Quand il était jeune disciple, Lie-tzeu aimait à se promener. Son
maître Hou-K’iou‑tzeu lui faisant rendre compte, lui demanda :
— Qu’aimes‑tu dans la promenade ?
Lie-tzeu dit :
— En général, c’est une détente reposante ; beaucoup y cherchent le
plaisir de considérer ; moi j’y trouve le plaisir de méditer ; il y a
promeneurs et promeneurs ; moi je diffère du commun.
— Pas tant que tu crois, dit Hou-K’iou‑tzeu ; car, comme les autres, tu
t’amuses. Eux s’amusent visuellement, toi tu t’amuses mentalement. Grande est
la différence, entre la méditation extérieure, et la contemplation intérieure.
Le méditatif tire son plaisir des êtres, le contemplatif le tire de soi. Tirer
de soi, c’est la promenade parfaite ; tirer des êtres, c’est la promenade
imparfaite.
Après cette instruction, Lie-tzeu crut bien faire en renonçant
absolument à se promener.
— Ce n’est pas ainsi que je l’entends, lui dit Hou-K’ioutzeu ;
promène‑toi, mais parfaitement. Le promeneur parfait marche sans savoir où il
va, regarde sans se rendre compte de ce qu’il voit. Aller partout et regarder
tout dans cette disposition mentale (abstraction totale, vue globale, rien en
détail), voilà la promenade et la contemplation parfaites. Je ne t’ai pas
interdit toute promenade ; je t’ai conseillé la promenade parfaite.
Lie Tseu
Équilibrer le ressenti intérieur et la perception extérieure, ne pas se faire emporter ni par l'un ni par l'autre, être conscient de cela, juste observateur, ne pas agir mais se laisser guider par la réalité des faits sans rien conceptualiser par le mental. Telle est la leçon non dualiste de Hou-K'iou-tzeu.
Bonjour Oliver,
RépondreSupprimerOui, cheminer au-dehors tout en demeurant au-dedans... Bien à Toi, âmi du Tao