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vendredi 30 août 2019

Wu wei



Wu wei ou encore le Non-Agir est un des piliers de l'oeuvre de Lao Tseu.
On pourrait croire qu'il s'agit de ne rien faire, de traîner la patte, d'être fainéant ! Mais pas du tout ! Le Saint Homme observe le Tao et voit qu'il procède par un retour à l'équilibre sans rien faire. Ainsi en ne faisant rien, le Saint aide le Tao à s'accomplir. Par exemple le Saint plante une graine, et laisse la nature faire l'arbre. Le Saint Homme ne s’enorgueillit surtout pas du résultat qui est le fruit du Tao à la croisée de la nature et de lui-même. Tout est Tao, seuls (et ils son nombreux) les ego s'en écartent. L'homme égotique a des désirs, des envies, des projets. Ceux-ci sont indépendants du Tao, et parfois il s'épuise à aller contre le Tao. Parfois, au contraire, tout lui semble facile, c'est

qu'il va dans le sens du Tao sans le savoir. Et lui, de s'enorgueillir, "vous avez vu ! Fastoche !" s’appropriant ainsi le fruit du Tao. 
Le wu wei dit : il ne sert à rien de lutter. Ainsi dans les arts martiaux Chinois on ne lutte pas contre son adversaire, on l'observe développer son énergie, on la canalise pour "l'aider" à chuter, et cela avec un minimum d'effort. Les moines des temples Shaolin son passés maîtres dans ce type d'exercices. Observant le Tao, ils ont développé nombreuses autres figures d'évitement.
Celui qui a vaincu son ego fait ce qu'il peut en harmonie avec le Tao. C'est pourquoi, lorsqu'une corvée se présente alors qu'il est en société, il n'hésite pas à en prendre la charge. Il sait en effet que lui le fera en harmonie avec le Tao, tandis que l'homme ordinaire risque de pester et de s'en prendre à la
 Terre entière.
Ainsi, le Saint Homme fait équipe avec le Tao, il s'harmonise, mieux il s'unit. Et cette union est en fait une retrouvaille, car seuls ses égarements égotiques de jeunesse l'avaient éloigné un temps du Tao. En effet le petit enfant naît par le Tao et baigne dans le Tao dès son plus jeune age. Pour avoir une idée du Wu Wei, il suffit d'observer la manière dont procède un nourrisson pour que tout tourne autour de lui... l'art de ne rien faire !
La spontanéité du Saint Homme est un point clé du Wu Wei car le Tao agit dans l'instant présent. Aussi, celui qui souhaite aider et suivre le Tao doit se rendre totalement et instantanément disponible, en un mot : spontané. Par cette spontanéité émane de lui un naturel profond, le Tao ne dénature pas, il révèle, il met en valeur, mais sans excès.
J'ai longtemps eu du mal avec le Non Agir, qui me semblait mystérieux par rapport au Non Désir. C'est que je ne comprenait pas bien les enjeu de l'ego. Dans le Non Agir, il s'agit de faire en s'effacent devant autrui. Il s'agit de lâcher prise et surtout de sa propre personne, de son propre ego. Bref ne pas avoir de désir de grandeur. L'humilité du Saint
Homme est donc un autre point clé du Wu Wei. Il faut bien comprendre que le Tao, et par voie de conséquence le Saint ne peuvent se prévaloir de leurs œuvres car la pierre angulaire de tout acte de retour est le vide, et rien n'est plus humble que le vide.

vendredi 16 août 2019

Etre présent



Nombre de philosophies dont celle de  Lao Tseu recommandent de vivre dans le présent. Mais pour nous occidentaux qui vivons avec nos soucis et tracas quotidiens, il est très difficile de ne pas nous laisser prendre par nos pensées et ainsi laisser filer le présent et toutes les leçons et délices qu'il est prêt à nous offrir !
Pourtant, je connais deux exceptions à ce triste constat. La première c'est le petit enfant (de six mois à cinq ans) qui est entièrement ouvert à toute nouvelle expérience, très attentif et réceptif à tout ce qui se propose à lui. Il est partant pour tout, et s'il n'obtient pas ce qu'il désire il hurle à la mort ! C'est que le désir est déjà présent en lui et le fait déraper... Mais qui pourrait en vouloir à un gamin de cinq ans. Aussi, on lui passe ses caprices, d'autant que vivant dans le présent, il passe très rapidement à autre chose.
La deuxième exception est le fou. Je vous parlerai de celui que je connais bien : le bipolaire dans ces phases d'euphorie. Le bipolaire oscille entre deux phases : l'une de déprime sévère allant jusqu'à l'insomnie complète sur plusieurs semaines, l'autre d'euphorie que je vais détailler. En phase de
déprime le bipolaire est constamment dans ses tracas et soucis, il se demande ce qu'il pourrait bien faire pour aller mieux il désirerait tant aller mieux qu'il est en pleine spirale vicieuse liée au désir. Il n'en a bien sûr pas conscience et sombre dans les bas fonds du désir. Il est très difficile pour lui de sortir de cet état où il se donnerait volontiers la mort s'il était suicidaire. 
Pourtant, les saisons passent et arrive le printemps, l'humeur change et le désir se fait moins fort. Le bipolaire commence à reprendre goût à la vie. Petit à petit il s'intéresse de nouveau aux petits détails qui rendent la vie agréable. Et il y est beaucoup plus sensible que l'homme ordinaire parce qu'il en a été privé pendant toute sa phase de déprime, qui est saisonnière mais qui peut parfois durer plusieurs années. Il va alors tenter de vivre pleinement l'instant présent. Et ainsi, si lui est pleinement dans l'instant, ses proches
vont croire qu'il passe du coq à l’âne et le trouver très incohérent. Le pire est que le bipolaire n'est pas nécessairement exempt de désir, et va donc s'irriter facilement sur ce qui le contrarie. Il va alors partir dans des discours proches de la logorrhée rendant son entourage encore plus confus. 
Le bipolaire, c'est un petit enfant de cinq ans qui a quarante ans ! Ça fait désordre, et ça finit à l'asile psychiatrique.
Pourtant, dans ces phases de communion avec la nature le bipolaire engrange une expérience très forte qui le marque pour le restant de ses jours. On peut dire qu'il vit l'instant présent au point de s'y brûler. Si l'on pouvait vivre l'instant sans se brûler auprès du désir. Ce serait sans doute ça l'éveil !
Alors essayons de vivre l'instant sans en abuser dans un doux amour de la vie, en communion avec le monde. C'est un juste milieu à trouver : l'art d'être présent.  

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