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vendredi 18 décembre 2020

Gouverner le Monde



Gouverner le Monde, c'est le mener inéluctablement vers sa perte. Il en va ainsi de l'architecte qui ordonne à ses artisans, de l'enseignant qui force ses élèves à ingurgiter un savoir sans fin, et bien sûr du Président de la république qui somme ses ministres d'agir.
Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que celui qui exerce son pouvoir le fait avant tout pour lui-même. Pour le pouvoir, pour le savoir, pour la gloriole. Faites le lui remarquer, et il vous dira sans doute qu'il n'en est rien, qu'il agit pour le bien, "pour la bonté et la justice" comme le dirait Tchouang Tseu. Mais en réalité il agit pour assoir son savoir, son pouvoir, son influence... Et en agissant de la sorte il contrarie la nature des hommes qui sont sous ses ordres.

Car l'homme est ainsi fait que son esprit s'emballe à la moindre suggestion ce qui conduit assez rapidement au stress. Dans ces conditions l'homme inféodé ne peut réagir sainement. Au contraire si on laisse à l'homme une parfaite liberté, celui-ci sera enthousiaste, créatif, et docile. 
Aussi pour véritablement gouverner le monde, on peut suivre la nature du Tao, en l'occurrence veiller à ne pas agir, se contenter de suivre le mouvement à la manière d'un chef d'orchestre indulgent. Féliciter le travail de ses artisans, encourager ses élèves, laisser remonter les problèmes du gouvernement depuis la base, le peuple.
Faire confiance au temps, au Tao, plutôt qu'aux lois et aux équations, aux calculs, c'est remettre la nature au centre de la vie qui nous meut. Car le Tao est le centre de la vie, et il n'a de cesse d'équilibrer toute chose. Or à quoi aspirent les hommes depuis la nuit des temps ? Une vie apaisée en harmonie, ou tout respire l'équilibre, la paix. 
Enfin c'est ce à quoi aspire l'homme sans ego. Malheureusement ce genre d'hommes n'est pas légion. L'homme et la femme sont dans leur ensemble égocentrés. Aussi, ils croient par erreur que pour vivre heureux il faut agir, gouverner le monde. Gouverner le monde pour amasser des richesses, gouverner le monde pour s'attirer le pouvoir, gouverner le monde pour plus de savoir. Mais on ne dirige pas le Tao, c'est pourquoi les grands de ce monde ne sont pas les plus heureux.

Les sages, eux ne convoitent rien d'autre que le calme. C'est pourquoi ils apprennent à faire le vide dans leur pensée. Un vide qui n'est pas un gouffre mais le siège de l'esprit du Tao. Le cœur de la nature, le cœur de la vie. Ainsi c'est au cœur d'eux-mêmes qu'ils trouvent ce qui guide leur vie : le Tao. Leur ego s'efface, reste la nature, la vie tout simplement. Cette vie n'impose rien aux autre, elle ne gouverne pas, elle est tout simplement naturelle.

vendredi 11 décembre 2020

Dépression

 
Qui n'a jamais eu un petit coup de blues ? Qui n'a jamais traversé quelques jours de déprime ? Lorsque les jours de déprime s'ajoutent aux jours de déprime, nous basculons dans la dépression. L'individu dépressif ne voit plus de raisons de s'enthousiasmer, pour lui tout devient négatif. Même les bonnes choses de la vie comme un beau gâteau d'anniversaire ne le font plus saliver. Il ne se baissera même pas pour ramasser un billet de 50 € égaré. Mais que faut-il être devenu pour en arriver là ? L'amour a-t-il quitté définitivement notre être ?
Le problème est que l'amour a été remplacé par quelque chose de proche, mais de très envahissant : le désir... Le blues survient lorsque l'on n'a pas satisfait un désir léger. Par exemple on espérait, on désirait avoir une bonne note à un devoir de français, et on a obtenu 8/20, le blues s'installe pour la soirée. Mais le lendemain on n'y pense plus. Pour la déprime, c'est un peu différent, il faut une accumulation de contrariétés qui surviennent comme autant de désirs inassouvis. Par exemple une jolie fille qui ne nous calcule même pas, une opportunité au travail qui ne se présente pas, ou tout simplement votre tartine qui tombe par terre, évidemment du côté confiture ! A bien observer, le désir est omniprésent dans toutes ces contrariétés. Le désir amoureux bien sûr, mais aussi le désir d'une belle carrière, ou plus simplement le désir de manger cette tartine à qui on a décidément pas demandé qu'elle se crashe sur le sol ! 
Subir ces contrariétés, petites comme grandes, peut ne pas nous laisser indifférent. On peut rester nostalgique du désir inassouvis. Et si les périodes de nostalgie se recouvrent, alors la déprime peut s'installer durablement. En effet, la nostalgie est une activité du mental qui nous chasse de l'instant présent. Or est-il nécessaire de le rappeler, c'est dans l'instant présent que tout se joue.
Dans ma vie, je suis passé par de longues périodes de déprime, des périodes de dépression. Mon problème ? Je désirais pour un oui ou pour un non... Tant et si bien que je finit par désirer que cela aille mieux. Je me disait en moi même : J'aimerais qu'il fasse beau, puis j'aimerais être plus mince, j'aimerais ne plus avoir mal à la tête, bref j'avais toujours le désir de quelque chose, et ce désir me tenait parce que évidemment je n'avais pas les atouts dans mon jeu pour pouvoir les assouvir. Et c'était un cercle vicieux qui finissait par tourner en boucle : "j'aimerais... j'aimerais... j'aimerais..." Je sentais inconsciemment que la spiritualité pouvait m'apporter quelque chose. Les paraboles de Jésus me semblaient pleine de sens... Et puis, j'ai croisé Lao Tseu et son Tao Te King. Dans ses paroles, il était question de Non Désir... 

Cet homme m'a sauvé d'une grave maladie. 


samedi 5 décembre 2020

Partage

 
Le partage est une attitude humaine essentielle dans nos vies. Elle est source de bonheur, de joie de vivre. Elle fait en effet plaisir à celui qui reçoit ce partage, mais aussi à celui qui le donne. Nos actions doivent être ouvertes aux autres et non étriquées, repliées sur nous-même. 
Ainsi, ce que nous recevons, nous le donnons, ce qui nous permet de recevoir plus, et cela nous le donnons encore. C'est en tous cas l'attitude que Lao Tseu préconise, et nous sentons tous que cela fait vibrer en nous une réalité avérée. Cette réalité s'oppose à l'attitude égoïste qui consiste à tout garder pour soi. 
La vertu du Tao est partagée de tous, libre à chacun de la suivre ou non. La suivre, c'est un cercle vertueux, s'en écarter, c'est s'appauvrir, se dessécher.
Et le Tao donne l'exemple, il se partage à tous. Nous partageons tous l'inconsistance de ce vide qui contient nos pensées. Ce vide ne demande qu'à être rempli, c'est pourquoi, si nous ne l'avons pas repéré,
nous confondons ce vide avec nos pensées, c'est le mental qui se met en marche qui impose un bruit ambiant qui masque le vide, qui masque toute communication. avec le Tao A l'inverse, celui qui calme son mental, qui recrée de l'espace dans ses pensée est apte à découvrir les inclinations du Tao, il retrouve l'intuition qu'il avait étant petit enfant. Cette intuition est tout ce dont nous avons besoin. Bien sûr cela ne nous garantira pas une belle maison ni une grande érudition, mais cela nous apportera bonheur et joie de vivre.
Le Bhoutan a fait ce pari de garantir à son peuple le BIB (bonheur intérieur brut) plutôt que le PIB (produit intérieur brut). C'est en fait ce que garantit le Tao de Lao Tseu. Une vie simple, basée sur l'écoute, la méditation et le partage de ces choses simples. Les choses complexes, chères demandant de
l'effort au Tao, ne peuvent généralement pas se partager. 
Aussi, suivons l'exemple du Tao qui s'offre à tous. Offrons notre vie au Tao. Mettons un masque sur notre ego. Mourrons à nous-même, et faisons vivre le Tao. "Dans le vide de l'esprit véritable, tout ce qui sauve le monde peut se déployer" dit un sutra de méditation, indiquant que vidé des pensées l'esprit du Tao est prêt à nous aider pour un monde plus beau, meilleur et plus sûr.
Car peuplé de gens égoïstes, le monde est en danger. Nous le voyons bien avec la pollution qu'infligent les pays développés au reste de la planète.
Soyons simples, privilégions l'intuition au savoir qui applique froidement une connaissance à une situation qui peut avoir évolué. Et appliquons cette intuition sans s'enorgueillir de son efficacité, car comme le dit Lao Tseu, le Saint Homme s'efface devant son oeuvre, qu'il partage avec tous.

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