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vendredi 29 mai 2020

Non Désir et liberté selon H.W.L.Poonja



Extrait du Réveil du Lion de H.W.L. Poonja

Question : Quelle différence y a-t-il entre ma volonté et la volonté de Dieu ?

Vous imposez votre volonté à Dieu. Vous dites : "Que Ta volonté soit faite". Vous dites à Dieu : "Que ma volonté soit faite". Dieu n'a pas de volonté, car il n'a pas de désir. C'est donc réellement : "Que mon désir soit satisfait". Qui impose cette volonté à Dieu ? Dieu n'a pas de volonté. C'est votre volonté, votre désir. Dieu ne dit pas : "Que ma volonté soit faite". Quand elle sera accomplie, il s'agira de votre propre volonté. Au paradis, Dieu n'est pas votre serviteur.

Question : Qu'est-ce que la volonté ?


Seulement du désir. Sans désir, où est la volonté ? Vous ne pouvez en fait utiliser votre volonté qu'une fois. Cette fois unique est la volonté dirigée vers la liberté. "Je veux la liberté. Je veux être libre." N'utilisez votre volonté que dans ce but. Alors toutes les volontés sont accomplies. Sinon, cela ne sert à rien d'utiliser votre volonté pour courir après ceci ou cela.

Question :  Pourquoi les gens ne veulent-ils pas l'éveil ?

Parce que le mental les engage dans la jouissance des sens, et ils craignent de renoncer à ces plaisirs. Vous pouvez compter sur vos doigts le nombre de personnes qui veulent vraiment être libres.
Tout le monde a peur : "Je vais perdre le monde, mes attaches, mes amis, mes proches".
C'est un concept stupide. Au contraire, avec l'éveil, vous commencerez à avoir vraiment de bons rapports, même avec les animaux, même avec la vie végétale. Vous aimerez tout le monde. D'abord l'éveil, ensuite vous serez un homme véritable.
[...]
Question : Je ne peux pas vouloir me changer. On ne peut pas vouloir être sans désir, car c'est d'avantage d'ego, n'est-ce pas ?

Cette volonté ne peut être rejetée aussi facilement. Cette volonté, "Je veux être libre", (appelons-la la dernière volonté, le dernier désir pour ce qui est le plus élevé, c'est-à-dire la perfection, l'éternité, la
vacuité) ne peut pas être rejetée. Elle vous mènera quelque part et puis elle s'évanouira. Ce désir se consumera de lui-même, et ce qui restera est votre nature. Soyez donc reconnaissant à cette volonté. Très peu de gens ont la chance de choisir cette liberté. Accrochez-vous fermement à ce désir, et il vous mènera à la liberté et puis s'évanouira. Tout désir a besoin d'être soutenu par un autre désir. Sinon, un désir équivaut à plus de désir, et par conséquent, c'est la liberté même. Là, les moyens et la fin sont les mêmes. L'intense désir pour la liberté seule, sans en tolérer d'autres, est la liberté même.

samedi 23 mai 2020

Non Agir et Non Désir selon H.W.L.Poonja



Extrait du Réveil du Lion de H.W.L. Poonja

Que faire ?

Faire quelque chose implique un but. Cela débute dans le passé avec un concept et se projette dans un fantasme du futur. "Faire" ne peut que vous emmener dans le connu ou dans ce que vous pouvez concevoir. Remontez à la racine de l'idée qui en est à l'origine. Là, vous trouverez la fin du voyage qui n'a jamais commencé. "Faire" ne peut jamais vous amener à ce que vous êtes déjà. "Faire", c'est s'en éloigner, non s'en approcher.

Question du public : Y a-t-il encore des désirs après l'éveil ?

Avant l'éveil, l'objet du désir doit être l'éveil. Ce n'est pas un vrai désir, mais l'attraction du Soi. Afin de permettre à ce désir de s'élever, les autres désirs doivent mourir. Les désirs ordinaires doivent faire place à la création de l'espace pour le véritable désir d'éveil.
Après l'éveil toutefois, le Soi-réalisé est au-delà de la forme, au-delà des sens et par conséquent, n'est pas affecté par les désirs ordinaires. Le dynamisme de vos désirs peut se poursuivre, mais ceux-ci n'affectent pas le Soi.

Fin de l'extrait.

Il est intéressant de voir qu'ici, Poonja ne fait pas totalement disparaître le désir chez l'être éveillé. Le Soi, la Nature de Bouddha (pour les Bouddhistes), l'Immortel (chez les Taoïstes), n'est pas affecté par les désirs qui peuvent surgir. Le Soi les reconnaît comme tels et les laisse passer comme on le fait avec des pensées. 
L’Éveillé quelle que soit la tradition spirituelle qui l'a mené à cet état, réside dans le vide qui est en deçà des pensées. Son ego est comme mort, il est inébranlable, et certainement pas par des désirs ou autres plans du mental.  
Enfin, pour revenir au Faire, Poonja nous fait très justement remarquer, que Faire quelque chose c'est automatiquement suivre un plan qui s'enracine dans le passé, ou faire une projection dans le futur. De ce fait, Faire nous écarte du moment présent. Seul lieu où se joue la vie.

samedi 16 mai 2020

En chemin



Nous avons tous en commun le fait d'être né avec une conscience. La conscience d'être dans l'instant présent, on pourrait même ajouter la conscience d'être l'instant présent et ce de manière naturelle sans aucune envie ni nécessité de se l'accaparer. Et puis petit à petit le désir fait son oeuvre : c'est mon sein, celui de ma mère, c'est mon jouet, c'est mon biberon etc. Petit à petit l'enfant se constitue un ego à grand coup de réflexion de son mental, et quitte lentement mais sûrement le confort  et l'insouciance de l'instant présent.
Certains d'entre nous ont une part de nostalgie de l'enfance et remettent en question leur vie, ce qu'ils ont, ce qu'ils sont. D'autres vivent dans le toujours plus d'avoir, de pouvoir, de savoir. Aussi, même si c'est relativement rare, il est des femmes et des hommes qui à un moment de leur vie vivent une remise en question profonde et décident plus ou
moins brusquement de lâcher prise de l'avoir du pouvoir et du savoir et d'aller vers cet état d'abandon dans lequel ils se trouvaient étant bébé.
Et ce faisant, ils amorcent une trajectoire plus ou moins directe vers l'éveil. Bien sûr le but n'est pas gagné d'avance, il faut avant cela cheminer sur une voie sans route, le Tao.
Pour cela, il va nous falloir lâcher prise, et pour commencer lâcher prise de notre ego, rejoindre le non être de Lao Tseu: je ne suis plus rien implique je suis avec tout. Je fais corps avec ce qui est.
Il va nous falloir aussi lâcher prise des désirs, et même du désir de ne plus désirer. Etre sans désir, sans convoitise, cesser ce regard prédateur qui nous fait convoiter la plus grosse part de gâteau ! Fini l'envie d'être riche comme Crésus, fini l'envie de tout savoir comme Diderot, fini l'envie d'être un homme politique influant ! Rien, revenir à l'essence de l'être, l'essence du Tao.
Et ce chemin peut être long, car même si en définitive, il n'y a rien à atteindre, le Tao étant là offert à tous, l'ego et le mental peuvent avoir la peau dure. Or quel est le lieu à atteindre ? Qu'est-ce qui me permet de dire je suis ? Est-ce les pensées ? Est-ce réellement une pensée qui me permet de dire je suis ? Non, les pensées vont et viennent, je ne suis pas cela ! Est-ce la conscience ? Et si oui, de quoi est faite cette conscience ? 
Avant même d'ouvrir les yeux, j'ai conscience de ce paysage qui s'offre à moi par la fenêtre de mon bureau, et j'ai conscience de tout un tas de choses, pourtant, si j'essaye de décrire ce qui constitue cette conscience, je me heurte à une difficulté, car la conscience
n'est pas pleine, ou plutôt elle est pleine mais de vide ! Et ce vide, c'est précisément le lieu à atteindre, celui qui nous connecte instantanément à l'instant présent. C'est le moyeux central et vide de la roue duquel rayonne chaque instant présent de notre vie, comme ce paysage dont je prend conscience.
Que reste-t-il à faire ? Rien ! Car le Tao est sans désir, donc il n'y a rien à faire pour le satisfaire.
Ainsi, quand nous nous sommes confondus avec le vide du Tao, que  nous reconnaissons ce vide en chaque point et en chaque instant, nous sommes au bout du chemin. L'aventure commence.

vendredi 8 mai 2020

La méditation en action



Comment progresser sur la voie, sur le chemin spirituel ?
La méditation traditionnelle est un bon moyen pour apprendre à lâcher prise, pour apprendre à faire le vide, à "écouter le Tao". Car au fond, ce qui importe c'est de savoir comment se placer dans l'instant présent, et même si souvent il n'y a rien de mieux à faire que de méditer, certaines situations imposent l'action. Et par la même impliquent une sortie de l'état méditatif.
Cependant, avec l'habitude, on apprend à avoir les mêmes réflexes de méditation et a les garder même en phase active. On continue de lâcher prise de nos désirs, et ce même dans l'action. De la sorte, on laisse aux autres une grande marge d'agir, ce qui a le don d'être appréciable par autrui et attire naturellement la sympathie.
Mais souvent, il y a des actions dont personne ne veut, des corvées... Eh bien nous avons intérêt à
nous charger de ces corvées. Elles sont en effet de très bonnes occasions pour apprendre à lâcher prise. Mieux, on rentre alors dans l'acceptation, on prend les difficultés et par la même un aspect du Tao à bras le corps. Les contrariétés n'en sont plus, elles sont acceptées, digérées et l'action devient tout de suite plus légère. Et le Tao apprécie qu'une corvée soit réalisée avec légèreté quand une autre personne aurait traîné les pieds.
Le disciple du Tao, qui progresse sur la voie se prend souvent à céder à une émotion, comme par exemple la colère. Mais tout de suite l'habitude qu'il a prise de lâcher prise le rend observateur de ce début d'émotion, de telle sorte qu'elle redescend aussi vite qu'elle est venue. Il en va de même pour les émotions positives comme la joie. Celle-ci est observée par le disciple et est appréciée à sa juste valeur.
En lâchant prise et par l'observation, le disciple permet à l'émotion d'être une avec lui-même. Cette unicité de l'être est celle de la non dualité
orientale. Aussi, ce à quoi conduit la méditation fonctionne aussi bien dans la position du lotus que dans la vie de tous les jours.
Faire le vide, s'abandonner au Tao permet de vivre au quotidien dans les meilleures dispositions qui soient. C'est ce qui s'appelle méditer en action. Et le vide est propice à l'éclosion de nouvelles idées. Si on en met une en oeuvre dans l'action, l'idée elle même disparaît et peut de nouveau laisser place au vide. Et ainsi de suite, d'instant en instant, le vide guide notre conduite. C'est ce que l'on peut appeler la plénitude du vide. Car le vide en nous-même favorise la naissance de nouveaux états, de nouvelles attitudes.
Au début, la méditation en action exige que notre conscience soit le témoin de nos attitudes, il y a deux : l'observateur et l'observé. Mais comme ces deux personnes ne font qu'une, avec un peu d'entrainement, l'observation se fond dans l'action et réciproquement. Dès lors le disciple s'unifie dans la non-dualité.

vendredi 1 mai 2020

Le Tao en est là...



Ici et maintenant, le Tao en est là. Le seul capable d’attester de cet état de fait, c'est moi. Vous, bien sûr pouvez aussi faire un tel constat, mais chacun le fait de façon intime, dans l'intimité de son ici et maintenant, et personne d'autre que vous ne pouvez vivre votre expérience. 
Bien sûr, notre imagination, par le bief du mental projette cette expérience sur celle des autres et on imagine le point de vue de l'autre. Chaque être vivant peut prendre conscience du Tao là où il en est. Et le Tao, sans désir, ne nous demande rien. L'observation de l'état du Tao n'engage généralement en rien. Sauf, bien sûr si la situation nécessite un retour à l'équilibre. 
Si nous jouons au rugby, par exemple, et qu'un coéquipier nous lance le ballon, la situation exigera
que nous bloquions ce ballon, et le Tao en sera là, à nous de le faire progresser pour gagner le match. Je profite de cet exemple pour faire remarquer que la compétition (gagner le match contre l'autre équipe) fait rarement bon ménage avec le Tao.
Le Tao est à un instant donné dans un et un seul état. Cette unicité ne peut en aucun cas se multiplier ni même se dédoubler. Et cet état provient de causes dont les effets rejoignent l'état unique.
Quoi qu'il arrive, le Tao, sans désir, nous laisse le libre arbitre. C'est à dire que nous sommes libre de modifier (dans la mesure du possible) le cours des choses. Mais il faut savoir que si cela va à l'encontre de l'équilibre naturel, nous nous exposons au retour à l'équilibre du Tao. 
On peut, bien sûr essayer de piloter sa vie, mais cela nous apportera bien des déconvenues. Toutefois on peu, plus intelligemment se contenter de suivre le Tao, en lâchant prise de toutes nos envies, de tous nos désirs. L'état que l'on atteint dès lors est plein de sérénité, de calme de paix. On accepte tout ce qu'il advient avec équanimité, on peut presque dire avec amour envers le Tao (qui ne trahit jamais).
Si l'on calque sa vie sur l'état que l'on perçoit du Tao, on n'est rarement déçu, ceci accroît la confiance que l'on peut avoir dans le Tao.
A chaque instant, nous avons le mode d'emploi. Il suffit de s'affranchir du moindre de nos désirs, et d'observer là où en est le Tao. La conduite à tenir en découlera. Peut-être sera-ce l'action ? Mais très souvent, la contemplation suffira. Rappelons-nous que le non-agir nous est conseillé par Lao Tseu car le Tao est sans autre action que celle du retour à l'équilibre.
Savoir ce que l'on a à faire dans notre vie, et ce, à chaque instant, répond à tous nos besoins, pourquoi demander plus. Eh bien voilà ce que nous propose le Tao. Chacun a son propre mode d'emploi car le contexte est propre à chacun, mais profiter de ce trésor offert à tous permettrait à l'humanité de vivre dans l'harmonie.
L'harmonie du Tao.

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