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mercredi 31 décembre 2014

Tao Te King chapitre 7




Le Ciel et la Terre sont éternels. S'ils durent toujours, c'est qu'ils ne vivent pas pour eux-mêmes.
C'est précisément ce qui leur permet de durer indéfiniment.

C'est pourquoi se mettant à la dernière place, le Saint Homme retrouve la première ;
oubliant son ego, il conserve son identité.
Parce qu'il ne poursuit pas des buts égoïstes, il réalise à la perfection ce qu'il entreprend.

mardi 30 décembre 2014

Tao Te King chapitre 6



L'esprit profond du Tao ne meurt jamais;
on l'appelle la Femelle mystérieuse.

La porte de la Femelle mystérieuse s'appelle la Racine du Ciel et de la Terre.
Elle dure perpétuellement et se dépense sans s'user. 

lundi 29 décembre 2014

Tao Te King chapitre 5



Le Ciel et la Terre sont neutres ; pour eux, tous les êtres sont comme des chiens de paille - [des marionnettes mues par le Tao, vouées au sacrifice] -. Le Saint-Homme n'a pas de préférence ; pour lui, les Cent familles sont comme des chiens de paille.

L'intervalle entre Ciel et Terre ressemble à un soufflet de forge,
vide mais inépuisable, dont le mouvement produit un souffle croissant.

Parler beaucoup épuise sans cesse ; mieux vaut garder le milieu.

dimanche 28 décembre 2014

Tao Te King chapitre 4



Le Tao est vide, mais insondable,
Quel abîme !

Il semble être le géniteur des dix mille êtres,
Il tempère ses ardeurs,
Illumine l'obscur,
Modère la lumière,
Unit la poussière,

Oh ! qu'il est pur !

Il semble subsister de toute éternité. Je ne sais de qui il pourrait être le fils; il parait être antérieur à Dieu lui-même.

samedi 27 décembre 2014

Tao Te King chapitre 3




Ne pas glorifier les mérites pour que le peuple ne se lance pas dans une compétition stérile;
Ni estimer les biens rares, pour que le peuple ne vole pas;
Ni étaler ce qui excite la convoitise, pour que les cœurs ne soient pas troublés.

C'est pourquoi le Saint-Homme a pour règle de :
faire le vide dans le cœur,
emplir modérément le ventre,
affaiblir la volonté,
fortifier les os,
faire en sorte que le peuple soit sans avoir et sans désir,
et que ceux qui le pourraient n'osent pas agir.

Il pratique le Non-agir et il n'est rien qui ne soit bien dirigé certes ! 

vendredi 26 décembre 2014

Tao Te King chapitre 2



Tous sous le ciel reconnaissent le beau mais font ainsi naître le laid !
Tous reconnaissent le bien et font naître le mal !
C'est ainsi que l'être et le non-être naissent l'un de l'autre,
que le difficile et le facile s'accomplissent l'un par l'autre,
que mutuellement le long et le court se délimitent,
le haut et le bas se toisent,
le son et la voix s'harmonisent,
l'avant et l'après s'enchaînent.

C'est pourquoi le Saint-Homme demeure dans le Non-agir.
Il enseigne sans parler.
Tous les êtres agissent, et il ne leur refuse pas son aide.
Il produit sans s'approprier, travaille sans rien attendre, accomplit des œuvres méritoires sans s'y attacher, et, justement parce qu'il ne s'y attache pas, elles perdurent.

jeudi 25 décembre 2014

Tao Te King chapitre 1




Ce qui peut être écrit n'est pas le Tao
Ce qui peut être dit n'est pas le Tao

Sans nom, il est source du ciel et de la terre.
Avec un nom, il est la mère protectrice des dix mille êtres.

Aussi, un Non-désir éternel est son essence,
mais le Désir éternel génère des limites.

Ces deux états forment un tout inséparable, et différent seulement de nom.
Pensés ensemble : mystère ! Mystère des mystères !

C'est la porte de tous les possibles.

mercredi 24 décembre 2014

Joyeux Noël


Noël arrive, et avec lui sa cohorte de cadeaux.
Ce que je vous propose n'est pas une nouveauté, car le Tao Te King a 25 siècles d'âge !
Seulement voilà, je voulais vérifier que cet ouvrage était plus lumineux qu'il n'y parait à première lecture, car le Tao obscurcit parfois mais surtout éblouit de traits de génie.
J'ai donc repris la traduction des "anonymes" Marc Haven et Daniel Nazir et je me suis aidé de la traduction de Stanislas Julien et de celle de Daniel Giraud que l'on vient de m'offrir.
Celle de Daniel Giraud étant proche du mot à mot, cela m'a permis de déceler le travail des autres traducteurs me permettant parfois d’ôter, plus rarement d'ajouter pour faire sens à ce qui me paraissait encore obscure.
Cest donc une version très proche de celle de Marc Haven et Daniel Nazir que je vous propose, avec quelques modifications de mon cru. Cela n'a aucune prétention. Et si vous trouvez encore certains passages peu clairs, je suis prêt à en débattre avec vous.

Joyeux Noël !

vendredi 19 décembre 2014

Agir sans agir



Voici un livre que m'a envoyé mon anonyme préféré(e), dont le titre "agir sans agir" est, pour le taoïste que je suis devenu, très évocateur.


Dans sa non action, le Tao est des plus actifs. Autour de nous, les arbres bougent, le vent souffle, le chat trottine sur le trottoir, un couple d'amoureux se tient par la main, le soleil et la lune suivent leur révolution à travers les astres... Une succession de cause et d'effets s'entremêlent, et ne sont possible que grâce à l'équilibre du tout (non agir du Tao). Bref tout bouge autour de nous. Et cela se fait sans nécessiter le moindre effort de notre part. 
Voilà qui d'un point de vue spirituel est voué à l'échec !
Seulement voilà, il faut bien se nourrir. Il faut bien trouver un moyen d'avoir de l'argent, faire ses courses, faire la cuisine, la vaisselle etc. La vie nous impose des tâches. Faut-il ne pas s'y conformer ? Certains d'entre-nous se lancent à corps perdu dans ces tâches quotidiennes, et se laissent submerger par elles. Pourtant, il est possible de gérer ce quotidien avec économie. N'agir que lorsque c'est vraiment nécessaire, et surtout lorsque l'occasion se présente ou lorsque le besoin s'en fait sentir.
Aussi, l'apprenti Taoïste va se désinvestir peu à peu de ces tâches quotidiennes pour ne garder que l'essentiel et ainsi avoir tout le loisir de suivre le Tao. Petit à petit, ce sont les tâches elles mêmes qui vont se fondre dans le Tao et notre apprenti Taoïste n'aura plus même l'impression d'agir, c'est le miracle de la non action, de l'amour. Car suivre le Tao donne des ailes, tout semble se faire sans le moindre effort. Il s'agit en fait d'un retour naturel à l'équilibre. Ce qui demande des efforts, ce sont des actes déséquilibrés. 
Non agir, c'est un peu comme glisser sur la glace,
sans effort.

Passer une journée d'action dans l'inaction est d'une richesse incroyable. On ne se fixe aucun but, et on se laisse aller au gré du vent ivre de découvertes, de nouvelles sensations, capable de braver des interdits et de découvrir de nouveaux horizons. Lorsque l'on vit cela, il y a comme une exaltation, à croire que le Tao vous en sait gré. Et en fait, c'est bien ce qui se produit. L'univers dans lequel on évolue nous remercie à sa manière d'avoir retrouvé l'Unité existentielle. En fait l'univers ne peut agir que par relation de cause à effet. Mais lorsque l'objet et la cause sont de même nature, l'effet se trouve amplifié par cet équilibre des forces. C'est ce qui se produit lorsque l'homme humble se met au niveau de la nature qui l'entoure.
Il y a de la magie dans l'effet ressenti. C'est à la fois naturel et magique. C'est ce que l'on nome communément l'Eveil.


vendredi 12 décembre 2014

L'art d'être conscient

L'état de pure conscience est souvent assimilé à l'éveil. Le lecteur incrédule sera tenté de dire, mais moi, je suis conscient, je suis donc éveillé! Et la réponse est oui et non. Non, bien sur, car l'homme ordinaire se berce de l'illusion d'être un être séparé, ses actes sont guidés par ses désirs et non par le Tao. Mais la réponse est aussi oui, car l'homme ordinaire, humble, nu, est le point de départ auquel il convient de revenir pour prétendre à l'éveil.

Alors on est en droit de se demander, en quoi consiste l'art d'être conscient ?
Comme on vient de le dire, être conscient nécessite d'être libre de l'emprise de l'ego. Il faut donc lâcher prise de toute pensée ayant rapport à sa petite personne. Il faut donc lâcher un à un les désirs, mais aussi les peurs et les angoisses. Faut-il pour autant se couper des sens et des sensations ? Non! C'est tout l'inverse. Tout le corps doit être en alerte. En fait l'être conscient est presque intuitif, presque instinctif. Cela veut dire qu'il fait passer la perception de son environnement avant lui-même. Je ne penses pas que l'on puisse dire pour autant qu'il soit primaire, grossier. Pour s'en convaincre, il suffit de lire quelques chapitres du Tao Te King ! Lao Tseu est tout le contraire d'un être primaire, c'est un homme réfléchi et tout ce qu'il y a de plus logique. Cependant, Lao Tseu a vu l'intérêt qu'il y avait pour un homme de renoncer à ses désirs et de non-agir, c'est à dire d'agir en conformité avec le Tao, qui, lui aussi est pur non-agir. Cet intérêt provient du fait que la démarche du non-agir et du non-désir ouvre la porte à une dimension spirituelle de l'être. Lao Tseu dit que "le monde est chose spirituelle".
Autrement dit, l'homme qui s'attache à des biens matériels, à un savoir ou a des êtres chers, voir à lui-même, se coupe de cette dimension spirituelle du monde et manque l'éveil.
Aussi, l'art d'être conscient s'apparente un peu au striptease. Il s'agit d'un effeuillage progressif des attributs que l'on croit être nécessaire à sa propre personne. Il ne s'agit pas d'une perte de sa personnalité, mais d'un acte de purification.
Etre conscient, c'est être en contact avec le Tao, avec la perception fine des choses. Cette perception est impossible, si le mental pollué par l'ego est présent voir envahissant.
L'art d'être conscient, c'est donc vivre sans son mental, ou plutôt en ne lui conservant que les tâches de survie, ce qui tous comptes faits est sa seule raison d'être.
Par exemple un artiste peintre pourra se fier à son instinct ou a son mental pour peindre sa toile. Dans le premier cas, il s'agira d'un trait de génie, dans l'autre d'une composition "alimentaire".
Un autre nom pour la pure conscience est l'Esprit.
Ce qu'il y a de remarquable pour celui qui s'est patiemment effeuillé au point d'être nu, totalement réceptif, c'est que les pensées de l'Esprit qui naissent en lui sont toujours bienveillantes pour l'être est son environnement. Par exemple, peu à peu, il deviendra végétarien pour ne pas nuire aux animaux.
La pure conscience, ce n'est que du positif !
Se purifier n'est pas évident, c'est pourquoi il s'agit d'un art, l'art d'être conscient.    

Librement inspiré de la page facebook, l'art dêtre conscient.

samedi 6 décembre 2014

Les deux barques (version Zen)


Vous vous souvenez peut-être de l'histoire des deux barques de Tchouang Tseu :

"Imaginez une double barque traversant un fleuve. Qu'une autre barque vide qui dérive vienne à la heurter, les mariniers fussent-ils des hommes d'esprit mesquin, ne se fâcheront pas. Mais s'il y a un homme dans la barque, ils crieront pour qu'il la gare. S'il ne les entend pas, il crieront une deuxième fois; s'il ne les entend toujours pas, ils le poursuivront d'injures. En résumé, la barque n'excite pas la colère si elle est vide; elle ne la provoque que lorsqu'elle est occupée. Ainsi qui pourra faire du mal à celui qui aura su se vider de son moi?"

Voici la version Zen de cette histoire :




La barque et les deux moines :

Un soir d'automne, le brouillard épais masque presque entièrement la rivière Saïtama. Un moine et un jeune novice s'apprêtent à la traverser sur une barque légère. Les flots sont jaunes et tumultueux, un vent violent s'est levé :
"Maître, je sais bien que l'on nous attend au monastère de Rishiko, mais ne serait-il pas prudent de remettre notre visite à demain? Nous pourrions manger une boulette de riz, et dormir dans la hutte de branchages que j'aperçois là-bas.
-..."
Son maître gardant silence, Kasuku se résigne à embarquer, et commence à ramer. On ne voit de l'autre rive qu'une ligne sombre perdue dans le brouillard.
"Maître, la rivière est large et le vent qui souffle par le travers nous empêche d'avancer à notre gré.
-..."
Une dizaine de minutes s'écoulent, qui semblent une heure à Kasuku. Il rame en silence, le cœur inquiet. 
Soudain, lâchant les rames, il se dresse, le bras levé :
"Maître, Maître ! Regardez cette barque qui émerge du brouillard, elle vient droit sur nous !
-...
- Maître, elle va nous heurter, nous éventrer, nous allons chavirer. Ohé, du pilote ! Oh, oh, du pilote ! Si je tenais celui qui gouverne cette embarcation, je lui assénerais un bon coup de bâton qui lui ôterait l'envie de mettre en danger de saints hommes comme nous.;;
-...
- Maître, voyez la barque approche, elle va nous éperonner de sa proue effilée. J'aperçois maintenant le pilote, ce timonier assassin dort paisiblement !
-...
- Maître, la barque est tout près ! Par brahma ! Que ce pilote criminel soit maudit, que le cycle des renaissances s'étende sur un million d'années, qu'il soit chacal, hyène, rat, punaise..."
A l'instant du choc, un remous opportun, ou une manœuvre habile du maître, écarte le danger, et les deux barques indemnes poursuivent leur chemin.
"Tu as observé l'intérieur de la barque, Kasuku ? demande le moine zen.
- Oui, Maître. La forme que je prenais pour un homme était un sac de grains.
- Dis-moi, Kasuku, contre qui t'es-tu emporté ?"


Extrait de :"Les plus beaux contes zen" de Henri Brunel chez calmann-lévy. 

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