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vendredi 18 décembre 2015

Du Désir à la Joie : 9 : Le Vide


Chapitre 9 : Le Vide


Sans désir, notre mental se purifie peu à peu. Au point qu'un mental de qualité est un mental où les pensées se font rares. Elles laissent place au vide. Ce vide n'est pas un néant. De lui peuvent surgir nos intuitions les plus profondes. Mais notre mental ne s'y accroche pas, il laisse l'intuition éclore et nous comprenons souvent après coup la pertinence de celle-ci. Ainsi, sans désir, nous cultivons le vide de nos pensées. Ce vide est à nos pensées intuitives, ce que le silence est à la musique. Il est absolument nécessaire à une prestation de qualité. 

De la même façon que l'on a besoin du vide des portes et des fenêtres dans une maison, le vide de la pensée permet de nous servir de nos intuitions. Il faut comprendre que notre mental s'appuie forcément sur des idées du passé, que  ce soit pour se remémorer le passé, ou même inventer le futur. Nos intuitions sont, elles, en connexion directe avec l'instant présent, elles peuvent être de simples perceptions, ou des idées de provenance plus mystérieuses, mais en relation avec l'ici et maintenant. Ces idées sont de première main et sont souvent désignées comme l'Esprit dans de nombreuses traditions asiatiques. Une chose remarquable est que notre Esprit véritable, qui naît du vide de notre pensée, sera toujours positif, et protecteur, il ne peut pas nous trahir.


Quand nous réalisons cela, notre confiance et notre foi grandissent, et nous perfectionnons notre vide intérieur. En fait, c'est notre mental et ses élucubrations, qui trop souvent nous trompe. Si nous nous identifions au mental, très souvent, nous serons déçus, et nous dériverons alors vers la déprime. Avec l'Esprit, qui lui naît dans le vide, des connexions avec l'extérieure, rien ne peut nous décevoir. Et ce d'autant plus que nous sommes sans désir.

Faire le vide dans nos pensées nous fait découvrir un espace de liberté et de sérénité. Lorsque nous découvrons cette sérénité, un sentiment de joie émerge. Nous comprenons que ce n'est pas nous en tant qu'individu qui importons, mais notre osmose avec l'Univers, à travers l'ici et maintenant et l'Esprit. Grâce à l'Esprit et aux intuitions, nous sommes capables de communiquer avec l'Univers qui nous entoure. Et cette communication, qui devient communion est fructueuse pour l'Univers, et par retour pour nous. Nous atteignons la non dualité.


Lorsque nous observons les sages, nous sommes souvent étonnés voir surpris, du peu de bien matériel dont ils disposent. C'est qu'en réalité, ils ont conscience que prendre à l'Univers n'apporte rien, bien au contraire. Cela ne fait que satisfaire notre ego. Lao Tseu dit qu'un des trois trésors qu'il a le plus à cœur est l'économie. S'il n'y avait que des sages sur notre Terre, l'emprunte carbone par habitant serait négligeable. Et pourtant, nous serions tous paisibles et dans la joie.

Dans le monde ordinaire, le vide, l'espace, est ce qui nous permet de jouir des objets. Dans notre cerveau, le silence, le vide des pensées, est ce qui nous permet de jouir de l'Esprit et de sa nouveauté. Jouir de la perception de l'instant présent est déjà très bien et suffisant. Mais jouir d'une intuition qui permet de prévoir l'instant qui va suivre est une clef qui nous est donnée, pourvu que le vide de notre pensée soit de qualité.


Faire le vide dans nos pensées, c'est mettre de côté notre mental bruyant et l'activité du cortex de notre cerveau. De la sorte, nous faisons émerger l'activité beaucoup plus discrète de notre cerveau reptilien. La différence ? L'un (le cortex) repose sur des projections basées sur nos souvenirs, l'autre (le cerveau reptilien) capte ses informations dans la perception du moment présent. Nous avons tellement l'habitude d'écouter notre cortex, que d'ordinaire nous nous identifions à lui. L'être spirituel, lui est capable d'éteindre ce mental, d'y faire naître le silence, le vide. C'est ainsi que l'être spirituel se connecte à son esprit. Si nous voulons nous éveiller, nous devons cultiver le vide de la pensée, et faire le tri dans l'espace de notre conscience.

Car c'est bien la conscience pure qui naît du vide. L'espace qui reste après que nos pensées construites se soient tues est l'espace de la conscience. Et celle-ci englobe le monde à l'instant t. Elle est aussi vaste que le monde. En voici la preuve : tout le monde dont nous avons connaissance est né dans notre conscience. Et le monde dont nous avons conscience est peu différent du monde dont a conscience notre voisin. Aussi est-il vraisemblable que nous partagions la pure conscience, celle qui naît du vide, avec tous.


Et puis, en faisant le vide, nous nous recentrons sur l'instant présent. Nous ne sommes plus, ni happés par le passé, ni projeté dans le futur. Ainsi, nous profitons pleinement de l'ici et maintenant, qui est le seul lieu où se déroule la vie. La sagesse Bouddhiste a reconnu l'importance, et la puissance, de cette vie centrée sur le moment présent. Ils parlent d'ailleurs de vacuité pour qualifier le vide de la pensée.

Avec la pratique, on finit par avoir une confiance, une foi totale en l'Esprit qui naît du vide, de l’absence de mental. La confiance en cette pure conscience établit en nous une grande sérénité. Cette victoire que nous remportons sur l'activité bruyante du mental nous met en joie. Une joie naissante mais sure, que personne ne peut nous enlever car elle vient comme une reconnaissance : celle de l'Univers vis à vis de nous-même. La joie est alors grande de se savoir aidé, accompagné par l'Univers lui-même.


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