Qui ne connait pas le Yin et le Yang ? Qui n'a jamais vu ce symbole énigmatique de deux gouttes entrelacées, l'une noire marquée d'un point blanc, l'autre blanche marquée d'un point noire. Certains ont même l'audace de dire que Lao Tseu en est l'auteur. Pourtant, on ne trouve trace du Yin et du Yang ni dans le Tao Te King ni dans le Tchouang Tseu ni dans le Lie Tseu. La dénomination est donc plus récente. Pour autant, l'idée du Yin et du Yang est bien présente chez Lao Tseu ainsi dès le chapitre 2 on lit:
Dans le monde, lorsque tous les hommes ont su apprécier la beauté (morale), alors la laideur (du vice) a paru. Lorsque tous les hommes ont su apprécier le bien, alors la mal a paru. C'est pourquoi l'être et le non-être naissent l'un de l'autre.
Le difficile et le facile se produisent mutuellement.
Le long et le court se donnent mutuellement leur forme.
Le haut et le bas montrent mutuellement leur inégalité.
Les tons et la voix s'accordent mutuellement.
L'antériorité et la postériorité sont la conséquence l'une de l'autre.
La notion du Yin et du Yang (inventée 3 siècles plus tôt dans le Yi King) est donc bien présente, mais le lien qui existe entre l'un et l'autre est tout de suite mis en exergue par Lao Tseu, il s'agit d'une complétude du Yin par le Yang et réciproquement et non d'une dualité. Les deux pôles ne sont pas opposés mais bien complémentaires. Du reste celui qui parvient à faire l'équilibre entre l'intérieur et l'extérieur se rapproche du Tao. Ce dernier est le lien, le liant entre toutes choses. De façon plus moderne on dit que le Yang (blanc) a un moteur Yin (point noir) et le Yin (noir) a un moteur Yang (point blanc).
Lao Tseu nous prévient, la vision du beau va de paire avec la laideur, qui apprend à déceler le beau s'expose à devoir vivre avec la perception de la laideur. Ainsi, il nous suggère de ne pas dissocier les deux polarités, de rester avec ce qui unit les
deux ; le Tao. Les pôles qu'il nous site en exemple sont :beau/laid bien/mal, être/non-être, difficile/facile, long/court, haut/bas, antériorité/postériorité.
Le pôle le plus général est celui de l'être et du non-être, dont le lien est manifestement le Tao. Ce dernier nous apprend à apprécier tout ce qui existe dans l'Univers, le beau comme le laid, le bien comme le mal, l'être comme le non-être, tout a sa place dans l'Univers. Réunir l'être piloté par l'ego et le non-être qui efface l'ego au point de n'être plus assujetti qu'aux relations de causes à effets du Tao est la clé de l'illumination. Faire passer sa personne après le reste de l'Univers, tel est l'enseignement de Lao Tseu. Tel est le fonctionnement du Yin et du Yang qui génèrent les relations de cause à effet.
Le Tao, liant du Yin et du Yang est à l'origine des nombreux paradoxes de Lao Tseu et de la vie d'une
manière plus générale. Le paradoxe intervient quand au bout d'une situation Yin, on passe brutalement à une situation Yang ou inversement. C'est le lien au grand Tout qui autorise ces situations paradoxales. Par exemple dans le couple faible/fort Lao Tseu inspiré par le Tao souligne que c'est le faible, le jeune, le souple qui est en position de force, alors que le fort, le vieux, le rigide est déjà en position de faiblesse. C'est un paradoxe, et c'est loin d'être le seul quand on côtoie le Tao. Non-désir, non agir et non savoir sont aussi des exemples criants. Par le non-désir on accède aux désirs simples, par le non-agir, nos actes sont pérennes. Par le non-savoir, on accède à la connaissance essentielle.Ainsi, la dualité Yin/Yang n'a de sens qu'à travers le Tao qui unit toutes choses.
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