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vendredi 18 octobre 2019

Les biens matériels



Nous possédons tous des biens matériels : un stylo, un téléphone portable, un ordinateur, et pour certains une auto ou une maison. Nous nous attachons plus ou moins à ces biens. Il n'y a qu'à voir comme nous sommes dépités de ne pas parvenir à mettre la main sur notre stylo -mais où est-il donc passé ? - . Il n'y a qu'à voir notre mine si nous perdons notre téléphone portable ! Même chose si le disque dur de notre ordinateur plante. Comment supporter une rayure sur une voiture toute neuve ? Enfin, le locataire ne verra même pas le dégât des eaux en provenance de l'appartement du dessus tandis que le propriétaire n'aura de cesse que ce dégât soit réparé. On le voit, le propriétaire d'un bien matériel s'attache à ce bien au point que souvent sa vie en dépend. Et il va modifier sa vie en tentant de recouvrer son bien coûte que coûte !
Le Tao offre au sage une attitude bien différente. En effet, le sage ne s'attache à rien, il se libère de tout attachement. Et à fortiori des biens matériels. Ceci le rend particulièrement libre. Il est libre de tout attachement, mais aussi de tout désir. Ainsi, il
ne manifestera aucun souhait par rapport à tel ou tel bien nécessaire, il se contentera de l'utiliser pour parvenir à des fins qui ne sont pas les siennes mais celles du Tao, et cela tombe bien, car le Tao, comme lui, étant sans désir, il n'aura que peu de fois à intervenir, pratiquant ainsi le Non-Agir.
Mais l'attachement aux biens matériels n'est pas le seul à nous faire souffrir, nous sommes aussi attachés à nos proches. Ainsi, Tchouang Tseu fut fort affecté par le décès de son épouse. Pourtant quelques heures plus tard ces disciples voyaient notre ami Tchouang Tseu chanter et battre la mesure sur des écuelles comme si un événement heureux venait de se produire. C'est que Tchouang Tseu eut vite fait de relativiser les événements sans s'attacher à aucune sorte de forme. Sa femme n'étant plus, elle venait de rejoindre le sans forme qui était le sien avant sa naissance. Dès lors, pourquoi s'attacher à sa présence ou à son corps qui ont rejoint le sans forme.
On le voit le détachement du Sage peut aller très loin. C'est dans un total lâcher-prise que s'opère ce détachement. La seule chose à laquelle se rattache le Sage est le Tao, et ce dernier, étant sans désir et sans agir n'offre que très peu de prise. Ainsi, le Sage Taoïste se laisse filer au grès des courants de la vie, ne faisant rien d'autre que de favoriser les mouvements du Tao qui tendent à rendre à la vie un équilibre yin/yang toujours plus parfait. Dans ce cadre, la perte d'un bien matériel n'affecte que celui qui attachait de la valeur à ce bien, elle ne perturbe pas l'équilibre yin/yang de la vie.
De plus, le Tao et son retour à l'équilibre sont ainsi faits que si une action s'avère utile pour revenir à cet équilibre, le bien nécessaire sera mis entre les mains du Sage (ou de toute autre personne présente) , rendant ainsi son action spectaculaire. Ce qui distingue le Sage d'une autre personne c'est le fait que contrairement à ce dernier, il ne se ventera pas d'avoir fait une bonne action. Un exemple de ce type d'action est le sauvetage en mer à l'aide d'une bouée. Le Sage agira vite mais dans l'ombre. L'humilité caractérise le Sage et le Tao en général.
On peut tenir le même discours au sujet du Savoir, combien de gens s'y réfèrent et s'y accrochent ! "Le sage, lui, fait de son étude le non-savoir" (Lao Tseu).


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