Language

samedi 9 mai 2015

Les pensées et la petite voix



Permettez-moi de vous proposer une petite expérience, réalisable là tout de suite :
Commencez par fermer les yeux (enfin après avoir lu le détail de cette expérience). Essayez ensuite de ne penser à rien. Et dites-moi combien de temps vous tenez sans que votre petite voix intérieure ne vienne perturber le calme recherché.
Si vous tenez 5 secondes, c'est déjà très bien, si vous tenez une minute ou plus, alors vous êtes un expert. 
Il faut être honnête avec vous même : si une petite voix compte le temps qui s'écoule: c'est perdu, si vos pensées vous inclinent à faire un commentaire sur quelque sujet que ce soit: c'est perdu aussi.
Non, honnêtement, il est vraiment très difficile d'établir le silence dans sa tête. Même les bonzes les plus aguerris en méditation éprouvent de la difficulté, et ils préfèrent laisser filer les pensées plutôt que les stopper. 
Pourtant, il a bien du exister un temps où aucune voix ne venait perturber ce silence. Souvenez-vous, mais c'est impossible, de ce temps lointain, où vous aviez à peine deux ans, et où vous n'aviez pas acquis le langage. Nourrisson, vous ne pouviez pas penser en parole. Vos pensées étaient bien présentes, mais elles ne passaient pas par l'intermédiaire du langage. Or le langage a ceci de négatif, c'est qu'il décrit très mal le ressenti intérieur face à une situation. La quantité d'information qui passe par le langage est très maigre face à l'infini diversité de la réalité. Face au réel, votre petite voix n'a aucune chance de retranscrire avec précision l'exactitude d'une situation. 
Par exemple si vous êtes dans une forêt, votre petite voix pourra dire "quel bel arbre" mais sa beauté due au lichen qui le recouvre, à son tronc noueux et à ses branches élancées et... vous échappera. Et, si vous essayez de décrire cette beauté, vous risquez de ne pas remarquer le petit écureuil qui vient de bondir sur l'arbre voisin. 
Aussi face à l'instant présent, notre petite voix intérieure est un bien piètre outil pour profiter de l'instant. On peux même dire que cette petite voix nous sort systématiquement de la réalité. Un autre exemple est celui du mélomane qui écoute un morceau de musique et le trouve beau très beau, mais au moment ou celui ci est reconnu comme étant du Sigur Ros, le ressenti n'est plus le même, car le mélomane écoute une musique connue.
La petite voix intérieure aime ressasser le passé, autant que se projeter dans l'avenir. Très rarement elle ne traite de l'instant présent, comme on l'a vu ce n'est pas son domaine. "Ce que c'était bien ces vacances à New York. Il y avait cette jeune fille... sublime!". Toujours est-il que cette jeune fille n'est plus là, et que cette pensée fait naître un manque. Ou encore: "Où sont passées tes clés, si tu n'as pas tes clés comment vas-tu ouvrir la voiture ?" Ah cette petite voix a l'art de dramatiser : elles sont comme d'habitude dans ma poche mes clés  ! 
On le voit, pour profiter de l'instant présent, il vaut mieux ne pas faire confiance à notre petite voix intérieure, et donc ne pas se lancer dans des spéculations mentales. Or si l'on réalise que le présent est la seule réalité tangible, il vaut mieux, pour s'encrer dans la réalité, cesser d'être bavard.

Un petit détail amusant concernant notre petite voix intérieure : son volume sonore est constant. Essayez de crier fort avec cette petite voix : c'est impossible. Essayez de chuchoter, c'est là encore impossible. Étonnant, non ? 

5 commentaires:

  1. Namasté, Oliver,
    Quelle est la bouche qui prononce les mots de la voix intérieure ?... Belle semaine, âmi (le petit Atelier est momentanément en pause)

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    1. C'est vrai qu'on est en droit de se poser cette question ! Qui parle lorsque la voix intérieure entre en scène. En fait, il y a deux acteurs : tout d'abord le mental qui est très bavard et qui reflète l'activité de notre cortex. C'est de celui-la dont il est question dans mon article. Mais il y a aussi la petite voix intuitive, beaucoup moins bavarde elle, et que l'on entend que si l'on fait taire le mental. En réalité, c'est l'intuition qui préside à toute pensée. Mais très vite le mental vient se greffer dessus et nous raconte une histoire très souvent caricaturale. Par exemple : Je pense à la balade à vélo que je projette de faire dans l'après-midi. Tout de suite me vient à l'idée que mes pneus peuvent être dégonflés, que je n'ai pas de chambre à air de rechange, que mes freins sont dans un sale état, et que je serai en difficulté dans la grande descente. Bref une vision bien sombre de ce qui doit être une agréable balade. Rien n'est fait mention des jolies fleurs de printemps qui jalonneront cette étape, ni du rare cerf-volant (lucane mâle) dont je croiserai le vol et qui font de la balade réelle une balade inoubliable.

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  2. hellof Oliver !
    I know this ! ^^
    je veux dire, ce que le yoga appelle "rétention à poumons vides". sans exercices, ni rien. je ne connaissais pas cela. ça s'est mis "en place tout seul". je ne sais pas combien de temps cela dure puisque je n'y fixe pas mon attention ; mais il arrive toujours un moment où la petite voix du mental finit par se réveiller, catastrophée, dans le genre : "m'enfin, ça va bien reprendre comme d'habitude non ?"
    pour le reste, rien à dire et bonne semaine,
    ciao Oliver !
    C.

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  3. Ça me parle !!! Petit vous aviez cette voix??Moi non!!! La contradiction. Je pense qui faut être en accord simplement avec soit même pour la stopper !!! Le silence comme réponse !Intérieure bien-sûr :). Enlevé son voile!! La certitude de soit. Pas toujours évident !!!Rien je sert de courir.....!!Et si on pense à une couleur pour* où pas ,un mot où à un mot.. Est-il possible de trompé ça pensé !!? "" pour moi oui. () C amusant mais pas pour toujours,si on à fait cette gym "" dans un sens on sait là faire dans l'autre sens enfin bref!!!Il impossible voir difficile de trompé l'esprit. Et cette phrase marche dans l'autre sens. Lol dyz.

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