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vendredi 13 novembre 2015

Du Désir à la Joie : 4 : Le mental


Du Désir à la Joie : Chapitre 4 : Le mental


Il y a dans notre tête une petite voix qui parle, on ne peut ni hausser ni baisser le volume de cette voix. Si nous nous identifions à elle, c'est qu’étant la notre, elle est forcément la voix de la raison ! Comment pourrions-nous avoir tort dit l'ego? Ces raisonnements que fait la petite voie pour nous à longueur de journée, c'est ce que l'on appelle le mental. Nous pensons que cette petite voie fait partie intégrante de nous-même, qu'elle a toujours été là pour nous aider, nous accompagner. Pourtant, quand nous étions nourrisson, nous n'avions pas encore le langage ! Pas de parole, pas de voix ! 
Il est intéressant d'observer que les animaux n'ont pas un cortex assez développé pour élaborer le langage. Sans doute n'on-t-il pas cette petite voix comme compagnon ? Et sans doute est-ce ce qui explique que la folie soit si peu développée dans le règne animal, et si importante chez l'humain. Or le langage est symbolique, il ne retranscrit qu'une infime partie de la réalité. Par exemple, si je dit un "chat", je ne sait rien de sa couleur, de la longueur de ses poils, de son odeur... Pourtant, si j'observe ce chat, je peux connaître, ou mieux, ressentir toutes ces choses. On voit donc la différence entre le mental et l'expérience directe.

Pourtant cette petite voix effectivement nous rend dingue ! Que fait-elle ?


Parfois, elle nous remémore des événements du passé. Ce faisant, elle nous plonge dans une certaine mélancolie, car le passé était en général mieux. Et puis, par ces évocations du passé, elle nous sort de l'instant présent, qui est l'unique lieu de la vie. Elle peut aussi imaginer l'avenir, et souvent, elle cherche le spectaculaire. C'est pourquoi elle imagine des scénarios catastrophe, tant elle est consciente du fait que plus son intervention est digne d'intérêt, plus elle aura gagné en attirant notre attention. C'est ainsi qu'elle nous extrait également de l'instant présent. Et dans le présent que fait-elle ? Eh bien, parfois, elle nous accompagne dans notre tâche, comme pour moi par exemple quand j'écrit ces lignes. Idem lorsque nous suivons une recette de cuisine. Dans l'action, souvent le mental se concentre sur la tâche, ce qui calme son activité. Mais, ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, lorsque nous conduisons sur la route, il n'est pas rare de nous demander : "quel chemin ai-je pris durant les dix dernières minutes ?" Si nous essayons de nous en souvenir, c'est impossible ! Par contre les dernières vacances au ski que vient de me remémorer mon mental durant ces dix minutes, ça je m'en souvient. Dangereux non ?


On le voit, lorsqu'elle est décalée de l'instant présent, l'action du mental est plutôt de nature à parasiter notre vie. Elle handicape en effet notre capacité d'action et d'attention. Or certaines personnes ont un mental hypertrophié. Souvent, elles veulent bien agir, mais en pensant à autre chose, elles font tout de travers, le stress grimpe, et ces personnes sont malheureuses. Mais elles veulent quand même bien faire, alors elles chargent un peu plus la mule, et le mal-être ne fait que croître ! Derrière cette attitude se cache le désir de bien faire. Ces personnes cherchent à résoudre le problème en donnant toujours plus d'elle même, alors que ce qui résoudrait leur problème serait de lâcher prise, de se tourner un peu plus vers elles-mêmes, et de voir avec calme ce qui peut être fait dans l'instant.

Le stress est un peu comme la partie émergée de l'iceberg des troubles que peut déclencher l'hyper-activité du mental. En effet, un mental envahissant est souvent la cause de troubles psychiques c'est certain, mais aussi la cause de nombreuses maladies. Vous me direz, quel rapport peut-il y avoir entre une activité mentale et un dérèglement purement physique ? Et bien là il faut introduire quelques notions d'anatomie du cerveau. Celui-ci se décompose en trois parties : le cerveau limbique au centre, le cerveau reptilien en dessous (connecté à la moelle épinière) et le cortex qui coiffe le tout. Souvent, on parle d'activité cérébrale pour qualifier le rôle du Cortex, comme si les deux autres cerveaux ne jouaient aucun rôle. Et bien, l'activité du Cortex c'est justement le mental. Que fait le cerveau limbique ? Il est le siège de nos émotions (la peur, la lassitude, la joie, la frustration, la déception...). Et le cerveau reptilien ? C'est le cerveau le plus archaïque en ce sens que nous l'avons en commun avec les reptiles qui étaient les premiers à peupler la planète. Le rôle de ce cerveau est de nous fournir un certain nombre de réflexes, Il nous dote des instincts de survie, mais aussi de l'intuition. Un rôle important est celui de régulateur. C'est lui qui régule la température, la circulation des fluides... Lorsque nous ne faisons pas attention, c'est lui qui règle le rythme respiratoire (il est intéressant de constater que la respiration est le seul flux sur lequel le cortex peut avoir de l'influence).


Même si le rôle de chacun des cerveaux est bien défini, il ne faut pas croire qu'il n'y ait aucune influence de l'un sur l'autre. Et notamment, lorsque le cortex est hyper-activé par le mental, les deux autres cerveaux sont perturbés dans leur fonctionnement, avec pour conséquences, une augmentation de l'émotivité due à la perturbation du cerveau limbique, et un dérèglement des organes du corps dus à la perturbation du cerveau reptilien. Ceci étant la cause de nombreux dérèglements pouvant facilement générer des maladies.

Pour contrecarrer les désagrément d'un mental hyper-actif, il est un remède très efficace : la méditation. En effet, en méditation, on apprend à "éteindre" le mental. On le fait petit à petit, en le calmant par la concentration (par exemple sur la respiration), en l'observant, et en laissant filer les pensées, et finalement en l'éteignant pour quelques minutes. Dès lors, on est en contact avec les intuitions du cerveau reptilien. D'où viennent ces intuitions ? C'est quelque peu mystérieux, mais elles n'ont rien à voir avec les constructions du mental. En étant coutumier de la méditation, on finit par vivre au quotidien sur un mode intuitif, laissant de côté l'action du mental. Or le mental, c'est celui qui désirait pour nous. Vivre sans mental, c'est vivre sans désir. Et l'intuition qu'on attendait pas, qu'on ne désirait pas, nous apporte la joie de la découverte, exactement comme lorsque nous étions petit enfant.


La santé physique et mentale, c'est le non-mental, le non-désir.

2 commentaires:

  1. Génial ! Simplement génial ! Là où la spiritualité et la science se rencontrent. Merci Oliver (et je t'envoie mes plus belles pensées en ce jour triste).

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  2. C'est mon instructeur en Qi Kong qui m'a le premier parlé des 3 cerveaux. Je ne sais pourquoi ça n'est pas plus reconnu dans le domaine de la spiritualité. Le fait est que cela ôte une parti du mystère...

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