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vendredi 29 septembre 2017

Simplicité volontaire


"La civilisation dans le vrai sens du terme ne consiste pas à multiplier les désirs mais à les réduire volontairement. Cela seul instaure le vrai bonheur et le contentement tout en accroissant notre capacité de servir."

Gandhi

Dans cette citation, Gandhi nous montre le chemin du Non-Désir et va jusqu'à la notion de "servir" qu'il ne faut pas voir comme une action délibérée et égoïste, mais comme la volonté de servir le Tao, l'universalité de l'homme. Cette "volonté" sans désir mène le Taoïste à une vie simple sans autres extra que ceux que lui procure une vie proche du Tao. Car ce dernier est plein de surprises et de paradoxes. La vie du Taoïste n'est donc pas banale, elle est simple certes mais pas insipide, tout au contraire! Etant sans désir, l'homme du Tao ne passe pas à côté des choses simples, leur sens fait vibrer son âme humble.
L'amour des choses simples remplit de bonheur. Aimer véritablement, c'est appréhender sans désirer. Car le désir cherche à s'accaparer de façon égoïste. Aimer, c'est être en harmonie avec l'autre, c'est être en harmonie avec l'Univers. Ainsi les amoureux de la vie savent apprécier les choses simples et en retirent un bonheur indéfectible. Cette vie simple délibérément choisie, on pourrait dire délibérément désirée, mais c'est l'unique désir du sans-désir, cette vie est la vie merveilleuse qui anime l'éveillé. Car vivre sans désir propre fait disparaître l'ego, fait disparaître le moi, qui pourrait encore avoir des désirs. Ainsi le sans désir vit dans un monde non duel, il n'y a plus de frontière entre lui et le monde, il n'est pas séparé de l'Univers, seulement une de ses ramifications.
Mener une vie simple ne veut pas dire être simple d'esprit, en effet la vie simple que mène le Taoïste est jalonnée d'agréable surprises qui se gravent en son cœur de manière impérissable. Toutes ces surprises sont pour lui l'école de la vie, il y a souvent une bonne leçon à en tirer, et ainsi la vie du Taoïste s'enrichit instant après instant.
A l'inverse, les désirs de l'homme le poussent à rechercher des objets qui sont déjà connus ou imaginés car désirés. L'assouvissement du désir est donc un acte pauvre en découverte car déjà imaginé par le mental. Et du reste, l'objet du désir est bien souvent inférieur à l'image mental que l'on s'en était fait, c'est donc une frustration qui nous envahit et non le bonheur. Dans tous les cas ce n'est pas une expérience très enrichissante.
Vive le bonheur enrichissant d'une vie simple. 

  

vendredi 22 septembre 2017

Egoïsme


L'homme ordinaire agit pour ses intérêts personnels. Le capitalisme est fondé sur ce principe. Et c'est le capitalisme qui l'a emporté en ce début de XXIème siècle. Il faut dire que les tentatives de communismes se sont soldées par des totalitarismes qui œuvraient dans l'intérêt d'une minorité de personnes. 
Est-ce à dire que la nature humaine est égoïste ? On est en droit de se poser la question.
L'enfant naît avec une conscience, cette conscience est neutre, ni égoïste ni altruiste, elle lui permet d’appréhender le monde tant "extérieur" qu'"intérieur", malheureusement pour lui, il fait l'expérience d'agressions venant de "l'extérieur", son frère ou sa sœur qui le rabrouent, son père qui le gronde, son petit copain qui veut le même jouet que lui... Sans compter ce soleil qui lui fait mal aux yeux ou ce caillou dans sa chaussure. 
Bref une partie du Monde l'agresse alors qu'il n'a rien demandé à personne. L'enfant en tire alors une conclusion qui va révolutionner sa personne : il vit séparé du monde extérieur. Et ce faisant il perd la neutralité de sa conscience. 
Une majorité de personnes en restent là. Oubliant jusqu'à l'existence de leur conscience. Le mental se met à tout calculer en fonction des intérêts personnels. Il imagine des stratégies, pour rétablir le bonheur de l'enfant, mais souvent, il imagine le pire pour permettre la survie de l'enfant. Ceci amplifie le stress éloignant du bonheur. Par exemple "que faire si la maîtresse me gronde ?" "prendre ce vélo est tentant, mais si je tombe aïe aïe!" 
Petit à petit, l'enfant va apprendre à vivre sous l'emprise de son mental et son stress va croître. Oh, le mental n'apparaît pas comme un tyran car il calcul dans le noble but de notre intérêt personnel mais petit à petit il use notre psychisme pouvant aller jusqu'à la tentative de suicide. Car le mental envisage toujours le pire. Pour nous sauver certes ! Mais vivre dans la perspective du pire n'est pas simple et même angoissant. 
Un certain nombre de personnes ont fait l'expérience d'un mental envahissant. Certains se contentent de vivre avec cette névrose, d'autres cherchent à en guérir. Et la solution est de faire réémerger la conscience par dessus le mental, et d'observer ce dernier grâce à la conscience. La conscience étant neutre, elle ne recherche pas nécessairement l'intérêt personnel. Elle est sans désir. Et c'est là que toute la différence se fait ! Un rayon de soleil envahit votre perception du monde. C'est ce que les spiritualités du monde entier qualifient d'éveil.
C'est pourquoi vaincre son égoïsme est une voie vers l'éveil. Cela inclue l'altruisme, l'amour et la compassion. Et être sans désir est l'outil pour progresser sur cette voie.


vendredi 15 septembre 2017

Patience


Etant sans désir, l'homme du Tao est d'une patience redoutable. Tout lui convient. Quelle que soit l'évolution des événements, il accueille avec bienveillance ce qui advient. Et parfois, ce qui advient est de bonne augure, il savoure l'instant sans même l'avoir désiré ! Si au contraire, ce qui advient est néfaste, il l'accepte et fait avec, sachant pertinemment que la tempête ne dure pas. On dit de lui qu'il a une patience d'ange ! En fait, il n'est même pas patient au sens strict du terme. Quelqu'un de patient attend quelque chose, lui n'attend rien. C'est cette faculté à vivre dans le rien, dans la vacuité qui le rend ouvert à tout. Et donc d'accepter, le bien comme le mal, le succès comme l'échec. Et ce, avec une humeur égale.
N'attendant rien du futur, et ne regrettant rien du passé, il savoure l'instant présent. Tout ce qui arrive est un cadeau du Tao, et il est témoin de la scène. Il apporte donc ce témoignage au grand Tout, au
Tao. Il faut voir que le Tao n'a que faire de notre imaginaire, cela n'a pas de réalité. Aussi, celui qui attend quelque chose du Tao lui demande beaucoup. Parfois, ce sera dans l'ordre des choses, mais souvent ce sera matériellement impossible, et le Tao nous proposera une alternative qui ne nous satisfera pas nécessairement. Seul l'homme du Tao sera de toutes façons comblé.
Vivre dans le présent est une vertu bien connue des gens qui pratiquent la spiritualité au sens large. C'est une vertu du Non-Désir et de la patience qui en découle. Vivre dans le présent nous évite de penser au futur et donc de ce dont on désir. De plus, rester dans le présent est le meilleur moyen de profiter de la vie. On ne la gâche pas avec nos attentes, nos impatiences.
On voit donc que l'homme du Tao vit dans la vacuité de l'instant présent et en retire une plénitude parfaite. C'est là l'un des nombreux paradoxes du Tao. Laisser venir ce qui vient, comme la vague qui vient et qui s'en va. Suivre le Tao dans ses moindres mouvements, savourer ce que nous apportent ces instants dans leur éternelle nouveauté. Les Bouddhistes parlent d'impermanence, savourons tous ces incessants changements ! Telle est la vie que nous propose le Tao. A côté de cela, être impatient, attendre sans arrêts autre chose que le Tao, c'est le commencement de la mort. Les vieux vivent dans l'attente, les enfants, qui vivent dans l'instant suivent le Tao.
Ainsi, la patience est une vraie vertu. Poussée a l'extrême comme nous y invite le Tao, elle rejoint le non désir, et l'homme du Tao est naturellement patient. La patience rejoint donc la Vertu universelle chère au Te (Vertu) du Tao Te King de Lao Tseu.

samedi 9 septembre 2017

Yin Yang


Qui ne connait pas le Yin et le Yang ? Qui n'a jamais vu ce symbole énigmatique de deux gouttes entrelacées, l'une noire marquée d'un point blanc, l'autre blanche marquée d'un point noire. Certains ont même l'audace de dire que Lao Tseu en est l'auteur. Pourtant, on ne trouve trace du Yin et du Yang ni dans le Tao Te King ni dans le Tchouang Tseu ni dans le Lie Tseu. La dénomination est donc plus récente. Pour autant, l'idée du Yin et du Yang est bien présente chez Lao Tseu ainsi dès le chapitre 2 on lit:
Dans le monde, lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté (morale), alors la laideur (du vice) a paru. Lorsque tous les hommes ont su apprécier le bien, alors la mal a paru. C'est pourquoi l'être et le non-être naissent l'un de l'autre.
Le difficile et le facile se produisent mutuellement.
Le long et le court se donnent mutuellement leur forme.
Le haut et le bas montrent mutuellement leur inégalité.
Les tons et la voix s'accordent mutuellement.
L'antériorité et la postériorité sont la conséquence l'une de l'autre.
La notion du Yin et du Yang (inventée 3 siècles plus tôt dans le Yi King) est donc bien présente, mais le lien qui existe entre l'un et l'autre est tout de suite mis en exergue par Lao Tseu, il s'agit d'une complétude du Yin par le Yang et réciproquement et non d'une dualité. Les deux pôles ne sont pas opposés mais bien complémentaires. Du reste celui qui parvient à faire l'équilibre entre l'intérieur et l'extérieur se rapproche du Tao. Ce dernier est le lien, le liant entre toutes choses. De façon plus moderne on dit que le Yang (blanc) a un moteur Yin (point noir) et le Yin (noir) a un moteur Yang (point blanc).
Lao Tseu nous prévient, la vision du beau va de paire avec la laideur, qui apprend à déceler le beau s'expose à devoir vivre avec la perception de la laideur. Ainsi, il nous suggère de ne pas dissocier les deux polarités, de rester avec ce qui unit les
deux ; le Tao. Les pôles qu'il nous site en exemple sont :beau/laid bien/mal, être/non-être, difficile/facile, long/court, haut/bas, antériorité/postériorité.
Le pôle le plus général est celui de l'être et du non-être, dont le lien est manifestement le Tao. Ce dernier nous apprend à apprécier tout ce qui existe dans l'Univers, le beau comme le laid, le bien comme le mal, l'être comme le non-être, tout a sa place dans l'Univers. Réunir l'être piloté par l'ego et le non-être qui efface l'ego au point de n'être plus assujetti qu'aux relations de causes à effets du Tao est la clé de l'illumination. Faire passer sa personne après le reste de l'Univers, tel est l'enseignement de Lao Tseu. Tel est le fonctionnement du Yin et du Yang qui génèrent les relations de cause à effet.
Le Tao, liant du Yin et du Yang est à l'origine des nombreux paradoxes de Lao Tseu et de la vie d'une
manière plus générale. Le paradoxe intervient quand au bout d'une situation Yin, on passe brutalement à une situation Yang ou inversement. C'est le lien au grand Tout qui autorise ces situations paradoxales. Par exemple dans le couple faible/fort Lao Tseu inspiré par le Tao souligne que c'est le faible, le jeune, le souple qui est en position de force, alors que le fort, le vieux, le rigide est déjà en position de faiblesse. C'est un paradoxe, et c'est loin d'être le seul quand on côtoie le Tao. Non-désir, non agir et non savoir sont aussi des exemples criants. Par le non-désir on accède aux désirs simples, par le non-agir, nos actes sont pérennes. Par le non-savoir, on accède à la connaissance essentielle.

Ainsi, la dualité Yin/Yang n'a de sens qu'à travers le Tao qui unit toutes choses. 

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