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mardi 28 mai 2013

Le travail


Travailler exige un minimum de concentration. Le travail est-il incompatible avec la vie dans l'instant présent ? Parfois, il est nécessaire de prévoir, de faire des calculs pour le futur. Ainsi, le paysan doit calculer les temps de croissance pour ses semis. Le garagiste doit tenir un agenda digne de celui d'un médecin généraliste. Cela veut-il dire qu'il faille travailler la tête ailleurs ? Je ne crois pas, et même plus, la concentration au travail favorise la présence à l'instant. Ainsi l'adage, le travail c'est la santé trouve un écho dans le fait que vivre le présent libère d'un mental bruyant et nocif.


Il n'en demeure pas moins que le travail pour le travail n'est pas toujours une activité saine. L'hyperactivité humaine conduit la planète vers un avenir incertain. Aussi le Taoïste calme volontiers les ardeurs de ses collègues de travail en limitant leurs actions au strict nécessaire. Du moins, tente-t-il de leur montrer l'exemple. Tchouang Tseu vivait volontairement dans le dénuement pour pouvoir profiter de longs temps libres lui autorisant de belles parties de pêche. Il faut dire que le naturel, le spontané vient du non agir. L'homme au travail n'est donc pas toujours naturel, loin s'en faut.


Et cela est d'autant plus vrai que le travail devient parfois une passion. Les fanas de la finance sont prêts à jouer de grosses sommes d'argent entraînant le destin de nombreux salariés sans que cela ne les émeuve une seconde. Les hommes politiques qui agissent par idéologie ne valent guère mieux. Bref, l'excès de travail est incompatible avec le Tao, pourtant à la base, la concentration qu'impose le travail constitue un début de méditation.


mercredi 22 mai 2013

Se libérer du connu

Se libérer du connu, est le titre d'un ouvrage de J Krishnamurti. Ce titre est évocateur, on sent bien qu'il sous-entend quelque chose d'important. Mais comment sortir du connu ? Pour nous le monde est le monde connu. L'inconnu n'est pas  le monde, ou plus exactement ne fait pas encore partie de notre monde. Peut-être nous doutons-nous qu'il existe et faisons des hypothèses, ce qui tend à nous faire croire que l'inconnu existe. Petit à petit, nous prenons conscience de l'existence d'un monde très vaste. Et pour chaque parcelle de ce qui existe, notre mental étiquette en mettant des mots sur ce qu'il croise. Tout ce qui est étiqueté est ce qui est connu. Et le mental fait des associations entre les diverses étiquettes (il est très fort pour cela). Si bien que lorsque nous croisons Jacques avec la casquette de Paul, nous disons :"Bonjour Paul".

De la même manière, comme nous avons "presque tout" étiqueté, nous nous promenons dans un monde d'étiquettes, et cela est sécurisant, car nous croyons tout connaitre ! Pourtant, à chaque instant, le monde change, le vent fait vibrer les feuilles des arbres, le clocher de l'église se met à sonner, l'horloge de l'église retarde de sept minutes, le cycliste qui passe a une roue dégonflée, sont gilet fluo s'agite dans le vent, et ainsi de suite...


Il est impossible, à moins d'être dans une chambre de contention face à un mur lisse, de détailler le monde de l'instant présent. Celui-ci est d'une richesse infinie. Et c'est à découvrir la richesse de l'instant présent que J.Krishnamurti nous exhorte.

Ne nous laissons pas berner par notre mental. Celui-ci dit en permanence, ça je connais, ceci est déjà vu, ou ceci et ceci, ceci est cela. Ainsi, en passant devant le petit bois le long de la départementale prise pour aller au travail, le mental ne verra jamais l'écureuil, le renard ou le sanglier qui pourtant habitent ces bois. Et quand par hasard, l'un de ces animaux est vu, alors c'est avec une excitation toute spontanée, que notre esprit se focalise sur cet instant, car sachant qu'il ne durera pas, notre esprit tente d'en jouir au maximum : "les enfants, regardez, regardez ! Un renard!" Hurle-t-il.


Bref, le fait de mettre des étiquettes nous fait passer à côté de l'essentiel. Les étiquettes peuvent être des mots, mais aussi des concepts. Et de la même manière que l'on s'enferme avec les étiquettes, on s'enferme peut-être plus encore avec les concepts. Il fait soleil implique, il fait chaud, il a une voiture puissante implique c'est un chauffard, cette fille blonde est mal coiffée, elle doit être bizarre, et ainsi de suite. Tous les concepts, les préjugés nous enferment dans nos croyances. Nous croyons savoir que le monde est ainsi fait et cela nous empêche de le voir tel qu'il est.

   

jeudi 16 mai 2013

Le Temps

Le Temps est une notion délicate. Nous savons très bien le mesurer, mais nous ne savons pas le définir de manière certaine. Nous même avons l'impression de faire des choses dans la durée, de voir un laps de temps s'écouler entre deux instants. Mais si on y regarde d'un peu plus près, pendant tout ce temps, nous n'avons vécu que sur un seul mode; celui du présent.

Toute notre vie se déroule dans le présent. Et ce n'est pas le présent de Pierre Paul ou Jacques, c'est notre présent celui qui se déroule dans notre ici et maintenant. Et lorsqu'on nous raconte qu'en Inde c'est comme ceci, et que le Burkina-Faso, c'est comme cela, nous faisons confiance en ce qu'on nous dit et notre conscience s'élargit avec des informations qui sont peut-être fausses*... Comment savoir sans y être allé dans l'ici et maintenant ?

Autrement dit le présent est le seul temps qui existe. L'ici est le seul lieu qui existe. Le reste est une idée que nous nous faisons de ce qui a des chances d'exister, de ce que nous avons vécu, ou de ce que l'on nous a raconté.

Lorsque Lao Tseu dit : "La pré-science existe, c'est pourquoi il faudrait être sot pour y porter quelque crédit". Il sait que prédire l'avenir et ainsi se projeter dans le futur est voué à l'échec, car seul le présent est digne d'enseignement, la seule vérité est dans l'ici et maintenant.

C'est pourquoi il est si important d'être en présence, sans cogiter pour l'avenir, ni ruminer le passé. En étant présent à ce que l'on fait, nous allons mémoriser des informations de première main, et le monde dont nous prenons conscience est un monde vrai, un monde solide.

*Le fait que notre conscience s'élargisse avec des informations fausses constitue en fait un rétrécissement de la conscience. D'une manière générale, tout ce qu'on apprend et qui fait notre monde connu est un carcan pour la conscience. 

dimanche 12 mai 2013

L'Esprit

Voici un texte de Kalou Rinpoché sur l'Esprit et son "état ordinaire" (La Voie du Bouddha).

Laissons l'esprit sans contrainte, détendu, sans le forcer aucunement, complètement relâché, et il viendra alors naturellement en un état de bien-être. En effet, si l'esprit n'est pas contraint il est naturellement paisible et limpide...
Dans cet état, l'esprit ne se pose pas sur quelque point de repère extérieur ou intérieur, il reste dégagé de toute fixation, sans être contrôlé. Il n'y a pas non plus d'évaluation de l'esprit comme étant vide, clair ou de quelque manière que ce soit; ni même d'observation, car regarder l'esprit, fût-ce sa vacuité, sa clarté ou quelque notion que ce soit, serait encore une vision dualiste qui prendrait l'esprit, la vacuité ou la clarté pour références.

Mais il ne s'agit pas non plus de ne pas voir, car il ne faut pas que s'interrompe le cours de l'attention vigilante,de la lucidité. Il est donc nécessaire de garder une vision claire. C'est comme dans un endroit où la lumière est allumée : voir clairement n'exige pas d'effort spécial. L'esprit reste ainsi, sans s'engourdir ni sombrer en une sorte d'opacité obscure.

L'esprit reste translucide, en un état de transparence, lucide, clair et dégagé. Le ciel est naturellement clair et ouvert : de même l'esprit, pour autant qu'il soit laissé "tel quel", en son état naturel...
Laissant ainsi l'esprit dans un état de présence totale: sans l'orienter vers le passé ou le futur, sans ressasser le passé, ni aller au-devant de l"à-venir"; sans penser : "j'ai fait ceci ou cela, je ferai ceci ou cela"; laissant l'esprit juste vigilant, "tout simplement", sans le contraindre, sans rien y changer; en l'"instantanéité présente" encore nomée "présence d'instantanéité"-"datar gyi shepa"- nous contemplons...
Si l'esprit reste vraiment ainsi, "tel qu'il vient de lui-même", c'est ce qu'on appelle l'"esprit naturel"-"rangbap" en tibétain-, c'est aussi ce que l'on nomme l'"esprit ordinaire"-"tamel gyi shepa" en tibétain-ou encore l'"esprit d'immédiateté"-"datar gyi shepa". Réalisé, c'est l'état de Mahamudra*.


*Mahamudra: grande union, grand sceau, grand symbole. Un nom de l'ultime pratique spirituelle fondée sur la présence d'instantanéité.

jeudi 9 mai 2013

Karma vs Vertu

L'approche du Tao et du Dharma (enseignement Bouddhiste) sont différentes. Le Dharma est un enseignement qui requiert de la part de celui qui le suit de la discipline, il s'agit de faire des actions "positives" pour améliorer son karma, et de réduire au maximum ses actes négatifs. Et le Dharma est la pour nous indiquer ce qu'il convient de faire et de ne pas faire, et comment le faire.


L'approche du Tao elle est différente. Il s'agit de lâcher prise du désir, de ne pas agir pour soi, d'être humble.  Et en respectant ces quelques préceptes, la Vertu de la Voie sans chemin va faire son oeuvre. C'est un cercle vertueux qui peu à peu va réduire notre ego, notre Moi. Il n'est alors pas nécessaire de penser au Karma, ce dernier va s'améliorer tout seul.


Avec le Dharma, il est presque nécessaire de respecter des enseignements à la lettre et avec discipline. Le Tao, lui requiert du lâcher prise, un lâcher prise total, pour revenir au naturel. Au final, le but des deux approches est le même, avec en particulier la vacuité de l'esprit, et l'état de
Bouddha.


Aussi, les gens pour qui la Vertu du Tao s'avère efficace n'ont sans doute pas besoin du Dharma, mieux, il est vraisemblable qu'ils le respectent sans s'en soucier. Pour ceux qui ne parviennent pas au Non Désir, au Non Agir ou à l'humilité, ceux-la peuvent essayer le Dharma, qui entre autres lutte contre le désir et prône l'action juste. 

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