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vendredi 20 novembre 2015

Du Désir à la Joie : 5 : La Conscience

Chapitre 5 : La Conscience


Connais toi toi-même, peut-on lire sur le fronton du temple à Delphe... Qui sommes-nous, ou peut-être que sommes-nous ? Est la question que nous, chercheurs de vérité devons nous poser. La première réponse que nous donnons à cette question est notre état civil. Mais ce nom et ce prénom, nous ne les avons même pas choisi... Comment pourraient il nous représenter avec toute la richesse qui caractérise un être humain ? On peut être tenté de répondre par notre avoir... Nous avons une femme, une famille, une maison, de beaux enfants... Mais cela ne colle toujours pas, et que dire de ceux qui n'ont rien ? Sommes nous notre histoire ? Mais nous sommes aussi nos rêves, nos aspirations. En creusant un peu plus nous pouvons être tenté de répondre que nous sommes nos pensées, plus précisément l'ensemble de nos pensées à savoir le mental, et le sentiment d'être fier de ces pensées est le propre de l'ego. Mais, avec un peu d'entrainement, on peut contenir notre mental et ne penser à rien pendant plusieurs minutes. Or pendant ce temps où le vide fait place aux pensées, notre être ne s'arrête pas, au contraire, nous sommes comme pleins de vie. On peut dire qu'il y a quelque chose qui correspond à cet espace infini qui nous représente. Cet espace est à la fois le contenant et le contenu du monde tel que nous le percevons... Ce lieu, cet espace est celui de la conscience.


Tout, absolument tout l'Univers tel que nous nous le représentons a sa place dans cette conscience. Que nous soyons érudits, ou parfaitement sots, l'Univers entier est englobé dans notre conscience. Dès que nous percevons quelque chose de nouveau, du grain de sable au continent entier, ce nouvel élément prend sa place comme si nous l"avions toujours connu. Cela vient sans doute du fait qu'en notre for intérieur, intuitivement, nous savons que l'Univers est dans un état et un seul. Aussi, toute chose tangible que nous percevons fait partie intégrante de l'Univers sans ambiguïté. Si nous avons pris conscience d'un fait par nos propres sens, celui-ci est indiscutable. Il n'en va pas de même, loin s'en faut, de ce que nous apprenons par une tierce personne... Il n'est pas rare en effet de tomber sur quelqu'un de malhonnête, qui travestisse la réalité, pour fanfaronner, ou suivre toute autre stratégie de son ego.


Ainsi, la conscience et le mental sont deux choses bien distinctes. L'une englobant l'autre. Ce qui est élaboré par le mental fait partie de la conscience. Dans la conscience, jaillissent des pensées, ou plus précisément des idées, qui ne sont que des germes de pensées, des flashs intuitifs. Le mental s'empare de ces idées pour en faire des pensées qui répondent à un certain désir. Le mental aime en effet se faire valoir, c'est notre ego qui est derrière tout cela. Et c'est ainsi que, pour se faire remarquer, il va créer des pensées spectaculaires. Typiquement, il va élaborer un scénario catastrophe. Par exemple si nous pensons à nos clefs de voiture qui sont bien rangées au fond de notre poche, notre mental va imaginer que ces clés auraient pu disparaître par un trou dans la poche, ou tout simplement que nous aurions oublié de les prendre. Et comme notre plus vif désir est de ne pas avoir oublié nos clefs, nous réagissons en vérifiant fébrilement le contenu de nos poches, et nous vérifions même que celles-ci n'ont pas de trou. Ainsi, le mental a fait naître en nous le désir de vérifier que tout était en ordre vis à vis de nos clefs. Si nous observons la façons dont fonctionne notre mental, nous sommes surpris des scénarios catastrophes qu'il élabore. Si nous pensons à nos prochaines vacances à la neige, notre mental ne manquera pas de nous mettre en garde de bien prendre nos chaînes, sinon, nous risquons de nous enliser, il nous fera remarquer aussi que nous devrions nous entraîner à les poser. Ainsi, les scénarios les plus catastrophes sont envisagés, alors que la réalité sera forcément différente.
Dans le cas des clefs par exemple, nous n'aurions pas du nous inquiéter, et rester imperturbable. Or il existe un lieu où cette quiétude existe. Ce lieu n'est pas celui du mental, mais de la conscience. La conscience est en amont de toute pensée. Si nous nous disciplinons, pour laisser filer nos idées, et ne pas nous y attacher, nous devenons juste observateur de nos idées et embryons de pensées, et peu à peu, un calme, une quiétude s'installe, les pensées s'évanouissent, un vide prend place dans la conscience, ce qui est paradoxal puisque nous avons dit que notre conscience était un espace infini rempli de tout l'Univers. Sans pensée, notre conscience devient sereine, elle ne désire plus rien, elle ressent une infinie complétude : la joie d'être. Cette joie est auto-suffisante. Une vraie bénédiction. Comparée au vacarme du mental, c'est un vide qui nous ressource.


Or qu'avons nous fait ? Nous sommes passé d'un mode de pensée lié au cortex de notre cerveau (la matière grise), à un mode de pensée lié à notre cerveau reptilien. Nous sommes passé d'un mode de pensée rationnel à un mode de pensée intuitif. Ainsi, notre conscience devient intuitive, informée des événements dans l'instant et libérée des entraves du mental, Elle nous rend prêts à interagir avec ces événements. Cette pure conscience est libérée de tout désir. De tout désir de possession, de tout désir d'influence, de tout désir de projection... Ainsi, son action n'est rien d'autre que de suivre le fil des événements, c'est ce que Lao Tseu appelle le non-agir. Aucune préméditation ne vient altérer l'acte. Aussi, il faut lâcher prise de tout désir, de toute attente, jusqu'au moment où l'acte devient spontané, il coule de source...

La conscience est cet espace vide de pensée, plein de tout l'Univers.


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