Language

samedi 28 avril 2018

Le Tao: la voie


Le mot Tao inventé par Lao Tseu, il y a 26 siècles a pour signification la plus proche "la voie". Il ne s'agit bien évidemment pas d'un chemin carrossable ni même d'un chemin impraticable mais bien d'une voie de progression spirituelle. Dans les valeurs préconisées par Lao Tseu on retrouve bien placée l'humilité. La non dualité est aussi soulignée "considérez le beau... voici le laid!" Le Tao est aussi décrit comme insondable, mystérieux. On ne peux le décrire ni par la parole ni par l'écrit. Alors comment faire pour le cerner ? Comment faire pour progresser sur la voie ?
Lao Tseu nous donne son ressenti sur la question : Dans le monde dans lequel il vit, tout le monde semble très bien savoir où il va, lui seul ère comme le nouveau-né sans but. Il faut dire que Lao Tseu n'a aucun but, aucun dessin, il est sans désir. Et il a mis en pratique cette posture, il l'a mise a l'épreuve à l'extrême au point de ne plus avoir de volonté propre. Si aujourd'hui on peut lire le Tao Te King, c'est tout simplement parce qu'un garde barrière de la frontière ouest de la Chine du 6ème siècle avant J.C. a demandé à Lao Tseu de coucher par écrit les secrets de sa sagesse pour le laisser passer. Le Tao Te King n'est en aucun cas une volonté propre de Lao Tseu.
Pour progresser sur la voie, nous devons nous inspirer de Lao Tseu, nous devons, comme lui, être sans désir propre. Au début, nous allons identifier quelques gros désirs comme le sexe, la gourmandise ou la surconsommation, et au final, nous serons nous aussi comme le nouveau né, sans but.
Pour progresser encore, nous devons agir par non-agir. C'est à dire que nos actes doivent être humbles et que nous ne devons nullement nous en glorifier. Si l'on regarde de près, le Tao n'a nul désir aussi évolue-t-il par lâcher prise, par équilibrage des choses, Lao Tseu calque son action sur celle du Tao, il non agit, il n'agit jamais pour lui-même. Cette non-action appuyée sur le Tao est
durable. A l'inverse l'action égotique ne résiste pas au temps.
Aussi, celui qui souhaite suivre la voie, qu'est le Tao, doit réduire et réduire encore son ego. Lao Tseu nous a donné le mode d'emploi pour mettre en oeuvre cette pratique : réduire ses désirs pour parvenir au non-désir, et mesurer ses actes pour parvenir à l'altruisme du non-agir.
Ainsi, on apprend à devenir sans but, neuf comme le nouveau-né, une émanation pure de la vie sur Terre, un bras véritable prolongement du Tao. De la sorte, il y a fusion entre l'individu et la voie, le vécu est alors extraordinaire, c'est ce que les spiritualités nomment l'éveil, cela ne doit en aucun cas devenir un but.

samedi 21 avril 2018

Une vie simple


Le bonheur ne vient pas ni des richesses, ni des passions auxquelles on peut vouer sa vie. Et ce même si cela peut donner l'impression d'être "plus vivant". L'homme du Tao est heureux parce qu'il accepte une vie simple. Il s’émerveille d'un lever ou d'un coucher de soleil, d'un oiseau qui s'organise dans un buisson, un rien le captive. Et pourtant, paradoxalement, il n'est captivé par rien. Cela me rappelle cette histoire de Tchouang Tseu que je cite de mémoire :
Tchouang Tseu se promène dans la nature (son activité favorite) et il repère une mente religieuse dont l'attention est captée par une mouche posée sur une branche. De la sorte, la mente religieuse attire l'attention d'une pie qui elle même attire l'attention
d'un chat. Captivé par toutes ces observations, Tchouang Tseu ne voit pas arriver le garde chasse qui le soupçonne de braconnage ! Ainsi l'homme du Tao vit l'instant présent mais ne doit pas se laisser absorber par une quelconque passion. Telle est la leçon de ce passage du Tchouang Tseu. 
Pour le Taoïste, la vie s'écoule simplement sans qu'aucun événement ne prenne le dessus sur l'autre. L'esprit reste alerte prêt à accueillir la vie comme elle vient. Et ce, sans minimiser ni amplifier l'instant présent. Le Taoïste reste neutre. C'est sa force tranquille qui le rend paisible et l'emplie d'un bonheur simple.
L'homme du Tao ne se soucie pas de l'avenir, en effet, si aujourd'hui le Tao est à l'instant t, demain ce sera ce même Tao qui sera à l'instant t+1. Il y a donc de fortes probabilités que la vie simple qu'apprécie le taoïste soit tout aussi appréciable dans le futur. Et du reste, l'homme du Tao s'accommodera des changements, puisque c'est l'univers et donc le Tao qui l'exige. Bien sur, ce qui fait la neutralité du Taoïste, c'est le fait d'être sans désir, sans attachement. Et lorsqu'il fait quelque chose, il ne le fait pas
pour lui, mais pour la grande communauté des êtres vivants et leur environnement. On dirait aujourd'hui qu'il oeuvre pour la planète, sans en être militant. Lao Tseu dit qu'il oeuvre par le Non-Agir. Cela rend la vie simple car on n'exige rien de soi-même, les exigence viennent du Tao, qui lui-même n'exige rien. Il ne reste presque plus rien à faire, on peut alors s'adonner à la contemplation.
L'esprit du taoïste est à l'image de sa vie, son mental ne s’emballe pas, semblable à ce qu'il est lors de la méditation; paisible C'est cette paix intérieure qui le rend simple et heureux. C'est le joyaux recouvert d'un manteau grossier dont nous parle Lao Tseu.

samedi 14 avril 2018

Ne pas jouer sur les mots

En spiritualité comme en tout, un chat est un chat, il n'est pas la peine de jouer sur les mots. Par exemple l'ego, certains dise qu'il existe le vrai et le faux ego, seul le faux étant "mauvais". Or par définition, l'ego se manifeste lorsque l'individu agit pour son intérêt personnel. Bien sur, l'intérêt personnel peut rejoindre celui de la communauté, voire même de la planète et dans ce cas, le Tao n'est pas bien loin, mais la plus-part du temps l'intérêt personnel est à court terme et va à l'opposé de l'intérêt universel, c'est le travers de l'ego. Alors, lorsque l'individu agit pour le bien de tous, on pourrait peut-être parler d'ego, mais selon moi, il vaut mieux parler d'altruisme. 
Nourrir son ego est, qu'on le veuille ou non, dangereux pour son équilibre physique et psychique.Il convient de vivre avec un égo réduit au minimum, c'est à dire faire passer ses intérêts au minimum du possible. Cela ne veut pas dire vivre sans intérêt, mais se mettre totalement au service du Tao. Souvent cela veut dire se mettre au service des autres, mais pas toujours. Je me souviens d'un jour où j'ai fait valoir les intérêt des étudiants devant les intérêts d'un collègue qui voulait à tout prix informatiser des tracés de courbes très importants en électronique. Voyant qu'il allait supprimer ces tracés dans une série de Travaux Pratiques fondamentaux, je l'ai violemment stoppé dans sa démarche en frappant du poing la table et en criant (le mot n'est pas fort) : ARRÊTE ! C'était le cri du cœur, même pas le mien, c'était une voix qui s'était imposée à moi, presque irrationnelle. 
L'autre mot qui fâche parfois est celui du désir. Peut-on vivre sans désir ? Bien sûr que non ! En revanche on peut par le biais de la conscience, observer ses désirs et choisir de ne pas les suivre, c'est cela être sans désir. Il s'agit de laisser filer, de lâcher-prise de ses désirs. Cela peut aller très loin jusqu'à lâcher prise de ses pensées, tant toutes les pensées ou presque, manifestent un désir.
Cela nous amènent naturellement au mental, autre mot qui fâche. Le mental met en oeuvre des concepts basés sur le passé pour prédire un avenir plus ou moins proche, ou il pioche dans la mémoire du passé pour raconter une histoire. En agissant de la sorte, il nous éloigne de l'instant présent, et il est beaucoup moins riche que l'ici et maintenant. "Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas" dit Lao Tseu. Ainsi traite-t-il le mental bavard. Et de fait, on vit beaucoup mieux en lâchant prise du mental, tout comme on le fait en méditation.
Enfin, le Non-Agir qui prône l'action désintéressée ne bannit pas toute action mais seulement celles, nombreuses, qui vont à l'encontre du Tao, à l'encontre des intérêts universels. Etre sans-agir, c'est aller dans le sens de la vie, suivre le courant subtil du Tao sans jamais aller contre, ni tirer la couverture à soi.  

samedi 7 avril 2018

Le Tao : l'acteur final


Qu'on le veuille ou non, les choses se passent selon la loi du retour à l'équilibre. Cette loi, un vieille homme chinois l'a mise à jour et lui a donné un nom : le Tao. Lao Tseu en a décrit les principales caractéristiques : non-agir; le Tao ne fait rien de façon spontanée, non-désir; le Tao n'as aucune volonté autre que de revenir à l'équilibre. Ainsi lorsque par un acte nous modifions l'équilibre de notre monde, nous nous exposons au retour du Tao, et, si nous n'y prenons pas garde, cela peut être éprouvant, voir dangereux. De même, être épris de désir nous tend vers un état qui est autre que celui de notre monde, nous voudrions le modifier, mais cela est difficile voir impossible tant le Tao est sans agir.
Désirer nous rend donc malheureux et risque de nous opposer au Tao, dont la force est invincible.
Car c'est le Tao qui a le dernier mot. Bien sûr, je peut tenter d'aller contre le Tao. Une fourchette est tombée par terre, je peux la ramasser, même si cela me pèse. Mais si c'est une vieille dame qui tombe, je l'aiderai à se relever et nous y parviendrons si nos efforts sont conjoints, elle me remerciera et nous serons heureux tous les deux, le Tao y sera gagnant. Même dans le cas de la fourchette, sa position d’équilibre était sur la table, aussi le fait de la ramasser vas dans le sens du Tao. Et c'est le ressenti par rapport à cette notion d'équilibre qui caractérise le Tao, qui nous rend heureux et satisfait de nos actes. Un acte est
accomplis lorsque l'équilibre est retrouvé aller dans ce sens, c'est non-agir avec le Tao, aller à l'encontre, c'est s'attirer les foudres.
Or qu'est-ce donc que l'ego si ce n'est l'acteur par excellence Et cet ego se fiche pas mal du Tao et du retour à l'équilibre. "America first" dit Donald Trump, et pour cela il développe les armes, les gaz de schistes et déclenche des conflits en fonction des intérêts de l'Amérique. L'Ego va dans tous les sens ainsi parfois il rejoint le Tao, mais souvent, il va à son encontre. L'ego, c'est un éléphant dans un magasin de porcelaine. L'éveillé est, au contraire,  le marchand qui se meut et place
avec patience les objets de porcelaine pour parvenir à une certaine harmonie. Mais au final, c'est le Tao qui a le dernier mot : dans le cas de l'objet en porcelaine, si ce dernier choit, l'équilibre est respecté lorsqu'il est en mille morceaux. Et il faudra toute la patience et l'amour du collectionneur pour recoller les morceaux. Mais ce dernier ne sera pas à l'abri d'une nouvelle chute et se met donc en "danger"
C'est pourquoi le sage ne tente rien de scabreux, il ne fait qu'aller dans le sens du Tao. Il n'y a qu'un cas où le sage exécute des actes contraire au Tao, c'est quand il se trouve au sein d'une communauté.. Par exemple, si une corvée est à faire, il préférera la faire plutôt que d'en confier le soin à une personne qui rechigne à la tâche. Ainsi, il le fera dans la joie et la bonne humeur, sans fatiguer le Tao.
Mais pour le reste, le sage n'agit pas, tant il a conscience de l'effet boule de neige que pourrait avoir ses actes. Manger du pain, c'est profiter du travail du boulanger qui utilise la farine sortie du moulin à partir des grains de blé moissonné par un agriculteur qui utilise un tracteur... Ce simple acte de manger déclenche une cascade d'efforts que seul la faim autorise.  
Si le sage mange, c'est qu'il a faim, s'il dort, c'est qu'il a sommeil, s'il marche c'est qu'il doit se dégourdir les jambes. Ce qu'il fait, il le pratique avec économie, parce qu'il a conscience de l'effort que cela demande au Tao. Et le sage se sait être l'un des bras de l'immense être vivant qu'est le Tao, il se met donc à son service, plutôt que de lui tenir tête comme le font les ego insensés.
Mais, me direz-vous, comment savoir si un acte vas dans le sens du Tao ou pas ? En effet les choses étant très intriquées, il est difficile de s'y retrouver. Aussi, il ne faut pas oublier que nous sommes le Tao en mouvement. Nous pouvons donc être notre propre guide. Comment ? En suivant notre instinct, tout simplement. Mais attention, pour trouver son instinct, il faut au préalable s'être lavé des pensées égotiques.

Rechercher dans ce blog