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samedi 22 mai 2021

Les rêves


Il faut distinguer deux catégories de rêves. Il y a les rêves qui nourrissent notre sommeil et ceux qui accompagnent nos désirs.

Les rêves liés au désir peuvent être nourris par l'envie, l'envie d'aller à la plage alors que l'on est dans un deux pièces à Paris, l'envie de sortir avec une jolie fille de notre entourage. La, il s'agit clairement de désir. Celui-ci est naturel mais contraire au Tao. On peut bien sûr tomber amoureux d'une jolie fille, tomber sous le charme, mais être l'esclave du désir est le piège que nous tend notre ego, et dont le Tao propose de nous délivrer.
Etre amoureux c'est tenir compte de nos sentiments dans l'ici et maintenant, sans se projeter ni vivre dans le passé. Mais désirer, rêver, c'est justement se projeter dans le futur, il y a de fort risque de déception, et que le futur ne nous amène jamais le fruit attendu. Lorsque l'on se projette sur plusieurs rêves, on cours plusieurs lièvres à la fois et les déconvenues risquent d'être sévères, gare à la dépression.

Les rêves qui accompagnent notre sommeil, je parle des rêves du matin, ceux qu'on oublie tout de suite si l'on ne porte guère d'attention à eux, ces rêves sont souvent étranges, ils semblent bien réels tant que nous sommes endormis, et bien souvent, nous préférons continuer à rêver plutôt que de nous réveiller. Tout se passe comme si nous étions sous l'emprise de ces rêves, ils se font malgré nous. 

En fait, dans le sommeil, nous sommes obligés de lâcher prise, c'est notre corps, y compris le cerveau qui prend le relai de ce que notre ego croit être notre être. Dans le sommeil, nous sommes soumis au Tao. Oh rassurez-vous, ce n'est pas une soumission de maître à esclave ! Non, le Tao est sans désir et sans agir. La liberté est totale. Et c'est cette liberté que l'on retrouve dans nos rêves.

Le Bouddha qui fut l'être éveillé par excellence était tellement conscient de la nature des choses, qu'il n'avait parait-il plus besoin de s'endormir. Simplement, la nuit venue, il s'allongeait pour reposer ses muscles et son corps, mais restait éveillé à méditer.
Peut-être que notre corps et notre cerveau ont besoin de lâcher prise de notre ego, pour se reposer, pour prendre congé de ce tyran si habile à nous séduire. Ainsi, l'amour propre, et ses désirs de grandeur, s'avère dangereux. C'est l'ego contre le Tao, le combat, malgré les apparences est perdu d'avance.

Faites de beaux rêves.



samedi 15 mai 2021

Facile ou difficile ?

Ce qui parait facile est souvent plus ardu que prévu, on ne pouvait pas le rater... et pourtant ! 
Pour ce qui est difficile, on part perdu d'avance. Pourtant, comme le dit Lao Tseu, un long voyage a commencé par un pas. Les bâtisseurs des cathédrales le savaient bien, c'est pierre par pierre que se sont construits toutes ces voutes, toutes ces flèches. Poser chaque pierre ne présente pas de difficulté particulière, mais l'ensemble du travail force le respect.
Récemment j'entendais un réalisateur de film, auteur d'une grande carrière dans le cinéma, dire que son secret pour réussir avait été de prendre son temps pour agir, et ainsi de progresser petite étape par petite étape.  
Le difficile est un défi pour celui qui l'entreprend, mais aussi un défi pour le Tao, qui par essence n'aime pas être brusqué. Ou plutôt qui résiste face à la brutalité. Aussi, il faut être sacrément talentueux pour défier le Tao. Certains y réussissent, ils sont rares. L'homme ordinaire qui réussit un tel exploit est flatté par la reconnaissance de ses proches et
s'enorgueillit de sa réussite. L'homme du Tao, lui, sait que cet exploit est autorisé par le Tao et rend hommage à ce dernier. 
Aussi, pour entreprendre une œuvre, l'homme du Tao prend le temps de savoir si elle est bien conforme à la volonté du Tao, c'est à dire qu'elle s'inscrit dans la nature des choses. Ensuite, il s'aide du Tao pour entreprendre chaque étape. La première étape réalisée, il s'enquiert de nouveau et vérifie que la deuxième étape est elle aussi dans le sens du Tao. Il n'a alors qu'à agir superficiellement pour aider la Nature dans son œuvre. Et ainsi de suite, chaque étape est facile. Et, comme le dit Lao Tseu, l'attention doit rester constante, et ne pas se relâcher sur la fin du travail.
Lorsqu'on arrête de se rebiffer face au destin, les choses deviennent simples, et il est facile d'avancer dans la vie. On se positionne par rapport au Tao, et non par rapport aux hommes de notre entourage. Dès lors, on ne craint plus son patron, ni ses collègues ni même ceux que l'on prenait pour ses ennemis. Chacun de ces personnages n'est qu'une marionnette portée par le Tao (Lao Tseu parle de chiens de paille...). S'ils vont dans le sens du Tao, tant mieux ! Sinon, on sait qu'ils vont se casser les dents, peu importe de leur emboiter le pas.
Suivre le Tao rend la vie facile, laissons aux fous le goût de la compétition et de la confrontation. 


dimanche 9 mai 2021

Intuition


L'intuition, voilà bien une drôle de chose ! Tellement désuète, tellement secondaire que l'on peut s'en passer. On peut vivre 100 % de sa journée sans faire appel à l'intuition.
L'intuition ne se pense pas, on ne fait pas appel à son intellect pour ressentir une intuition. Or la plupart d'entre nous vivons avec un mental bavard, qui ne nous laisse que très peu de répit. De la sorte, on imagine, on se projette, mais on n'est pas pleinement dans l'instant présent.
Or c'est justement dans l'instant présent que se manifeste l'intuition. Le Tao représente l'Univers dans un état donné, dans l'état de l'instant présent. Le Tao est ce qui est. Ce qui est est, parce que le Tao, la
Nature, la Vie en est arrivé là en cet instant.
Nous pensons à tort être séparés du Monde, nous pensons à tort être un individu parmi une foule d'individus et donc nous développons notre intellect, notre intelligence pour faire notre place parmi ces individus. Notre intellect est tellement développé que nous ne voyons plus la vie qui anime l'Univers, nous ne voyons plus les lois de cause à effet dans la Vie qui nous régit. Or le Tao est une suite de cause à effet, l'ordre naturel des choses. C'est pour ne pas rompre cet ordre que Lao Tseu prône le Non Agir. Or ces causes ont justement des effets, et l'intuition est l'un de ces effets. L'intuition est l'un des reflets du Tao. Sans l'intuition, c'est notre ego, notre mental qui va diriger nos actes, avec l'intuition, c'est directement la Nature qui va nous guider. A savoir, qui de nous ou de la Nature est le plus apte à nous venir en aide pour notre bien être ? 
L'autre jour j'ai subit une déconvenue de taille : un de mes collègues a agit pour me supprimer un tiers de mon service d'enseignement (130 h en présence des étudiants), me disant tout simplement d'aller voir ailleurs pour trouver mes heures. Le temps de lire son mail qui m'annonçait ces faits, j'ai bien cru défaillir. Au point de me demander quelle nuit j'allais bien pouvoir passer. Et puis j'ai fait le vide, j'ai écouté... RIEN. Tout était calme. Alors je me suis dis que je pouvais Non Agir, et voir venir. Et de fait d'autres collègues m'ont fait depuis des propositions, qui représentent déjà environ 60 h. Et la rentrée 2021 est encore loin.
Aujourd'hui j'utilise l'intuition en permanence, par exemple pour trouver mon chemin, prendre telle ou telle route, je fais au feeling conscient que c'est le Tao qui pilote et que la cause de ce choix n'est que rarement évidente à priori. Mais ce que le Tao nous réserve sur sa route ne tarde généralement pas à se manifester. Et celui qui sait se contenter de peu sera généralement satisfait : un écureuil sur la route, un magnifique amandier en fleur, un automobiliste en panne de batterie auquel on vient en aide...
Etre à l'écoute de son intuition, c'est dialoguer en direct avec le Tao, ce n'est pas rien ! 

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