Language

vendredi 20 septembre 2019

Partager la voie



Combien sommes-nous à tenter de suivre la voie tracée par Lao Tseu ? Combien sommes-nous en occident ? Sans doute un pourcentage inférieur à 1 pour mille ! Combien sommes-nous en orient ? A peine plus ! Moi-même, je me surprends quotidiennement à quitter la voie et à revenir à des fondements plus égotiques. C'est que suivre l'humilité que demande le Tao nécessite de se détacher de tout, et dans notre monde rempli par les objets et la technologie, c'est loin d'être évident. Pourtant, la voie tracée par le vieux sage est la plus évidente, car c'est celle de la nature, c'est celle toute tracée du lâcher prise, et le naturel revient au galop dit-on ! 
Alors comment, nous qui sommes convaincus des bienfaits du Tao, partager notre savoir (peut-être devrais-je dire Non-Savoir) avec autrui. En exposant les vertus de la voie ? Mais la voie a une vertu unique changeant avec le contexte, aussi tenter de la saisir "au vol" est peine perdue car cela ne sera
plus applicable l'instant suivant, et encore moins à votre interlocuteur...
D'ailleurs, je vous met au défi de parler du Tao avec un inconnu dans la rue, il vous traitera de fou, et au mieux s'écartera de votre chemin.
Non, ce qui est possible, praticable, c'est de montrer l'exemple, s'émerveiller des trésors dont regorge la vie. Louer le Tao de nous avoir permis de vivre une vie si riche en expériences de toutes sortes. Se réjouir, se réjouir et se réjouir encore de faire partie de cette unité fondamentale qu'est le Tao, qui lui est immortel. 
Certains vous envierons sans doute d'être toujours de bonne humeur. Cet exemple peut porter ses fruits. Malheureusement l'inverse est parfois vrai. Vivre parmi des gens égotiques est susceptible de miner le moral au plus placide des taoïstes.
Alors que faire ? Vivre en communauté Taoïste n'est pas une solution, car elle nous coupe de notre vie naturelle qui est celle du "vrai" Tao. Non, il faut reconnaître la rareté du Tao, son excellence, même si il se met à porté de tous. Et se réjouir quand une idée simple fait son chemin. 
Un jour, c'était veille de Noël, ma tante demanda a l'assemblée : "qu'est-ce qui vous semble le mieux dans la vie ? " Et comme personne ne lui répondit, elle dit : "Ce qui est le mieux, c'est de désirer un rêve de tout mettre en oeuvre pour qu'il s'accomplisse et d'en profiter." L'apprenti Taoïste que je suis ne fit qu'un tour et déclara : " Non, il vaut mieux ne rien désirer, laisser les choses s'accomplir et s'en émerveiller". Ce soir là ma petite remarque fit son effet, et des rires soutenus jaillirent dans la salle. Malheureusement, il est probable que l'effet ne fut que de courte durée.
Contre l'homme égotique, la bataille avec le taoïste est perdue d'avance, car l'égotique ne veut en aucun cas descendre de son piédestal et laisser la part belle au Tao ! C'est que pour l'égotique, le
savoir est tellement dur à acquérir, que le laisser filer en direction du Tao est une infamie. Du coup l'égotique se renferme dans ses convictions et coupe court à toute discussion.
Aussi, partager la voie ne peut se faire qu'avec des gens qui on déjà l'envie de suivre une voie. En effet, les voies de sagesses se recoupent et convergent vers l'humilité. Et chacun trouve son bonheur dans les sagesses décrites dans les diverses traditions.
On ne peut qu'admirer les écoles, comme celle que Bouddha a su mettre en oeuvre... Chez nous, occidentaux, cette démarche semble peine perdue. 

vendredi 13 septembre 2019

La Raison



Le cœur a ses raisons que la raison ignore... Inconsciemment, nous percevons que la raison du cœur n'est pas la raison du mental. Notre être est capable de vivre sur deux modes. Un raisonné, peu ou prou réfléchi, celui du mental, et l'autre intuitif ne dépendant que de l'instant présent, celui du cœur. La sagesse occidentale serait tentée de nous dire de ne faire confiance qu'à la raison du mental. Le problème est que le mental utilise la mémoire pour réfléchir et qu'ainsi il se coupe sans vergogne de l'instant présent, rendant la "raison" peu compatible avec le contexte qu'est la vie. 
Or l'homme ordinaire veut profiter de la vie, est-ce là le meilleure moyen d'y parvenir ? Au contraire, celui qui fait confiance en son intuition suit le fil de la vie. Il lâche prise de tout ce qu'il a connu auparavant et suit le fil ténu de son intuition, fil auquel Lao Tseu a donné le nom de Tao, il y a 25 siècles.  
Le Tao n'est pas facile à ressentir, en effet, il convient de lâcher prise de tous ses désirs pour se connecter au Tao véritable. Par contre, une fois ceci réalisé (la fin de vos désirs) votre intuition ne vous trompera plus. Comprenez bien qu'il est nécessaire de ne plus avoir de désir afin de ne pas polluer l'intuition en provenance du Tao, qui lui aussi est sans désir ! Quand les potentiomètres de vos
désirs sont au plus bas, il devient possible de ressentir ce que le Tao appelle. Et 90% du temps le Tao n'appelle rien, normal, me direz-vous, pour un être sans désir. Mais le Tao opère inlassablement par le retour à l'équilibre entre le Yin et le Yang. Aussi, de temps à autre, il est bon de favoriser cet équilibre, et voici donc ce que suggère le Tao.
Ainsi, il sera bon d'aider les hommes à conserver les équilibres dans leur cadre de vie. Lao Tseu : une espèce d'écologiste avant l'heure... Rien que de plus normal car le Tao c'est la vie et la vie vient de la nature.
Et notre cœur, c'est notre nature qui s'exprime. C'est notre naturel, celui que souvent ont dit avoir perdu au contact de notre métier et parfois même au contact de notre conjoint. Comment dès lors, être fidèle à soi-même ! Non, il est encore temps de lâcher prise. Il est encore temps de renoncer aux richesses, de renoncer au pouvoir, de renoncer au savoir, aller j'ose, de renoncer à soi-même, à son ego !
Vous y êtes ? Si oui, alors vous êtes à l'écoute du Tao. Vous êtes dans le Saint des Saints, et vous n'entendez rien, c'est normal le Tao est sans désir. Par contre, vous voyez sous un jour nouveau, les déséquilibres vous sautent aux yeux,
votre vue n'est plus polluée par vos désirs. Vous pouvez alors commencer par rééquilibrer votre entourage, et votre vie va commencer à tourner plus rond. C'est cela l'équilibre du Tao. Pas de miracle, rien que du naturel ! En retour, vous vous sentirez tellement mieux que vous ne pourrez plus revenir en arrière, vous ne pourrez plus à nouveau vous encombrer de désirs. Ainsi, pour vous, la raison sera faîte d'intuition, de cœur, de Tao ! 

samedi 7 septembre 2019

Le Saint Homme



Le Tao est l'âme de la nature, la source de vie sur Terre. Le Saint Homme recherche la paix du Tao en lui et autour de lui. C'est donc avec zèle qu'il s'applique à être naturel pour lui-même et pour son environnement. Le Saint Homme se fond dans la nature, il s'harmonise. Il n'est pas rare de voir le Saint Homme faire des mouvements lents au pied d'un arbre : il fait communion avec la nature. 
Le Saint Homme sait que l'autre est guidé par son ego et non par le Tao, aussi, il communique non par la parole, mais par l'exemple. Il ne cherche pas à tout prix à convertir, mais aide celui qui cherche la paix intérieure. Car le Tao n'en veut à personne, mais celui-ci ne peut satisfaire tous les ego ! Aussi nombre de personnes s'épuisent à aller contre le Tao, contre leur naturel.
Le Saint Homme agit avec la nature ; quand il est temps de semer, il sème quand il est temps de récolter, il récolte. Et il agit dans l'instant présent sans trop ni réfléchir ni ressasser mais son action est spontanée, elle suit le Tao. Car de par le Tao, il n'est rien qui ne s'accomplisse. Aussi, le Saint Homme donne l'impression d'agir, mais en réalité c'est le Tao qui coule à travers lui. Et le Tao lui-même n'agit pas, il se contente de revenir à l'équilibre. Wu Wei, le Non Agir est donc le mode d'accomplissement du Tao et du Saint Homme.
L'homme ordinaire est rempli de désir, il veut une belle femme, une belle situation, une belle voiture, une belle maison... la plus grosse part de tarte ! Le Saint Homme, lui se sait Un avec le Tao sa
situation est donc celle du Tao et il s'en contente, mieux elle le comble, car il est sans désir. Aussi, le Saint Homme est d'une humilité sans faille. Il donne ce qu'il a et il reçoit du Tao, et après avoir reçu, il donne encore. Et il peut le faire parce qu'il n'attend rien pour lui, il est sans désir.
Le Saint Homme ne profite pas de la situation, il sait qu'il n'y est pour rien, aussi il ne s'en glorifie pas. Il laisse volontiers la gloire à un autre même s'il sait que c'est un cadeau empoisonné, cela fait partie de l'apprentissage de la vie, de l'école du Tao.
Humilité, Non Désir et Non Agir sont donc ce qui caractérise le Saint Homme. Habillé de ses vêtements simples vivant dans une humble demeure avec sa famille roulant dans une voiture d'occasion et laissant volontiers la plus belle part de tarte, il suit la vie avec confiance car il a foi dans le Tao. Et Lao Tseu nous dit :" la foi n'est pas la foi, si elle n'est pas totale".
La nature, le Tao,  ne peut se vouloir de mal à lui-même, c'est pourquoi le suivre est sans danger, même, c'est un refuge (à l'abri des cornes du rhinocéros nous dit Lao Tseu). C'est donc en toute confiance que le Saint-Homme endosse ces habits que sont le Non Désir et le Non Agir, et qu'il voit avec délice, où cela le mène. 
Ainsi, d'instant présent en instant présent, il non agit, ne cédant à aucun désir, spontanément n'écoutant que sa conscience harmonisé avec l'instant du Tao, le Saint Homme se laisse couler dans le flot de la vie, ne laissant aucune trace pour la postérité.

Rechercher dans ce blog