Tout ce que nous pensons et toutes les manières dont nous pensons ont leur origine en Asie. Il est donc intéressant de savoir ce que l'Asie pense encore et comment elle le fait [...].
[Les asiatiques] ont peur de manquer Dieu ou même que Dieu les manque. [...]
Gobineau XIXème siècle
Il est des vérités qu'il est nécessaire de dire et de redire avec insistance, si déplaisantes qu'elles soient pour beaucoup de gens : toutes les supériorités dont se targuent les Occidentaux sont purement imaginaires, à l'exception de la seule supériorité matérielle...
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Le mot "ascèse" désigne proprement un effort méthodique pour atteindre un certain but, et plus particulièrement un but d'ordre spirituel, tandis que le mysticisme, en raison de son caractère passif, implique plutôt,[...] l'absence de toute méthode définie. Le détachement vis-à-vis de l'action, dont nous parlions à propos du "non-agir", est avant tout parfaite indifférence en ce qui concerne les résultats qu'on peut en obtenir, puisque ces résultats, quels qu'ils soient, n'affectent plus réellement l'être qui est parvenu au centre de la "roue cosmique".
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Par contre, les Orientaux ont une tendance très marquée à se désintéresser des applications, et cela se comprend aisément, car quiconque s'attache essentiellement à la connaissance des principes universels ne peut prendre qu'un médiocre intérêt aux sciences spéciales, et peut tout au plus leur accorder une curiosité passagère, insuffisante en tout cas pour provoquer de nombreuses découvertes dans cet ordre d'idées.
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Le bouddhisme n'est pas plus "athée" qu'il n'est "théiste" ou "panthéiste" ; ce qu'il faut dire simplement, c'est qu'il ne se place pas au point de vue par rapport auquel ces divers termes ont un sens ; mais, s'il ne s'y place pas, c'est précisément qu'il n'est point une religion.
Guénon XXème siècle
[Les ermites] passent la plus grande partie de leur temps à prier dans leur kutiar ; la prière n'est cependant pas toujours religieuse dans le sens chrétien du terme, mais plutôt un exercice spirituel de purification intérieure.
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Un jour, j'ai tenté un swami en lui demandant s'il était nécessaire de s'initier à l'hindouisme pour connaître Dieu. Cette question l'a vivement étonné et il m'a répondu qu'aucune conversion n'était nécessaire, que si j'amais l'hindouisme je pouvais en accepter les idéaux, voilà tout. Il a néanmoins ajouté que si mon amour de l'hindouisme était sincère, cela prouvait une seule chose, à savoir que j'étais Indien dans ma précédente existence...
Ils disent "nous sommes tous Un" et, ce qui est important, ils ne cessent de mettre en pratique cette affirmation. Ils s'entraident, se dépersonnalisent devant leurs amis et pratiquent le seva (service).
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Le yoga aussi bien que la samkhya professent le dualisme : d'une part la matière, et, de l'autre, l'esprit. Cependant, ce n'est pas le dualisme qui m'intéressait, c'est le fait que, dans la samkhya et le yoga, l'homme, l'univers et la vie ne sont pas illusoires. La vie est réelle, le monde est réel. Et l'on peut conquérir le monde, on peut maîtriser la vie. Qui plus est, dans le tantrisme par exemple, la vie humaine peut être transfigurée par des rituels, effectués à la suite d'une longue préparation yogique. Il s'agit d'une transmutation de l'activité physiologique, par exemple de l'activité sexuelle. Dans l'union rituelle, l'amour n'est plus un acte érotique ou un acte simplement sexuel, c'est une sorte de sacrement; exactement comme boire du vin, dans l'expérience tantrique, ce n'est pas boire une boisson alcoolisée, mais partager un sacrement...
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Eh bien, en Inde, il m'est arrivé de vivre dans un village du Bengale, et j'ai vu des femmes et des jeunes filles qui touchaient et décoraient un lingam, un symbole phallique, plus exactement, un phallus de pierre anatomiquement très exact ; et, bien entendu, les femmes mariées, au moins, ne pouvaient ignorer sa nature, sa fonction physiologique. J'ai donc compris la possibilité de "voir" le symbole dans le lingam. Le lingam, c'était le mystère de la vie, de la créativité, de la fertilité qui se manifeste à tous les niveaux cosmiques.
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Cette union sexuelle (maithuna) n'est plus dès lors un acte biologique instinctif, mais un rituel par lequel le couple humain devient un couple divin.
Eliade XXème siècle
Nous avons dit que la non-violence est chose simple. Nous n'avons pas dit qu'elle est facile. Il est déjà beau de savoir et de faire admettre qu'elle est possible. Même si elle coûte de la fatigue, de la peine et surtout de la pensée, elle coûte moins que la violence. Et il ne s'ensuit pas de défaite, d'humiliation et de revanche. C'est la sagesse, et la sagesse est une immense épargne de souffrances et de crimes.
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Pour son bien et pour le bien de tous, [le citoyen] doit donc apprendre aussi la "désobéissance civile".
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Quel est l'avenir de la non-violence en Occident ? La question pourrait aussi bien se poser en ces termes : l'Occident a-t-il un avenir ? Car il est évident que les rivalités nationales et sociales d'une part, l'excroissance de la science et de la technique de l'autre mènent, comme deux rails, tout droit à l'abîme.
La bonne nouvelle, la seule chose éternellement nouvelle, c'est qu'un autre chemin est ouvert.
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Toute connaissance d'autre chose commance par la connaissance de soi et ne va jamais plus profond que cette connaissance.
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La connaissance de soi est une discipline spirituelle, une tradition millénaire aux méthodes universelles et immuables.
Moi je... Presque toutes nos phrases commencent ainsi. Et nous croyons bien savoir de quoi nous parlons. Mais si quelqu'un nous demandait : "Moi ? Qu'est cela ?" il nous arriverait peut-être de nous apercevoir que nous ne savons pas répondre. Donnez-moi une définition du mot "moi". Cherchez la dans le dictionnaire ou plutôt ne cherchez pas car il n'y en a point. Surtout ne me dites pas que c'est "la première personne du singulier" car cette personne là n'est pas assez première ni assez singulière pour être moi!
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Il y a trois choses qui n'ont pas de définition : moi, l'être et l'odeur des lilas. Serait-ce pour la même raison ?
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Une discipline demande un maître. Il faut suivre un maître vivant ou au moins des règles traditionneles interprétées avec prudence.
"Je pense donc je suis", dit un philosophe qui croit énoncer une évidence. Hum ! Je ? Qui pense, qui mène la pensée ? Si c'est alle qui m'entraîne où il lui plaît, je suis le jouet de ma pensée, je n'en suis pas l'auteur. Je ne peux pas dire "je pense" mais seulement "il pense" comme on dit "il pleut";
Mais toute action commence par la pensée, aucun de mes actes ne m'appartient et toute ma vie est livrée au hasard.
Lanza del Vasto XXème siècle
Tous ces textes sont issus du livre : "Les plus grands textes de la philosophie Orientale" de Denis Huisman et Marie-Agnès Malfray chez Albin Michel
Gobineau est sympa, mais cela signifierait que l'Esprit demeure en Asie ? Oups !... ;-) Belle semaine, cher âmi du Tao
RépondreSupprimerOui, tu as raison, les écrits de Gobineau sont parfois douteux...
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