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samedi 21 janvier 2017

Une journée en Tao



Printemps 2011 :

  1. Il est quatre heure du matin, je n'ai plus sommeil. Je me lève et m'habille furtivement pour ne pas réveiller ma femme. Je me tourne vers mon ordinateur en veille et je me dis que j'écouterais bien une chanson d'Etienne Daho avant de partir. Je cherche la chanson sur Deezer, ils ne l'ont pas ! Tant-pis, ou peut-être tant mieux, car sans désir, tout va bien ! Au cours de la journée qui s'annonce, j'aimerais rejoindre mon Maître qui habite à la Grande Motte et l'inviter à faire un peu de spéléo. Je prépare donc deux casques et un peu de matériel pour parcourir une grotte facile d'accès. Une fois bouclés, je prends mes deux sacs, dans l'un se trouve mon ordi au cas où j'ai le loisir d'aller travailler. Je prends également quelques en-cas, au cas où la faim nous taraude. Ça y est, je pars, la voiture démarre au quart de tour sélecteur sur marche arrière la voiture glisse dans la pente, marche avant, je sors du jardin, il doit être quatre heure et demi. La voiture se conduit toute seule, je ne fait que décider à l'instinct, s'il faut prendre à droite ou à gauche aux intersections. De la sorte la voiture s'échoue sur une place de parking dans la zone commerciale du quartier, l'endroit est désert, je décide de repartir toujours en faisant confiance à mon instinct. J'ouvre grand les quatre vitres de ma voiture, je sens l'air frais, c'est agréable. Je passe à coté d'une résidence en construction, je ne m'y suis jamais arrêté, c'est l'occasion, d'un geste cool, je gare la voiture, et je pénètre le grand parvis de cette résidence. Je cherche une cage d'escalier pour monter quand Carole me demande qu'est-ce que je fais là ? Carole est maître-chien elle m'aborde avec son toutou qui a l'air bien inoffensif. Quel nom il a ce chien ? Sucre. Il a l'air gentil. Il l'est, mais il sait être dissuasif, je vous montre ? Non non... S'ensuit une discussion sur le métier de maître-chien, mais rien au sujet de la résidence ! Ah désir quand tu nous tiens... Donc, je lâche prise et reprend le volant de ma voiture. D'une traite ou presque je me retrouve dans le quartier de la nouvelle mairie de Montpellier. Il faut préciser que cet édifice encore en chantier à cette époque est démesuré, titanesque, il parait même que dans cette démesure, ils ont oublié l'espace des archives ! Je rentre dans le chantier, et ma voiture s'échoue lamentablement en arrivant dans les sous-sols. Je n'ai pas le temps de tenter une marche arrière que déjà une torche s'active dans ma direction. Je décide de sortir de mon véhicule, et je me fais accueillir par un "qui va là?" "Excusez-moi, dis-je, puis levant la tête vers l'immense édifice, c'est quoi ?" "La Mairie" "Non, une Mairie, mais c'est Pharaonesque !" J'arrive ainsi à dérider le vigile, mais je sens qu'il ne vaut mieux pas insister. Je grimpe dans ma voiture enclenche la marche arrière en espérant que l'"échouage" n'était pas trop violent. Pas de problème, et en route pour de nouvelles aventures. Mon instinct me pousse vers les grilles d'un lycée professionnel qui ouvrent sur une statue impressionnante, elle représente un guerrier dont le torse est un capot de voiture et la tête un casque métallique le tout à base de composants de voiture et façon Transformer. Je remercie le Tao de m'avoir conduit ici, mais là, on ne peut aller plus loin! Je rebrousse donc chemin et repart à l'instinct en direction de la Grande Motte. Quand je dis instinct, je fonctionne comme ceci : je garde en mémoire la destination finale, ici la Grande Motte puis ensuite, aux intersections, j'attends (c'est très rapide) que mon instinct me dise s'il faut aller tout droit, à gauche, ou à droite. Ce faisant, me voilà sur la voie rapide qui mène à la station balnéaire. Je passe par le Grand Travers (je connais tellement les lieux qui étaient ceux de la maison de mon oncle, que je quitte la mon mode instinctif). Au bord de la plage, je m'arrête et décide de ne pas aller voir la mer (il fait encore nuit) mais la redoute (fortification de bord de mer) dont m'a souvent parlé mon oncle. Je m'engage donc dans les dunes aux lueurs de l'aube. Le chemin n'est pas évident car il fait nuit et les arbres ne sont que des masses sombres... Mais au sol, quel surprise ! Le sable est éclairé par de petites lumières, des LED vertes espacées d'un centimètre environ, en guirlandes. Au début, cela m'effraye un peu, j'ai l'impression d'être dans un film de morts vivants ! Puis je réalise ma méprise, ce sont de sympathiques vers luisants ! Je décide de les suivre, mais leur chemin s'arrête aux abords de buissons de genêts dont les contours dessinent des formes de monstres. Je n'en mène pas large, ce n'est pas aujourd'hui que j'irai visiter cette redoute ! Mais, on le sait, en Tao, il ne faut jamais rien désirer. Je retrouve non sans une certaine difficulté, ma voiture garée le long de la plage. Depuis le jour dont je vous parle, des travaux ont complètement réaménagé les lieux. Et une partie de ces travaux - aménagement d'une piste cyclable - venait d'être réalisés. Pour mieux me rendre compte de l'ampleur de cette nouveauté, je m'engage avec la voiture sur cette piste guidé par mon instinct... En marche arrière ! Puis réalisant l'incongruité de la situation, je déroule la piste en marche avant. Je suis à la Grande Motte, le jour se lève, ma nouvelle destination est un immeuble de la Motte du Couchant où habite mon Maître. C'est reparti ! Les ronds points défilent et j'arrive devant une résidence du front de mer qui doit-être celle de mon Maître et ami... Je me gare entre deux Scenic beiges comme celui de mon ami. Aïe, il ne va pas être facile à reconnaître par sa voiture. Pas facile non plus de retrouver la cage d'escalier, je ne suis venu qu'une fois ! De toute façon, à cette heure-ci, il doit dormir ou au mieux prendre son petit déjeuner... Je pars donc vers le centre ville a pied et croise sur mon chemin des commerçants qui sont en train d'installer un petit marché. Je poursuis en direction de la plage et m'offre une balade le long de la grande bleue, je respire à pleins poumons l'air iodé sans penser à rien. Je me fais presque surprendre par les vagues et plof! Un pied dans l'eau! Pas bon pour la chaussure ça... Mais bon, cela va vite sécher.  J'arrive au bout de la plage qui se termine par un petit port de plaisance. Le premier ponton est ouvert, et là je fais comme cela me plait souvent, je monte sur un bateau, une petite embarcation à moteur. Je m'imagine propriétaire de ce bateau paré à naviguer... Mais rapidement je reviens à la réalité et je saute sur le ponton prêt à faire le chemin inverse pour rejoindre la plage. Las, un des propriétaires qui m'avait précédé sur le ponton a eu le temps de fermer la porte, alors que je suis resté à peine cinq minutes. Je jauge la situation : une herse barre le passage à côté de la porte. Une manœuvre par le côté gauche est possible mais la chute sur la digue en pierre trois mètres plus bas risque d'être fatale ! Que dit mon instinct ? On y va ! Et c'est parti pour une via ferrata de deux mètres sans corde. J'ai les bras qui tétanisent mais ouf, ça passe. Je décide de revenir par la plage. Un complexe sanitaire s'y trouve avec wc et douches. Il est encore tôt, peu de monde est encore levé. Je décide de prendre une douche en plein air. Je me déshabille furtivement et prend ma douche juste le temps nécessaire pour me décrasser (je n'avais pas eu le loisir de le faire ce matin). Je sors de la douche et attend une ou deux minutes que je sèche, et me rhabille. Arrive une femme de ménage, elle ne m'a pas vu ouf, il était temps ! Je discute un moment avec elle, elle me sort la complainte classique des gens qui sont dégoûtants et qui ne savent pas garder l'endroit propre. Je lui dis qu'elle a quand même bien de la chance de travailler dans un tel cadre, c'est vrai me dit-elle. Je la quitte et me retrouve en bord de mer, le soleil s'est levé et je décide de m'offrir vingt minutes de méditation en bord de mer. Je m'assoit en tailleur dans le sable et ferme les yeux, les paumes des mains posées sur les genoux, tournées vers le ciel. Les images défilent, un vieux moulin à eau, de vieilles pierres, et puis la mer ! J'ouvre les yeux : la mer, je ferme les yeux : la mer ! C'est peine croyable je suis conscient du paysage qui m'entoure que j'ai ou non les yeux fermés... C'est magique. Je termine ma méditation de manière plus sombre imaginant même comment le Maître pourrait nous guider, et ce n'est jamais bon de se mettre à la place du Maître. Je sors de ma méditation et me lève après quelques instants. Je retourne en direction du petit marché, les commerçants sont maintenant à pied d'oeuvre et l'un d'eux propose des cerises, elles sont belles et appétissantes, je craque, j'en croque une. Le commerçant s'en aperçoit et pique un fard : non mais qu'est-ce qui vous prend ? Moi ? Rien... Non mais, comment vous appelez ça, ce que vous venez de faire ? Je ne me démonte pas : du picorage ... Bon, vous pensez que c'est du vol, je comprends, l'ennui c'est que je n'ai pas de sous sur moi, mais attendez, je vais à ma voiture et je reviens. Sur ce, je pars en direction de ma voiture. Vais-je  me rappeler où je l'ai garée, j'y vais à l'instinct, je tourne un peu en rond, ah la voilà. Un des deux Scénics est parti. J'ouvre la voiture et cherche des sous ou quelque chose. Je trouve mon ordi... un peu démesuré... puis une barre vitaminée, contre une cerise c'est parfait. Je retourne auprès du commerçant et troque ma barre céréale contre la cerise. Qu'est-ce que j'en fait dit le commerçant ? Ah pour m'en souvenir ajoute-t-il. C'est ça lui dis-je. De retour à ma voiture, il est désormais dix heures et je ne vois pas très bien comment retrouver le studio de mon Maître dans cette grande résidence. Et si j'avais un peu de chance ? Le Scenic là est peut-être le sien. Je vais attendre... Ce faisant, je me dis qu'un cadeau serait le bienvenu. Ces deux CD  de Sigur Ros seraient parfait (je sais qu'il apprécie ce groupe). M'apercevant que j'ai peu de chance de retrouver mon ami comme cela, je lâche prise et me dit que la petite balade de spéléo, ou une balade en garrigue serait pas mal. Je repart donc en voiture direction nord. Je vais ainsi à l'instinct remonter vers Montpellier et me retrouver au nord de la ville. Ma voiture aboutit sur le parking d'une épicerie Bio. C'est parfait ! Je suis gourmand alors j'y achète du pain un saucisson, des dattes, de l'ananas séché, des biscuits et un fromage, du bleu genre roquefort.
  2. Mon instinct, a moins que ce ne soit ma voiture, me conduisent devant un petit perron bordé d'un espace vert. J'ai faim, je fais la pose repas. Je sors les petits sacs en papier de l'épicerie Bio et attaque le pain avec le saucisson, humm quel bonheur, j'accompagne le tout avec une bonne rasade d'eau fraîche (sortie du compartiment climatisé de la voiture). Je m'offre quelques dattes en dessert avec l'ananas. Je suis repu. Je ne touche pas au fromage qui me parait un peu fait... C'est alors que je lève les yeux considérant le bâtiment auquel appartient ce perron. A l'angle de la vitre qui fait  office de porte d'entrée se dessine  un drapeau bleu blanc rouge à côté duquel on peut lire : GENDARMERIE. Je viens de pic-niquer à coter des gendarmes ! Ça tombe bien, j'ai envie de repartir. Et c'est reparti pour une valse avec la voiture. Je suis désormais au nord de Montpellier sans bien savoir où exactement. Je quitte la route pour un sentier entre deux vignes, la voiture me conduit jusqu'à un gros rocher qui affleure. Allez savoir pourquoi, je sors à cet instant mon ordinateur et je le place sur le rocher, j'actionne la webcam et j'enregistre une vidéo, la prestance de ce rocher me fait penser au Tao... J'explore les environs et près d'une petite remise je trouve un bout de métal parfaitement circulaire, autre symbole du Tao, je le ramène dans la voiture. Puis je repart et me trouve bien vite dans une petite bourgade. La route n'est pas bien large et bing! Je heurte avec mon rétroviseur le rétroviseur de la voiture d'en face. Ils n'ont pas résisté ! Je récupère ce qui traîne, mais ne suis que très peu contrarié. Je poursuis toujours en chevauchant ma voiture et atterrit dans le parking d'une résidence. Là je me fais un petit film : j'imagine que la personne à qui appartient ce garage est justement garagiste et qu'elle pourra me réparer le rétroviseur ! Prenant vite conscience que c'est un fantasme (sacré désir...) je repars en direction d'une hauteur où empruntant un chemin de terre on a une très belle vue sur le village. Revenant vers la ville, Je positionne l'ordinateur sur le tableau de bord et actionne la webcam (malheureusement, je me trompe dans les boutons, et l'enregistrement n'aura pas lieu). Je parle à ma webcam disant ce qui me passe par la tête. L'opération est évidemment malaisée en conduisant, aussi je m'arrête au bord d'un parc pour expliquer à la camera les vertus du Tao. Je trouve une borne près du parc et je considère le fromage bleu que je n'ai pas mangé, je décide de l'étaler sur la borne et de dessiner avec cette pâte un joli Bouddha..; Bleu ! Je suis sur le retour et je traverse un camp de romanichels à qui je demande mon chemin, mais que fais-je sur ce chemin de terre ? Le chemin poursuit à flanc de colline offrant une très belle vue sur la ville de Montpellier. De l'autre côté un champ en fleur... Je m'arrête et me trouve né à né avec une myriade de papillons. Je joue avec un petit moment, ce qu'ils sont beaux. Et puis je vois un panneau le long de la route m'indiquant le chemin du retour... Je rentre, il est environ 18 h.
  3. Arrivé dans mon quartier je croise une piste cyclable, je la prend en marche arrière comme ce matin, sauf qu'à cette heure c'est beaucoup plus risqué. Mais tout va bien et en revenant je n'ai dérangé personne. Je rentre enfin chez moi. Pressentant quelque chose, je ne rentre pas la voiture dans le jardin mais je rentre à pied par le petit portillon. En entrant dans la maison je vois mon frère et comprend qu'il se passe quelque chose. "Olivier, dit-il, tu te rends bien compte que tu n'es pas dans ton état normal."  Moi, "mais si, je vais même très bien'. Je vais argumenter et argumenter, tenter une sortie dans le jardin. Mes sens aux aguets vont dénicher un énorme escargot qui s’avérera le dernier achat de ma femme à Botanic ! Mon frère me rejoint j'essaye de lui échapper et je luis fait un chantage, s'il continue, je baisse mon pantalon! Mais il me tient bien et remporte cette joute ! De retour dans la maison, j'essaye de me calmer et m'installe à mon bureau. Là je poursuit une toile de peinture en cours. La sonnette retentit, ce sont les ambulanciers. Que faire ? Qu'aurais-tu fait Lao Tseu ? Lâcher prise ! Ne pas lutter ! Je me laisse emmener, je demande qu'on ne mette pas la sirène, et me laisse sangler sur le brancard. Arrivé à l'hôpital,  Je trouverais le long d'un couloir une douche dans laquelle je prendrais une douche. Après ? Je ne me souviens plus de rien. J'ai du manger, et en général la camisole chimique est mêlée à la nourriture ! Je me réveillerai deux jours plus tard avec un musulman dans ma chambre. Je le sais parce qu'il a déroulé son tapis de prière ce matin.
  4. Je me souviens de chaque détail de cette journée parce que je l'ai vécue de façon instinctive. Ce n'est pas le cas de nombreuses autre journées. C'est dommage. J'ai aussi vécu cette journée de façon consciente instant après instant. C'est cela vivre l'instant présent ! Une véritable aventure au sein du quotidien.         

4 commentaires:

  1. Belle petite journée !
    Tu t'en est quand même bien sorti !
    Jésus lui, il s'est fait crucifier !
    :-P

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  2. Ah Ah ! Tu as raison ! De plus, il est vrai que je n'étais pas dans mon état habituel... Tu sais, celui où les journées passent semblables à elles mêmes. Alors certes, j'étais bon pour l'hôpital. Mais, dites, Monsieur Bouddha, que faut-il faire pour VIVRE l'instant présent ?

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  3. Je ne veux pas avoir la prétention de répondre pour Lui.

    Mais selon moi, Monsieur Bouddha vivait l'instant présent à sa façon, en fonction de ce que lui était, à ce moment de sa vie.

    Alors pour moi, vivre l'instant présent, c'est le vivre en respectant ce que moi je suis aujourd'hui, et qui n'a visiblement rien à voir avec ce que Bouddha expérimentait !
    :)

    Pour moi ça consiste donc à être en paix avec ce qui est, à chaque instant.
    Et si je ne le suis pas, l'agitation devient une source de mouvement, et je crois que ce mouvement est aussi en harmonie avec le Tao, malgré les jugements qu'on peut porter sur ce mouvement.

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  4. Oui, pour moi vivre le Tao c'est un peu vivre de manière instinctive en tenant compte de l'environnement et de sa perception

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