Accepter ce qui est

 

Il est des pratiques qui font grandement avancer sur la voie.

Accepter ce qui est en est une. Cela exige en effet d'être sans désir vis à vis de ce qu'il advient. C'est donc un Non-Désir de tous les instants que l'on est conduit à mettre en place. C'est une pratique radicale enracinée dans la vie de tous les jours et même instant après instant. On est donc amené à accepter la bonne fortune mais aussi à accepter l'infortune. Accepter la bonne fortune n'exige pas de grands efforts et pourtant qui sait si cette cause n'aura pas de grands effets et parfois néfastes ? Par exemple un étudiant qui réussit un concours devra migrer dans une ville nouvelle, trouver un appartement etc. Accepter l'infortune est moins naturel, et souvent on refuse et l'on doit subir une grande frustration. Accepter, c'est passer outre cette frustration (accepter sa condition, c'est ne plus jamais s'en lasser dit Lao Tseu). C'est se dire que le revers que l'on subit ne peut pas durer indéfiniment. Et comme très souvent, avec le Tao, ce pourra être un mal pour un bien.

Ce que l'on accepte, c'est l'état du Tao. Les choses, dans la ronde des causes et des effets, ont abouti à l'instant présent, et on ne peut plus revenir en arrière. Un vase s'est cassé, nous l'avons laissé tomber, on ne peut plus revenir en arrière, et l'on sait bien que le recoller ne lui rendra pas sa belle prestance.

En fait, accepter ce qui est, est un acte d'amour vis à vis de l'Un qui se met en quatre pour nous amener et nous offrir cet instant présent. C'est vivre avec le Bien-Aimé de Kabir. Car si l'on admet le mystère de la Vie, le mystère du Tao, on ne peut être que reconnaissant envers l'Absolu de nous offrir notre vie instant après instant. Avez-vous déjà remercié Dieu, l'absolu, pour ce qu'il vous apporte ? Le faire instant après instant, c'est remettre l'Absolu à sa juste place. Exit l'ego et ses désastres. Vive l'amour universel !

Et si l'on essuie des revers, ceux-ci ne peuvent durer longtemps nous dit Lao Tseu. En fait, c'est notre état d'esprit qui pourra nous donner l'impression que nos déconvenues durent longtemps. Car l'homme déprimé voit tout en noir et se fait berner par le voile de l'illusion cher aux bouddhistes.

Accepter c'est aussi agir spontanément, car Dieu, ou le Tao, ne peut nous en vouloir d'agir ainsi.

Faire de Dieu son bien aimé, son Amour, c'est avancer à grand pas sur la voie de la Félicité. C'est vibrer au diapason du Tao, c'est l'illumination, l'Eveil, la libération.

Et il suffit d'accepter pour réaliser ce qui est.