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vendredi 6 mai 2011

Le couteau du boucher

Bonjour, voici une petite histoire de Tchouang Tseu (pour faire plaisir à Alex)
Le boucher du prince Hoei de Leang dépeçait un bœuf. Sans effort, méthodiquement, comme en mesure, son couteau détachait la peau, tranchait les chairs, disjoignait les articulations.



— Vous êtes vraiment habile, lui dit le prince, qui le regardait faire.
— Tout mon art, répondit le boucher, consiste à n’envisager que le principe du découpage. Quand je débutai, je pensais au bœuf. Après trois ans d’exercice, je commençai à oublier l’objet. Maintenant quand je découpe, je n’ai plus en esprit que le principe. Mes sens n’agissent plus ; seule ma volonté est active. Suivant les lignes naturelles du bœuf, mon couteau pénètre et divise, tranchant les chairs molles, contournant les os, faisant sa besogne comme naturellement et sans effort. Et cela, sans s’user, parce qu’il ne s’attaque pas aux parties dures. Un débutant use un couteau par mois. Un boucher médiocre, use un couteau par an. Le même couteau me sert depuis dix‑neuf ans. Il a dépecé plusieurs milliers de bœufs, sans éprouver aucune usure. Parce que je ne le fais passer, que là où il peut passer.
— Merci, dit le prince Hoei au boucher ; vous venez de m’enseigner comment on fait durer la vie, en ne la faisant servir qu’à ce qui ne l’use pas.
Cette histoire nous enseigne avec simplicité que la vie est un parcours dont il est possible d'éviter les obstacles. Si nous allons dans le sens du Tao, nous sommes portés par l'énergie. Si l'on n'en fait qu'à sa tête, la dépense énergétique nous use inexorablement. Tel est le "secret" de longue vie.
Oliver

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