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vendredi 23 septembre 2016

L'Esprit

Qu'est-ce qui se passe dans ma Conscience ? D'ordinaire, des pensées envahissent ma conscience au point que celle-ci peut perdre sa vigilance. C'est ce qui se produit lorsque je conduit une voiture et que mes pensées m'envahissent au point d'avoir perdu conscience d'une bonne partie du trajet ! Ces pensées sont les miennes, je veux dire par là qu'elles sont construite sur ma propre connaissance, sur ce que je sait de mon propre passé, ou ce que j'imagine du futur. Dans tous les cas elles sont construites sur mon passé. 
D'un autre côté, je peux être vigilent, et rester en contact avec l'instant présent. Dans l'exemple où je conduis ma voiture, cela signifie que je reste attentif a ma trajectoire, virage après virage. Dans ce cas, je suis attentif à l'instant présent, je suis vierge de toute pensée parasite. Paradoxalement, cet état de vacuité est propice à l'éclosion de la pensée. 
Si je ne prends pas garde, ce sont mes propres pensées basées sur mon passé qui vont refaire surface. Mais si je suis attentif, vigilent, mes pensées vont petit à petit céder la place à l'intuition. Oh, bien entendu cela n'a rien de spectaculaire, et cette intuition est complètement soudée à l'instant présent : "freine un peu plus dans ce virage" "là tu peux accélérer", l'intuition m'accompagne. 
C'est en cela que je fais une distinction entre l'Esprit et la pensée ordinaire. L'Esprit est purement intuitif, "il vient d'ailleurs", c'est à dire qu'il ne vient pas de moi, mais de la situation que je vit. Cela peut aller du simple conseil de prudence au récit construit que l'on peut avoir lors d'une vision (voir le Bouddha bleu dans ce blog). En fait, l'Esprit vient ni plus ni moins de la situation que vous êtes en train de vivre et non des projections que vous pouvez faire dessus. Cette situation est ce qui vous concerne au plus haut point. C'est en cela que l'Esprit est de bon conseil, il ne peut vouloir que votre bien. Le suivre, être vigilant, être à son écoute, c'est être éveillé.
                                     

lundi 19 septembre 2016

Méditation

Je ne suis pas un pro de la méditation. Je ne la pratique pas assidûment, comme un fan. Mais disons que depuis 12 ans, je me retrouve une fois par semaine chez une amie pour faire une méditation de une heure. Bien sûr, ce n'est pas le vide total. J'ai beau me concentrer sur le centre de mon ventre (Tan Tien), ou sur ma respiration, l'esprit est toujours vif et revient sans arrêt à la charge. Mais bon, à l'aide de ma conscience, je le vois à l'oeuvre et ainsi, je le calme instantanément.
Les bienfaits de cette pratique sont nombreux. Déjà, cela permet au quotidien d'observer le travail de l'esprit avec sa conscience. Et ainsi de ne pas tomber dans les nombreux pièges de l'ego. Le
désir est de la sorte tout de suite vu comme tel, et remis à sa place. Et puis dans la méditation que je pratique, nous passons en revue les organes du corps avec une vision bienveillante de l'esprit sur ceux-ci. Ainsi, le cerveau, les poumons, le cœur, l'estomac, le foi, les reins, la rate, les intestins, les organes génitaux sont vus paisiblement, et avec une attention particulière en cas de douleur. Je ne sais pas si cela aide grandement, mais cela va dans le sens de l'apaisement, et aide a prévenir des maladies.
Lorsque Da Mo rentra dans le temple des moines Shaolin, il sortait d'une méditation de 9 ans (! selon
la légende). Les moines étaient malades et désordonnés. Da Mo leur inculqua la discipline et la méditation. Ainsi, il recouvrèrent leur tonus, et purent rapidement se battre contre l'envahisseur.
Enfin, la méditation est une discipline de renforcement, de recentrage sur soi. La pratiquer est bénéfique dans bien des domaines. Cela aide à mieux se connaître. Avec le temps, et la pratique, on finit par ne plus sortir de l'état méditatif. La conscience est présente et veille sur les désirs de l'ego, en les rejetant avec douceur. Peu à peu, l'ego cède la place à la conscience, qui peut au quotidien agir sans ego, sans désir personnel : c'est ce que les Taoïstes qualifient de non-agir.    

vendredi 9 septembre 2016

Le vide

Pour faire l'éloge du vide, Lao Tseu cite trois exemples : celui du vide du moyeux d'une roue qui autorise sa rotation, celui du vide au creux d'un vase qui en permet l'usage, et celui du vide des fenêtres et des portes qui rend habitable une maison. Dans ces exemples, c'est le vide d'espace qui est en jeu.
Lorsqu'on agit, on rentre en contact avec l'objet sur lequel on agit, il n'y a plus d'espace, plus de vide entre nous et cet objet. C'est par exemple le cas lorsque je bande un arc pour tirer une flèche. Cette action me met automatiquement en danger, car si la corde se casse, le risque de me prendre le retour de l'arc et de la corde est grand, et cela peut faire mal. Dans une maison, si je ne respecte pas le vide, je vais me cogner dans un mur, ce qui là encore peut faire mal. Comment respecter le vide d'espace ? En agissant le moins possible. Car
chaque acte nous expose à une réaction. Dans le film La Chorale, Gérard Juniot reprend la célèbre maxime "action... réaction". Pour toute action, vous vous exposez à une réaction. Voilà pourquoi le conseil de Lao Tseu est de ne pas agir, de mettre de la retenue.

Parfois, l'action peu sembler juste, en effet, parfois elle profite à la collectivité, et, si on ne la fait pas, quelqu'un d'autre le fera à notre place. Dans ce cas, Lao Tseu agit; il dit même que dans un contrat avec autrui, il en accepte toujours la part la moins bonne, et dans ce cas, la part la plus éprouvante est d'agir. Pourquoi Lao Tseu agit-il en pareille cas ? Tout simplement, parce que cette action est inéluctable, et que s'il n'agit pas, quelqu'un le fera à sa place, et donc dans tous les cas, le Tao aura évolué dans ce sens. Et il vaut mieux qu'un adepte du Tao agisse plutôt qu'un individu doté d'un ego qui s'enorgueillirai d'avoir agi, ou qui aurait agi en traînant des pieds.
Mais en règle générale, le non agir est de mise. Il s'agit en fait d’imiter le Tao lui-même qui n'agit pas. Les événements sur cette Terre ne sont qu'une suite de réactions de cause à effet qui prouvent bien que jamais l'Univers n'agit de son propre chef. Le Tao est neutre. Et en l'imitant, on met de la distance, du vide entre soi et le monde des hommes.

Mais, il y a une autre façon de concevoir le vide, et que Lao Tseu exploite sans réserve. Je veux parler du non désir. Car ne rien désirer, c'est accepter sans retenue ce qui advient, c'est creuser un vide dans ses pensées pour être dans une disposition d'acceptation totale. Toute pensée est très souvent liée à un désir. Etre sans désir, c'est réduire ses pensées à celles qui concernent l'instant présent, c'est donc être à l'écoute, être attentif, être en éveil. Le Tao lui-même est sans désir.

En calquant sa conduite (sans désir, sans agir) sur le Tao, Lao Tseu nous montre qu'il est possible de revenir à la pureté originelle, la pureté du vide. Qui pourrait rentrer en conflit avec une barque vide nous dit Tchouang Tseu?




vendredi 2 septembre 2016

Bonne Rentrée

C'est la rentrée des classes: pour les élèves, mais aussi pour les enseignants. Les vacances sont finies et disparaît avec elles cette légère insouciance d'une vie sans fardeau. Les responsabilités reprennent et nous avons le devoir, enseignant ou étudiant, de bien travailler.
Comment bien travailler, lorsqu'on est enseignant ? Faut-il charger les élèves à tous prix ? Faut-il suivre le rythme des élèves les plus faibles, au risque de ralentir toute la classe ? Une fois encore, la réponse est entre les deux. Une fois encore, la réponse est une question d'adaptation. Il faut repérer des les premiers cours le niveau des élèves, et se mettre à ce niveau, s'adapter à leur capacité de compréhension, leur "donner à manger à la petite cuillère", peu au début, et en accélérant le rythme dès que possible...
Si l'on planifie cette progression, c'est la catastrophe assurée, on a toutes les chances d'aller trop vite, ou trop lentement ! Il y va de l'enseignement, comme de la vie. Ce qui compte est de suivre le Tao, c'est la meilleure méthode pour respecter le flux des choses. Le mieux est de suivre son instinct, l'instinct du prof, cela existe. Mais surtout n'avoir aucun à priori.
Récemment, j'ai été très surpris par l'intervention d'un de mes étudiants. Au milieu du cours, un étudiant du fond de la classe lève le doigt, je lui donne la parole, et il me dit " Monsieur, est-ce que vous pourriez parler moins fort ". Ça alors, personne ne me l'avait jamais faite celle la ! Parler
plus fort, oui mais moins fort...! Je lui demande donc si je dois parler plus fort ? "Non non, moins fort !" En même temps j'étudie la situation : Grande salle, peu remplie, propice à la résonance, moi vieillissant qui devient dur de la feuille... Aussi-tôt, j'adapte ma voix et parle feutré, ce qui est plus difficile qu'on ne le croit.
Parfois, des étudiants voudraient qu'on en revienne aux fondamentaux, je leur dit alors de venir en discuter avec moi à l'inter cours où l'on a le loisir de développer ce qui tracasse l'élève.

A tous mes étudiants, je souhaite une bonne rentrée, a tous mes collègues, je souhaite une bonne rentrée. Et à vous, qui lisez ces lignes et qui êtes de près ou de loin concernés par la rentrée scolaire, je vous souhaite également une bonne rentrée.   

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