Lorsque l'on est sous l'emprise du mental, on cogite souvent et l'on compare systématiquement une situation nouvelle au connu, à ce que l'on croit être la vérité. Ceci permet de se faire une opinion quand ce n'est pas un jugement : bien ou mal, beau ou laid, long ou court... Le mental fait des calculs, il est dans le quantitatif, et ces calculs l'amène a faire des jugements non seulement sur le présent mais aussi sur l'avenir. Lorsqu'il compare avec ce qui est connu, le mental travail sur la mémoire, le passé. Lorsqu'il est confronté à une problématique, il imagine un scénario pour se sortir d'affaire , et dans ce cas, instinct de survie oblige, le pire des scénarios est envisagé : le mental envisage le pire avec les conséquence que l'on sait (déprime, vague à l'âme...) sur l'individu. Mais dans ce cas, il travail sur l'avenir.
Par contre il est un domaine sur lequel le mental n'a pas de prise : l'instant présent. En effet, comme on vient de le voir le mental construit son opinion à partir du passé soit pour comparer, soit dans le futur pour imaginer, et ce faisant, il plaque son opinion sur le présent , le passé ou le futur sans laisser au présent d'espace pour être ce qu'il est, et uniquement ce qu'il est. Cette posture "castratrice" ne laisse aucune place à la fraîcheur, à la virginité de l'instant.
Si au contraire on fait preuve de spontanéité, une spontanéité presque naïve, en se laissant guider d'instant en instant par la situation, soit par ce qu'exige l'extérieur (mon environnement) soit par ce qu'exige l'intérieur (mon ressenti), on sera à même de faire fructifier le Tao.
Dans l'instant, on peut agir, mais si l'on réfléchit, c'est fini, on n'est plus dans l'instant et le synchronisme avec le Tao sera perdu. La spontanéité permet de surfer sur la vague de l'instant présent. Cela peut apparaître comme une servitude, mais en réalité c'est tout le contraire. L'homme qui se soumet à l'instant présent qui oblige son mental à rester calme va dans le sens du Tao, et comme ce dernier est sans désir, tous les possibles s'offrent à chaque instant.
Ce qui fait alors évoluer et agir l'homme du Tao, c'est l'instinct, l'intuition. En effet, l'intuition peut se lover dans le bref espace qui sépare l'observation de l'action. Très souvent l'homme du Tao n'agit pas, il reste dans la contemplation, car comme le Tao, il est sans désir. Mais bien que recueilli dans le Non Agir, ses actes - le peu qu'il effectue - sont en revanche eux spectaculaires, en effet l'homme du Tao agit au synchronisme de ce dernier, utilisant toute la force du Tao, qui est inépuisable. Ceci est d'autant plus spectaculaire que l'homme du Tao habitue son entourage au calme et à la retenue.
Sinon, l'homme du Tao va au fil de l'eau, d'instant présent en instant présent n'ayant aucune attache, aucune envie, aucun but; spontané.
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