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samedi 7 avril 2012

Le chant de Kabir : une invitation au voyage.



XIII
La lumière du soleil, de la lune et des étoiles brille d’un vif éclat : la Mélodie de l’amour monte toujours plus haut et le rythme du pur amour bat la mesure. 
Jour et nuit le Chœur musical remplit les cieux ; et Kabir dit : « Mon Unique Bien-Aimé m’éblouit comme l’éclair au ciel. »

Savez-vous comment les instants disent leur adoration ?
Brandissant son cercle de lumières, l’Univers, jour et nuit, chante en adorant.
Là se cachent la bannière et les célestes lambris ;
Là le son des cloches invisibles se fait entendre ;
« Là, dit Kabir, l’adoration ne cesse jamais ; là le Seigneur de l’Univers est assis sur son trône. »
Le monde entier fait son œuvre et commet ses erreurs : mais peu nombreux sont les amoureux qui connaissent le Bien-Aimé.
Comme se mélangent les eaux du Gange et de la Jumna, ainsi se mêlent, dans le cœur du chercheur pieux, les deux courants de l’amour et du sacrifice.
Dans son cœur l’eau Sacrée s’épanche jour et nuit ; et ainsi s’achève le cycle des naissances et des morts.

Voyez quel repos merveilleux est dans l’Esprit Suprême ! Celui-là en jouit qui le cherche.
Tenu par les cordes de l’amour, la balançoire de l’Océan de joie va et vient ; et un son puissant éclate en chansons.
Voyez quel lotus fleurit là sans eau ! et Kabir dit : « L’Abeille de mon cœur boit son nectar. »

Quel merveilleux lotus est celui qui fleurit au cœur du rouet de l’Univers ! Seules quelques âmes pures en connaissent les vrais délices.
La musique résonne partout alentour et le cœur y participe à la joie de la Mer Infinie.
Kabir dit : « Plonge-toi dans cet océan de douceur et laisse s’envoler au loin toutes les erreurs de la vie et de la mort. » 
Vois comme, ici, la soif des cinq sens est étanchée ; les trois formes de la misère ne sont plus.
Kabir dit : « C’est le Sport de l’Inaccessible ; regardez en dedans et voyez comme les rayons de lune du Dieu caché brillent en vous ! »

Là bat le rythme de la vie et de la mort.
Là jaillissent les ravissements. Tout l’espace est radiant de lumière.
Là, une musique mystérieuse se fait entendre. C’est la musique de l’amour des trois mondes.
Là brûlent les millions de lampes du soleil et de la lune.
Là le tambour bat et l'amoureux s’amuse sur une escarpolette.
Là les chansons amoureuses résonnent de toutes parts et la lumière pleut en ondées ; et l’adorateur goûte avec ravissement au céleste nectar.
Regardez la vie et la mort : il n’y a plus de séparation entre elles. Telles la main gauche et la main droite sont elles-mêmes et pareilles.
Kabir dit : « L’homme sage restera muet ; car cette vérité ne peut se trouver ni dans les livres ni dans les Védas. »

J’ai pris place dans l’harmonieux équilibre de l’Un.
J’ai bu la coupe de l’ineffable.
J’ai trouvé la clef du mystère.
J’ai atteint la racine de l’Union.
Voyageant sans chemin je suis arrivé au pays sans douleur ; très doucement la grâce du Grand Seigneur est descendue sur moi.
On chante le Dieu infini comme s’il était inaccessible ; mais, moi, dans mes méditations, sans mes yeux, je L’ai vu.
C’est bien le pays sans souffrances et personne ne connaît le chemin qui y mène.
Seul, celui qui est sur ce chemin est allé au delà de la région des douleurs.
Merveilleux est ce pays, dont aucun mérite ne peut être le prix.
C’est le sage qui le voit ; c’est le sage qui le chante.
Ceci est l’ultime parole ; mais comment exprimer sa merveilleuse saveur ? Celui qui l’a une fois savourée, celui-là sait quelle joie elle peut donner.
Kabir dit : « La connaissant, l’ignorant devient sage et le sage devient muet d’adoration silencieuse. »
L’adorateur est totalement enivré.
Sa sagesse et son détachement sont parfaits.
Il boit à la coupe des inspirations et des aspirations de l’amour.
Là tout le ciel s’emplit de sons et la musique se joue sans cordes et sans doigts.
Là le jeu de la joie et de la douleur ne cesse pas.
Kabir dit : « Si tu te plonges dans l’Océan de Vie, tu vivras dans le Pays de la Suprême Félicité. »

Quelle frénésie d’extase il y a dans chaque heure ! L’adorateur exprime et boit l’essence des heures. Il vit de la vie de Brahma.
Je dis la vérité, car j’ai accepté la vérité dans ma vie. Je suis à présent attaché à la vérité ; j’ai balayé loin de moi tous les faux clinquants.
Kabir dit : « Ainsi l’adorateur s’affranchit de toute crainte ; ainsi le quittent toutes pensées erronées sur la vie et sur la mort. »

Là le ciel s’emplit de musique.
Là il pleut du nectar.
Là les cordes de la harpe vibrent et les tambours battent.
Quelle secrète splendeur est là dans ce château du Ciel.
Là il n’est plus question du lever et du coucher du soleil.
Dans l’océan de révélations qu’est la lumière de l’amour, le jour et la nuit ne font qu’un. 
Joie à jamais ; ni douleurs, ni luttes.
Là j’ai bu, remplie jusqu’au bord, la coupe de la joie, de la joie parfaite.
Là, il n’y a pas de place pour l’erreur.
Kabir dit : « Là, j’ai été témoin des jeux de l’Unique Félicité. »
J’ai connu en moi-même le jeu de l’Univers ; j’ai échappé à l’erreur de ce monde.
Le dedans et le dehors sont devenus pour moi un seul Ciel. L’infini et le fini se sont unis. Je suis ivre de la vue du Tout.
Ta lumière emplit l’Univers ; elle est la lampe d’amour qui brûle sur le plateau du savoir.
Kabir dit : « Là, aucune erreur ne peut entrer et le conflit de la vie avec la mort n’existe plus. »

Kabir se résume lui-même :

Aussi longtemps que l’homme réclamera le Moi et le Mien, ses œuvres seront comme zéro.
Quand tout amour du Moi et du Mien sera mort, alors l’œuvre du Seigneur sera accomplie. 
L’homme qui est bon, loyal, qui demeure calme au milieu de l’agitation du Monde, qui estime autant que soi-même toutes les créatures de la Terre,
Cet homme-là atteint l’Être Immortel et le vrai Dieu est avec lui.
Kabir dit : « Celui dont les paroles sont pures et qui n’a ni orgueil ni envie connaît Son Vrai Nom. »

2 commentaires:

  1. Magnifique ! Kabir est un Poète authentique, un Maître accompli. Merci, cher Oliver et bon week-end de Pâques

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  2. Cher âmi Oliver,

    Ici, je vois que Kabir a usé de nombreux là pour nous montrer que le Vrai nom est dans le coeur de chacun.

    Là, ton nom est le Vide, celui de Phène est la Vérité, et le mien le Silence.

    Avec toute ma sympathie, Jack le poétiste

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