour cela, il s'agit d'être vide de désir et de ne pas se laisser influencer par des meneurs. Il s'agit donc de faire fi des ego de toutes sortes et de voir où est l'intérêt de la nature. Et de ne rien faire contre. Mieux, lorsqu'une corvée se présente comme laver le sol ou faire la vaisselle, il vaut mieux agir, car ceci évitera à autrui de devoir le faire. En effet nul ne sait comment autrui réagirait face à cette corvée et il se peut que ce dernier la fasse en traînant la patte, ce qui serait dommageable pour le Tao dans sa globalité. On le voit, le non-agir, ce n'est pas se tourner les pouces. Il s'agit de lâcher prise de ses désirs et d'être à l'écoute du Tao.
Mettre en pratique le Tao, c'est aussi disparaître. Je veux dire par là ne plus avoir d'ego, se placer à la dernière place. Car cette place est la meilleure pour observer le Tao, et ainsi savoir quel
comportement adopter en fonction d'une situation. Ce n'est pas pour rien que Jésus déclare les premiers seront les derniers, et Lao Tseu tient le même langage. Il dit aussi qu'il faut être généreux, ne pas hésiter à donner ce que l'on reçoit du Tao. Et que ce faisant, on reçoit encore du Tao, ce qui nous permet encore de donner. C'est une sorte de cercle vertueux qui s'établit. Cercle que ne verra jamais l'homme égoïste.
La pratique du Tao doit nous amener à découvrir l'unité du Tao, dont nous ne sommes pas séparés. Nous ne sommes qu'une expérience de vie parmi la multitude des vies sur notre planète.  Et cette vie sur Terre (et probablement sur d'autres planètes) est UNE et n'a pas fini d'évoluer. Elle représente l'immortalité du Tao.

samedi 26 octobre 2019

Satori



J'emprunte le terme de Satori au Zen japonais. C'est un juste retour des choses car le Zen japonais vient du Tchan chinois qui lui-même vient du mariage du Tao chinois et du Bouddhisme indien ! Ainsi, le Satori est une brève mais décisive prise de conscience. Les japonais qui ont tendance à tout relativiser (ce qui est une qualité) disent du Satori : "avant le Satori, les fleuves sont des fleuves, les montagnes sont des montagnes, pendant le Satori, les fleuves ne sont plus des fleuves, les montagnes ne sont plus des montagnes, après le Satori, les fleuves sont de nouveau des fleuves, les montagnes sont de nouveau des montagnes." Les japonnais indiquent par là que la prise de conscience s'inscrit dans un temps relativement court pendant lequel l'Univers est transcendé.
Il existe plusieurs sortes de Satori, sur lesquels on ne peut pas toujours mettre de mot. C'est une expérience qui se vit individuellement. J'en ai personnellement vécu des petits comme le rôle du Non-Désir puis, bien plus tard, le rôle du Non-Agir.  Et j'en ai vécu un grand avec une vision du "Bouddha Bleu". Une caractéristique de ces Satoris est qu'ils se font malgré vous. Vous êtes certes dans un état d'esprit favorable, mais la révélation vient soudainement sans que vous vous y attendiez. C'est comme
un don du ciel. Après ma vision du Bouddha Bleu, les fleuves n'étaient pour moi, clairement plus des fleuves, et les montagnes plus des montagnes. Il m'a fallu plusieurs semaines pour m'en remettre ! La vision en elle même courut sur une soirée. Avec  des effets de vague (petites visions) tout le weekend.
Le Satori vous révèle une vérité d'une manière bien différente de la leçon d'école. Car cette leçon vient de vous-même, de la vérité qui est au plus profond de vous. Cela vient de la vérité qui est en vous et qui n'est autre que le Tao. Cette vérité vibre jusqu'au fond de vous même, et voilà pourquoi elle a un impact décisif. En un mot : le Satori. 
Nombre de ces Satoris sont venus pour moi de lâcher-prise successif. On l'a souvent dit, le Tao opère par un retour à l'équilibre. Aussi, lâcher prise de ses propres croyances permet au Tao de vous montrer la vérité dans toute l'humilité qui accompagne l'apprenti Taoïste. Après un Satori, la connaissance est ancrée d'une façon quasi irréversible, car le Tao est Un et il ne peut en être
autrement. Cette connaissance rejoint alors la connaissance Universelle. Et il faut une bonne dose d'humilité pour ne pas être tenté de faire du prosélytisme. Ceci n'est possible que lorsque l'ego a disparu et qu'il s'est dissout dans le bonheur de vivre par le Tao.
Le Satori n'opère pas sur l'homme ou la femme égotique, et c'est tant-mieux car la révélation risquerait d'éblouir de façon dommageable la petite personne qui vit dans le refuge de son être. On le voit, l'esprit humain est bien fait. Il n'agit pas sur l'homme ordinaire, et il éclaire l'homme sans ego. Et l'homme libre n'est pas celui que l'on croit. Car même pourvu d'un ego,  l'homme doit au final se soumettre au Tao. Et celui du Tao possède la liberté du Non-Désir. Car le Tao, sans désir n'impose rien à l'Univers, en tous cas rien d'autre que le retour à l'équilibre.
Puisse de nombreux Satoris éclairer votre route !

vendredi 18 octobre 2019

Les biens matériels



Nous possédons tous des biens matériels : un stylo, un téléphone portable, un ordinateur, et pour certains une auto ou une maison. Nous nous attachons plus ou moins à ces biens. Il n'y a qu'à voir comme nous sommes dépités de ne pas parvenir à mettre la main sur notre stylo -mais où est-il donc passé ? - . Il n'y a qu'à voir notre mine si nous perdons notre téléphone portable ! Même chose si le disque dur de notre ordinateur plante. Comment supporter une rayure sur une voiture toute neuve ? Enfin, le locataire ne verra même pas le dégât des eaux en provenance de l'appartement du dessus tandis que le propriétaire n'aura de cesse que ce dégât soit réparé. On le voit, le propriétaire d'un bien matériel s'attache à ce bien au point que souvent sa vie en dépend. Et il va modifier sa vie en tentant de recouvrer son bien coûte que coûte !
Le Tao offre au sage une attitude bien différente. En effet, le sage ne s'attache à rien, il se libère de tout attachement. Et à fortiori des biens matériels. Ceci le rend particulièrement libre. Il est libre de tout attachement, mais aussi de tout désir. Ainsi, il
ne manifestera aucun souhait par rapport à tel ou tel bien nécessaire, il se contentera de l'utiliser pour parvenir à des fins qui ne sont pas les siennes mais celles du Tao, et cela tombe bien, car le Tao, comme lui, étant sans désir, il n'aura que peu de fois à intervenir, pratiquant ainsi le Non-Agir.
Mais l'attachement aux biens matériels n'est pas le seul à nous faire souffrir, nous sommes aussi attachés à nos proches. Ainsi, Tchouang Tseu fut fort affecté par le décès de son épouse. Pourtant quelques heures plus tard ces disciples voyaient notre ami Tchouang Tseu chanter et battre la mesure sur des écuelles comme si un événement heureux venait de se produire. C'est que Tchouang Tseu eut vite fait de relativiser les événements sans s'attacher à aucune sorte de forme. Sa femme n'étant plus, elle venait de rejoindre le sans forme qui était le sien avant sa naissance. Dès lors, pourquoi s'attacher à sa présence ou à son corps qui ont rejoint le sans forme.
On le voit le détachement du Sage peut aller très loin. C'est dans un total lâcher-prise que s'opère ce détachement. La seule chose à laquelle se rattache le Sage est le Tao, et ce dernier, étant sans désir et sans agir n'offre que très peu de prise. Ainsi, le Sage Taoïste se laisse filer au grès des courants de la vie, ne faisant rien d'autre que de favoriser les mouvements du Tao qui tendent à rendre à la vie un équilibre yin/yang toujours plus parfait. Dans ce cadre, la perte d'un bien matériel n'affecte que celui qui attachait de la valeur à ce bien, elle ne perturbe pas l'équilibre yin/yang de la vie.
De plus, le Tao et son retour à l'équilibre sont ainsi faits que si une action s'avère utile pour revenir à cet équilibre, le bien nécessaire sera mis entre les mains du Sage (ou de toute autre personne présente) , rendant ainsi son action spectaculaire. Ce qui distingue le Sage d'une autre personne c'est le fait que contrairement à ce dernier, il ne se ventera pas d'avoir fait une bonne action. Un exemple de ce type d'action est le sauvetage en mer à l'aide d'une bouée. Le Sage agira vite mais dans l'ombre. L'humilité caractérise le Sage et le Tao en général.
On peut tenir le même discours au sujet du Savoir, combien de gens s'y réfèrent et s'y accrochent ! "Le sage, lui, fait de son étude le non-savoir" (Lao Tseu).


samedi 12 octobre 2019

Le Un est Tout



Le Taoïsme est une religion non dualiste. Le Tao est dans Tout, Tout est le Tao. De ce fait il est facile de parler du Tao; il suffit de décrire n'importe quel objet ou n'importe quel être, mais la description n'est jamais totale car le singulier n'égale jamais le global. Il est facile de décrire une vague de la mer, mais il est impossible de décrire l'océan tout entier. Et cela est encore plus dur pour un poisson qui vit dans l'océan. 
Comme le poisson, pour la mer, nous vivons dans le Tao, il nous est donc presque impossible de ressentir le Tao ; nous n'avons rien connu d'autre. Cependant, nous sommes traversés par le Tao, et c'est dans notre intériorité que nous pouvons sentir cette étincelle, ce feu de vie qu'est le Tao. Ainsi, en pratiquant la méditation, il n'est pas rare d'être le témoin de ce dont est capable le Tao. Voyages à travers l'Univers, communication avec des sages,
vision de paysages merveilleux... C'est de cette manière que l'on peut se convaincre du bien fondé du Tao.
Dans les religions Judéo-chrétiennes, on essaye, et on parvient à communiquer avec Dieu, qui par exemple au travers d'Adam, de Moïse, ou mieux de Jésus ou encore Marie, sont présents dans notre intimité et nous permettent de nous connecter avec le divin. Avec le Tao, il n'est pas nécessaire d'établir cette connexion, car le Tao lui-même est la connexion vers l'essentiel.
Si Un est Tout et Tout est Un, alors chacun de nous, mais aussi chaque être, chaque objet est relié à l'autre par le Tao. Et comme pour l'océan, cette relation est presque imperceptible. Mais elle existe. Elle est d'autant moins perceptible que le Tao n'agit point et ne désire point. Il n'y a pas d'autre but que le notre ! C'est pourquoi, celui qui veut percevoir le Tao doit s'armer de Non-Agir et de Non-Désir. Dès lors, il s’apaise et rejoint le calme nécessaire et suffisant pour percevoir le Tao.
Si le Tao était doté d'un agir ou même du moindre désir, le monde tel que nous le connaissons serait transfiguré, car certains iraient à l'encontre de ce désir fondamental et s'épuiseraient. Sans désir, le Tao autorise à chacun de réussir. Mais le plus sage est encore de suivre le Tao en étant sois-même sans désir. Ne pas lutter, tel est le credo du Taoïste, d'ailleurs cette posture est celle des arts martiaux Chinois qui exploitent l'énergie de l'adversaire sans tenter de le contrer.
Pour l'individu que nous sommes, il est très difficile de bien comprendre ce qu'est la Non-Dualité, car il faut justement renier notre individualité pour espérer saisir toute la puissance du Tao. Par conséquent le Taoïste se fond dans la masse, en reniant ses désirs et en se défaisant de ses actes, il devient de plus en plus humble, au point de se défaire de son moi, de son identité propre, qui passe derrière tout le reste. Comme le dit Lao Tseu, la dernière place est celle du Taoïste. Et le miracle est que cette place n'est pas la plus inconfortable !   Sauf pour celui qui conserve un fort ego.
Aussi, vouloir quelque chose, se tendre vers un désir, c'est nager à contre courant dans l'océan du Tao. C'est contredire l'Unité de l'Univers. Au contraire, ne rien désirer, ne pas agir, c'est suivre les flots du Tao dans le grand océan de la vie.

samedi 5 octobre 2019

Harmonie



Tel un arbre majestueux aux longues branches au bout desquelles naissent des fleurs parmi les feuilles, le Tao est l'harmonie qui relie les êtres. Cette savante alchimie qu'est la nature fait naître l'harmonie de notre Univers. Les êtres et les objets sont faits pour s'harmoniser ensemble et non pour lutter les uns contre les autres. Telle est la leçon de vie que nous donne le Tao. Un lien commun nous unit et suivre ce lien nous offre une vie menée dans la perfection de l'art. Car le Tao n'a pas d'autre but que notre accomplissement notre épanouissement. Ainsi le Saint Homme sous ses aspects bruts est en parfait accord avec lui-même, avec la nature et avec son environnement, il incarne la perfection.
La perfection en matière de Tao n'est autre que l'harmonie. Chaque être joue sa partition, et s'il va dans le sens du Tao, cela sonne juste. A l'inverse celui qui lutte contre les êtres ou les objets va à l'encontre du Tao et cela sonne faux. Le Taoïste pousse l'art de s'harmoniser en pratiquant le non agir.
Ainsi, sa participation à la symphonie cosmique n'est autre que le silence, qui s'harmonise au mieux avec les notes de tous les êtres. Il ne va pas à l'encontre du flux cosmique, il lâche prise et suit aveuglément le Tao.
Occupé à suivre l'harmonie du Tao, il n'a aucun désir personnel. De la sorte, il ne peut se retrouver en contradiction avec le Tao, et sa partition est toujours juste. C'est pourquoi il participe volontiers aux projets petits ou grand de ses semblables et le fait en accordant le projet au Tao. Pour ce faire, il ne prend pas la direction ou le commandement, mais se met à la place du plus petit ouvrier du chantier. De la sorte il peut agir en profondeur, si nécessaire.
Prendre la dernière place est souvent la meilleure pour côtoyer le Tao.
Cette harmonie qui caractérise le Tao se concrétise souvent par une certaine transcendance ou devrait-on dire une transcendance certaine. Le fait que la dernière place devienne la première en est une simple illustration. Lorsque tout sonne juste, que votre partition est juste, les frissons ne sont pas loin ! La transcendance a des effets physiques psychiques et psychologiques. Cela se traduit par une
certaine joie, de la bonne humeur et favorise une bonne santé. Dans tous les cas (taoïste ou non taoïste) le Tao vous gratifie pour votre juste contribution à la symphonie cosmique, alors autant le faire consciemment, en suivant le Tao.
L'homme ordinaire cours après les richesses, les honneurs, le savoir. Pourtant toutes ces richesses, qu'elles soient matérielles ou non appartiennent à l'Univers, aussi touts les objets, qu'ils soient ordinaires ou précieux sont la "propriété" du Tao. A ce titre, tout le monde peut les revendiquer. C'est la loi de l'homme qui divise les biens et attribue leur répartition.  Même le savoir est mauvais à accumuler. En effet, le Tao unit toute chose et par ce biais vous gratifie de l'attitude à adopter pour chaque situation et ce de manière intuitive, instantanée. Dès lors à quoi bon mémoriser un savoir qui vous sortira de l'instant présent ?


vendredi 20 septembre 2019

Partager la voie



Combien sommes-nous à tenter de suivre la voie tracée par Lao Tseu ? Combien sommes-nous en occident ? Sans doute un pourcentage inférieur à 1 pour mille ! Combien sommes-nous en orient ? A peine plus ! Moi-même, je me surprends quotidiennement à quitter la voie et à revenir à des fondements plus égotiques. C'est que suivre l'humilité que demande le Tao nécessite de se détacher de tout, et dans notre monde rempli par les objets et la technologie, c'est loin d'être évident. Pourtant, la voie tracée par le vieux sage est la plus évidente, car c'est celle de la nature, c'est celle toute tracée du lâcher prise, et le naturel revient au galop dit-on ! 
Alors comment, nous qui sommes convaincus des bienfaits du Tao, partager notre savoir (peut-être devrais-je dire Non-Savoir) avec autrui. En exposant les vertus de la voie ? Mais la voie a une vertu unique changeant avec le contexte, aussi tenter de la saisir "au vol" est peine perdue car cela ne sera
plus applicable l'instant suivant, et encore moins à votre interlocuteur...
D'ailleurs, je vous met au défi de parler du Tao avec un inconnu dans la rue, il vous traitera de fou, et au mieux s'écartera de votre chemin.
Non, ce qui est possible, praticable, c'est de montrer l'exemple, s'émerveiller des trésors dont regorge la vie. Louer le Tao de nous avoir permis de vivre une vie si riche en expériences de toutes sortes. Se réjouir, se réjouir et se réjouir encore de faire partie de cette unité fondamentale qu'est le Tao, qui lui est immortel. 
Certains vous envierons sans doute d'être toujours de bonne humeur. Cet exemple peut porter ses fruits. Malheureusement l'inverse est parfois vrai. Vivre parmi des gens égotiques est susceptible de miner le moral au plus placide des taoïstes.
Alors que faire ? Vivre en communauté Taoïste n'est pas une solution, car elle nous coupe de notre vie naturelle qui est celle du "vrai" Tao. Non, il faut reconnaître la rareté du Tao, son excellence, même si il se met à porté de tous. Et se réjouir quand une idée simple fait son chemin. 
Un jour, c'était veille de Noël, ma tante demanda a l'assemblée : "qu'est-ce qui vous semble le mieux dans la vie ? " Et comme personne ne lui répondit, elle dit : "Ce qui est le mieux, c'est de désirer un rêve de tout mettre en oeuvre pour qu'il s'accomplisse et d'en profiter." L'apprenti Taoïste que je suis ne fit qu'un tour et déclara : " Non, il vaut mieux ne rien désirer, laisser les choses s'accomplir et s'en émerveiller". Ce soir là ma petite remarque fit son effet, et des rires soutenus jaillirent dans la salle. Malheureusement, il est probable que l'effet ne fut que de courte durée.
Contre l'homme égotique, la bataille avec le taoïste est perdue d'avance, car l'égotique ne veut en aucun cas descendre de son piédestal et laisser la part belle au Tao ! C'est que pour l'égotique, le
savoir est tellement dur à acquérir, que le laisser filer en direction du Tao est une infamie. Du coup l'égotique se renferme dans ses convictions et coupe court à toute discussion.
Aussi, partager la voie ne peut se faire qu'avec des gens qui on déjà l'envie de suivre une voie. En effet, les voies de sagesses se recoupent et convergent vers l'humilité. Et chacun trouve son bonheur dans les sagesses décrites dans les diverses traditions.
On ne peut qu'admirer les écoles, comme celle que Bouddha a su mettre en oeuvre... Chez nous, occidentaux, cette démarche semble peine perdue. 

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