Qui n'a pas entendu le discours d'un enseignant, d'un maître ou même d'un sage, rentrer dans des considérations alambiquées et faire appel à des notions tellement subtiles que la compréhension se perd et que le fruit de l'enseignement est flétri avant même d'avoir été transmis.Pour éviter cela, une solution est de prendre des exemples qui illustrent le propos. Tchouang-Tseu est maître en la matière.
Ses aphorismes mettent en scène des personnages qui lui sont contemporains et à qui il arrive des aventures face au Tao. Il va même jusqu'à se mettre en scène lui-même. Les lecteurs que nous sommes perdent une parti de la profondeur de ces textes car n'étant plus contemporains de ces personnages, nous perdons la caricature faite par Tchouang-Tseu. Il nous faut en effet imaginer ce que deviendraient ces histoires si les personnages principaux étaient Donald Trump, Nicolas Hulot, ou encore Pierre Rabbi.
Confucius qui a traversé les âges est vertement critiqué par Tchouang-Tseu, connaissant le personnage et son oeuvre, ces histoires nous distillent toutes leurs saveurs. En voici un exemple :
"Confucius dit à Yen Houei : "Houei, viens donc m'écouter. Ta famille est pauvre, ta situation est humble. Pourquoi ne chercherais-tu pas à obtenir quelque charge ?
- Non, dit Yen Houei, je n'en veux pas. J'ai cinquante arpents de champs hors de la banlieue, qui me fournissent ma bouillie, et deux arpents dans la banlieue qui me fournissent soie et chanvre; jouer du luth suffit à mon plaisir. Non, je ne chercherai pas à obtenir une charge.
- Excellente est ton idée, dit Confucius qui avait changé de visage. J'ai entendu dire ceci :"Qui sait se contenter de peu ne s'embarrasse pas de profit; qui ne se préoccupe que de se trouver lui-même, ne s'afflige d'aucune perte; qui recherche sa perfection intérieure ne s'afflige pas d'être sans situation sociale." Depuis longtemps j'ai récité ces paroles de sagesse. Mais maintenant seulement je viens de les voir appliquées par Houei.
C'est la mon gain."
Vous prendrez bien la charge de mon ministère, mon cher Edouard. |
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