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vendredi 24 octobre 2014

Sagesse Orientale : Le Japon opus 7



Lorsque je réfléchis à ce que doit être un samouraï, je suis convaincu qu'il doit être intime avec l'idée de la mort, mais la voie de la mort  n'est pas le seul fait des samouraïs.
[...]
Tant que l'on ne connaît pas la Voie véritable,  chacun croit avancer sur le bon chemin et se croit dans le vrai sans s'appuyer sur les lois du Bouddha ni les lois de la terre. Mais lorsque nous les regardons avec les yeux de la Voie véritable de l'esprit et selon les grandes règles du monde humain, on les voit trahir la Voie véritable à cause de leur propre égoïsme et de leur mauvaise vue. Connaissez l'Esprit ! Reposez-vous sur le domaine franchement juste ! Faites de l'esprit réel la Voie ! Pratiquez largement la tactique ! Ne songez qu'à la justice, à la clarté et à la grandeur ! Faites du vide la Voie ! Et considérez la Voie comme "vide" ! Dans le "Vide" il y a le bien et non le mal. L'intelligence est "être"; Les principes sont "être". Les voies sont "être". Mais l'esprit est "Vide".
Ceux qui veulent connaître ma tactique doivent obéir aux principes suivants selon lesquels ils peuvent pratiquer la Voie :
1) Eviter toute pensée perverse.
2) Se forger dans la Voie en pratiquant soi-même (et non par le jeu des idées).
3) Embrasser tous les arts (et non se borner à un seul).
4) Connaître la voie de chaque métier ( et non se borner à celui que l'on exerce soi-même).
5) Savoir distinguer les avantages et inconvénients de chaque chose.
6) En toutes choses s'habituer au jugement intuitif.
7) Connaître d'instinct ce que l'on ne voit pas.
8) Prêter attention aux moindres détails.
9) Ne rien faire d'inutile.
[...]
Si nous possédons bien cette tactique, même seuls face à vingt ou trente adversaires, ceux-ci ne pourront venir à bout de nous.

Le traité des cinq roues  XVIème siècle


[C'est l'ermite Ultra-Vide qui parle] :
Ne blessez pas les insectes là où vous posez les pieds et les mains ; ne projetez ni sperme ni humeurs hors de votre corps. Éloignez celui-ci des puanteurs et de la poussière ; coupez dans votre esprit la convoitise et les désirs égoïstes. Cessez de regarder les choses se trouvant au loin, ne permettez pas aux bruits de pénétrer vos oreilles, cessez les bavardages oisifs, ne laissez pas les épices entrer en contact avec votre langue. Développez piété filiale et loyauté, bienveillance et compassion. D'un coup de pied, rejetez au loin les richesses, comme on se débarrasse d'une écharde ; face aux honneurs du rang, ayez l'attitude qu'on a quand on se sépare d'un soulier de paille usé. Que les regards que vous portez sur les femelles aux hanches fines soient les mêmes que ceux portés aux démons, et que celui qui s'attache aux rangs et salaires soit semblable au rat en décomposition. Soyez calmes et sans agir ; tranquilles et sans désirs. Diminuez le nombre de vos actes. Quand vous aurez réalisé cela, l'étude sera facile.
[C'est le moinillon Nom d'Emprunt qui parle] :
[...]
Le filet des constances fut révélé par Confucius :
Qui s'y conforme peut entrer dans le gouvernement ;
Lao-Tseu enseigna la loi des métamorphoses ;
Qui la suit parvient au pinacle sublime.

La loi du véhicule unique du Mahayana
Contient un sens infiniment profond et mystérieux;
Cumulant le salut pour soi et pour les autres
Elle n'oublie ni les oiseaux, ni les animaux.

Kukaï  VIIIème siècle



La mise en mouvement de la grande Roue de la Loi tient [...] dans un grain de poussière. Aussi la devise "l'esprit en tant que tel est le Bouddha" n'est-elle que le reflet de la lune dans l'eau. De même, le principe selon lequel "en s'asseyant on devient Bouddha" n'est qu'un reflet dans un miroir. Ne vous laissez pas prendre au piège des mots. En recommandant, comme je le fais maintenant la pratique qui consiste à réaliser directement l'éveil, je vous indique la Voie profonde transmise directement par les Bouddhas patriarches, pour vous aider à devenir d'authentiques adeptes de la Voie.
D'autre part, pour recevoir et transmettre la Loi bouddhique, il faut prendre pour maître quelqu'un qui ait parfaitement réalisé.
[...]
Apprendre la Voie bouddhique, c'est s'apprendre soi-même. S'apprendre soi-même, c'est s'oublier. S'oublier, c'est être attesté par tous les dharmas. Etre attesté par tous les dharmas, c'est dépouiller corps et esprit, pour soi-même et pour les autres. C'est voir disparaître toute trace d'éveil, et faire apparaître constamment cet éveil sans trace.
Qui s'enquiert de la Loi bouddhique s'en trouve aussitôt éloigné de mille lieues. Mais lorsque la Loi lui est transmise correctement, il est sur-le-champ un homme à part entière.

Dogen  XIIIème siècle



Ou placer l'esprit ? Si on place l'esprit dans un mouvement physique de l'adversaire, il s'y prend. Si on le place sur le sabre adverse, il s'y prend. Si on le place dans la volonté de pourfendre l'adversaire, il s'y prend.[...] En tout cas, il n'y a aucun lieu où placer l'esprit.[...]
Alors, où placer l'esprit ? Je répondis : "Si vous ne le placez nulle part, il remplit votre corps entier et il s'étend à la totalité de votre corps.[...] Rendez l'esprit omniprésent dans votre corps, ne le fixez pas sur un endroit, mais servez-le convenablement à chaque endroit."
Il faut faire toutes choses en faisant disparaître totalement les pensées. C'est du niveau de l'expert.[...]
Tant qu"on ne peut pas oublier totalement ces pensées [faire attention à ses pas] , on ne peut prétendre à la totale possession de cet art [la danse].
[...]
Qu'on ne se réjouisse pas de la victoire et qu'on ne se fâche pas d'avoir perdu ! Il faut avoir cet esprit. Ne vous engagez pas dans un conflit en rêve et devenez un homme qui ne gagne ni ne perd...
[...]
Si on comprend la Voie, l'intelligence se manifeste dans tous les domaines.
[...]
J'ai compris cette opération spirituelle et je ne m'occupais ni de victoire, ni de perte. Je traitais tout incident l'esprit tranquille. Ainsi, j'ai échappé à des assassins et à des violents, ou bien j'ai pris en charge des situations difficiles. J'étais dans cette tranquillité spirituelle grâce à deux voies : celle de l'escrime et celle du zen.

Takuan  XVIIème siècle


Les êtres sensibles sont, à l'origine, tous des bouddhas :
C'est comme la glace et l'eau,
Sans eau, il ne peut y avoir de glace ;
Sans êtres sensibles, où trouvons-nous les bouddhas?
Ignorant que la vérité est toute proche,
Les gens la cherche bien loin - quel dommage !
Ils sont comme celui qui, au milieu de l'eau,
Crie de soif, suppliant qu'on lui apporte à boire;
Ils sont comme le fils d'un homme riche
Qui se promène parmi les pauvres.
[...]
De la pratique de la méditation proviennent les vertus de perfection telles que la charité, la moralité, etc.
[...]
Même si l'on s'entraîne une seule fois à la méditation assise,
On verra le mauvais karma volatilisé;
Nulle part on ne trouvera plus les chemins du mal
[...]
Ceux qui, ainsi retournés en eux-même, témoignent de la vérité de la Nature Propre,
Et de la vérité que la Nature Propre est une non-Nature,
Ceux-là auront vraiment dépassé le domaine de la sophistique.
[...]
Devant eux s'ouvrent les portes de l'unicité de la cause et de l'effet,
Et se déploie le chemin de la non-dualité et de la non-trinité.
[...]
Ils restent pour toujours immobiles;
Ils saisissent la non-pensée qui se trouve dans les pensées,
[...]
La Vérité éternellement paisible se révèle à eux,
Et cette terre est devenue le Pays de Lotus de Grande Pureté
Et ce corps-ci est le corps de Bouddha
[...]
Si l'on me demande : "Qu'est le véritable esprit de méditation ? " je répondrai qu'il consiste à maintenir en tout temps un cœur bienveillant et compatissant [quelles que soient les circonstances].
[...]
L'art de conserver la vie est comparable à l'art de protéger un pays. Ce que nous appelons "l'esprit" serait le prince, ce que nous appelons "l'âme" serait un ministre d'Etat et ce que nous appelons "la pensée" serait la population. Tout comme la population est le moyen de perfectionner l'Etat, le soin porté au traitement de l'âme et de la pensée est le moyen de perfectionner le corps. Quand le peuple est mené à la dilapidation, le pays périt. Quand la pensée est exténuée, le corps meurt. C'est pourquoi un prince sage met au fond de son propre cœur [ses désirs].

Quand, dans le bas de l'abdomen, tout est établi aussi immuablement qu'un rocher, avec une persistance intense, alors on n'y trouvera pas un iota de pensée illusoire, pas un atome de désir ou de convoitise[...]. Alors, le ciel et la terre sont à vos ordres, l'univers est le coursier que l'on monte[...]. Bouddha lui-même ne pourrait insérer ses mains à l'encontre d'un tel homme[...]. jour après jour, celui-là pourrait accomplir dix mille bonnes œuvres sans fatigue. On l'appellera un enfant reconnaissant du Bouddha.

Hakuin  XVIIème siècle 


Quand donc l'Occident comprendra-t-il, ou essaiera-t-il de comprendre l'Orient ?
[...]
N'est-il pas étrange, en tout cas, que de si loin l'humanité se soit rencontrée autour d'une tasse de thé ? Voilà le seul cérémonial asiatique qui emporte l'estime universelle. L'homme blanc a raillé notre religion et notre morale, mais il a accepté sans hésitation le breuvage doré.
[...]
Tous nos grands maîtres de thé furent des adeptes du Zen et ils s'efforcèrent d'introduire dans les choses actuelles de la vie l'esprit du Zennisme. Aussi la Chambre de thé et tous les objets nécessaires à la cérémonie du thé sont-ils comme le reflet des doctrines Zen.

Okakura  XIXème siècle



"Je découvris que la Voie du samouraï, c'est la mort".
[...]
"Il est donc essentiel de faire les choses de façon convenable en toute époque".
[...]
Depuis les temps anciens, les samouraïs ont presque tous été des non conformistes, fermes dans leurs dessins et courageux.
[...]
L'image qui a longtemps enrichi l'art japonais n'est pas celle d'une mort rude et sauvage, mais celle d'une mort par delà laquelle jaillit une source pure qui ruisselle constamment sur notre monde en minces filets purificateurs.
[...]
Même le suicide, qui est apparemment la manifestation ultime du libre arbitre, laisse, dans le processus même qui rend la mort inévitable, un rôle au destin, sur lequel personne n'a de prise.
[...]
A en croire certains, mourir sans avoir accompli sa mission, ce serait mourir en vain.
[...]
"La Voie du samouraï est une passion pour la mort. Il arrive que dix hommes ne puissent venir à bout d'un seul s'il est possédé d'une telle passion".

Mishima XXème siècle



L'essence de la sagesse peut être trouvée par la concentration sur le vide omniprésent, pur et silencieux où tout est vérité.

Le secret du Zen consiste à s'asseoir, simplement, sans but ni esprit de profit, dans une posture de grande concentration.Cette assise désintéressée est appelée za-zen, za signifiant s'asseoir, et zen méditation, concentration. L'enseignement de la posture, qui est transmission de l'essence du Zen, a lieu dans un dojo (lieu de la pratique de la Voie). Il est le fait d'un maître, initié traditionnellement, dans la lignée des patriarches et du Bouddha. La pratique du za-zen est d'une grande efficacité pour la santé du corps et de l'esprit.[...] Le Zen ne peut être enfermé dans un concept, ni rendu par la pensée, il demande à être pratiqué ; c'est, essentiellement, une expérience.
[...]
Ici et maintenant, notion clef; l'important est le présent. La plupart d'entre nous avons tendance à penser anxieusement au passé ou à l'avenir, au lieu d'être complètement attentifs à nos actes, paroles et pensées du moment. Il convient d'être complètement présent dans chaque geste; se concentrer ici et maintenant, telle est la leçon du Zen.
[...]
Le Maître Zen comprend dès la première parole et par le ton de la voix. Le langage n'est pas si important.[...] Le langage peut tourner en vaines discussions, c'est pourquoi le Maître Zen a toujours un bâton !
Ne pas laisser de traces par le langage.
Le silence est ce qu'il y a de mieux.
[...]
Dans notre soto Zen, l'essentiel est de voir dans l'ego vrai, l'ego naturel, l'esprit pur, l'ego pur. Sur le kyosaku, le bâton de méditation, il est écrit : "Nous devons voir en notre vrai nous-même; c'est à dire voir en vérité , dans notre esprit"
[...]
Ainsi l'esprit devient ataraxique, c'est à dire sans trouble, calme, non entravé par les conventions, non esclave d'une formule; il devient ouvert, libre, non gêné par les formalités, il agit ouvertement, franchement, indépendamment, il devient innocent, naïf, simple, mais non insensible. L'esprit devient inépuisable, intarissable, illimité. Il accède au désintéressement mais ne tombe pas dans l'oisiveté. Il ne s'attache plus à rien, il a rompu l'attachement à la vie, aux biens et aux circonstances de la vie et, comme il a déjà été dit, il abandonne toutes choses et il obtient toutes choses, car le rien est inépuisable : mu ichimotsouchu mujinzo.
[...]
Cette attitude scientifique, attitude spécifiquement occidentale et qui mène à une connaissance discursive, est une fonction du cortex, la matière grise du cerveau, et cette connaissance, qui n'est que relative, n'a rien à voir avec la sagesse. C'est uniquement une connaissance de relation et de mémoire.
Le satori, vérité absolue, a pour moyen, pour siège, la région centrale du cerveau ou centrencéphale.
Evidemment, les fonctions de cette région limité ne sont pas la sagesse illimitée, car Prajna est illimitée : le centrencéphale est la porte de Prajna.
Par le za-zen, les activités du cortex, de la matière grise s'assoupissent, et le centrencéphale peut alors fonctionner, se développer, permettant d'atteindre la connaissance illimitée. Za-zen est donc absolue vérité et non vérité relative. Pratiquer za-zen, c'est atteindre le satori.
[Parlant du nucléaire] Pourquoi la science a-t-elle conduit à cet énorme danger ? Parce qu'elle a commis la faute de séparer la matière du temps et de l'espace, alors qu'en réalité les trois sont unis.

Deshimaru XXème siècle
  

2 commentaires:

  1. On ne peut atteindre l'éveil (satori) par le biais d'une pratique quelle qu'elle soit (zazen, en l'occurrence)... Bien à Toi, cher âmie du Tao

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  2. On ne peut atteindre l'éveil (satori) QUE par le biais d'une pratique quelle qu'elle soit (zazen, en l'occurrence)...
    Bien à toi, cher âmi de la Vérité

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