Comme à l'égard des Principes, on ne peut se représenter une proximité locale, mais une proximité qui consiste dans les qualifications, plus les hommes se séparent des Ténèbres, plus aussi ils se rapprochent des Principes.
[...]
Et ces trois êtres : Beauté, Amour, Nostalgie, éclos d'une même source originelle, sont frères l'un de l'autre. Beauté, qui est le frère aîné, se contempla soi-même. Elle eu vision d'elle même comme étant le bien suprême ; l'allégresse naquit en elle et elle sourit. Alors des milliers d'Anges du plus haut rang furent manifestés, éclos de ce sourire. Amour, le frère moyen, était le compagnon familier de Beauté. Il ne pouvait détacher d'elle son regard, et restait serviteur assidu à son service. Lorsque lui apparut le sourire de Beauté, il fut pris d'un vertige de folie ; il fut bouleversé. Il voulut faire un mouvement, s'en aller. Mais Nostalgie, le plus jeune frère, se suspendit à lui. Et c'est de cette suspension de la nostalgie étreignant l'amour que prirent naissance le ciel et la terre.
[...]
La perception de l'intellect est plus puissante que la perception des sens, parce que les sens ne perçoivent que les apparences des choses, tandis que l'intellect perçoit aussi bien l'apparence que l'invisible des choses. L'intellect perçoit davantage, parce que les objets perceptibles par l'intellect sont sans limites, tandis que les sens ne perçoivent que des choses limitées. L'intellect est incommensurablement plus noble et plus essentiel aussi, puisque les sens sont destructibles, tandis que l'âme est indestructible.
Sohravardi XIIème siècle
Si l'on dit : Je suis Un,
Son Être l'est aussi !
Si on affirme mon être,
La dualité en résulte !
Bien que composé
Il est subtil et pur.
On visionne un unique
La raison pourtant admet un second !
[...]
On a proposé des définitions de l'amour, mais je n'ai connu personne qui ait pu définir ce qu'il est en soi. On ne peut même pas concevoir qu'elles soient valablement données.
Quiconque tenterait de le définir ne le ferait qu'à l'aide des fruits qu'il produit, des traces qu'il laisse et des conséquences qui lui sont inhérentes puisqu'il demeure un attribut de la parfaite et inaccessible Puissance qui est Dieu lui-même.[...][Comme on questionnait Abu-l-Abbas al-Dahajj, sur l'amour,] il répondit : "La jalousie est un des traits de l'amour et elle dédaigne tout sauf de se voiler pudiquement. Aussi ne peut-il être défini."
[...]
Connaît [l'amour] celui en qui il s'établit et dont il est l'attribut sans toutefois que cet être soit en mesure de connaître sa nature et de nier sa réalité.
[...]
Ô mon ami, considère les désirs de ton âme et vois quel est leur statut au regard de la Loi. Si celle-ci te prescrit de les accomplir, alors accomplis-les. Si en revanche elle te prescrit de n'en rien faire, alors renonce.
[...]
1. Celui qui marchait dans les ténèbres des nuits observa les étoiles et alluma la lampe.
2. Jusqu'au moment où la pleine lune dirigeant sa lumière, il délaissa les étoiles et attendit d'être au matin.
3. Jusqu'au moment où, l'obscurité s'étant entièrement dissipée et ayant vu l'aurore briller à l'horizon.
4. Il délaissa les lampes, toutes les étoiles et la pleine lune, et guetta la lumière éclatante.
Ibn Arabi XIIème siècle
Acharné jour et nuit à scruter mon destin,
Je ne sais d'où je viens, je ne sais où je vais.
Pourquoi mon existence ? Pour quel exil ?
Mais non, je suis venu de là-haut, je dois y retourner.
Je sius le rossignol du paradis, en cage pour quelques jours.
Joie ! Un jour viendra où je m'envolerai vers le bien-aimé,
Mes ailes battront dans sa demeure !
Mais quel est celui qui à la fois m'écoute et parle avec mon souffle ?
Quel est celui qui me regarde avec mes yeux et dont la vie est ma vie ?
C'est Toi, Seigneur, mon âme c'est Toi.
Tu es là, je Te trouve.
Plus de repos pour moi, ma voix ne pourra plus se taire.
Guide-mo, montre-moi le chemin de Ta demeure,
Je veux goûter l'ivresse de l'Union.
[...]
Que dois-je donc faire, ô croyants ? Je ne me connais pas moi-même : je ne suis ni chrétien ni juif, ni mazdéen ni musulman, ni d'orient ni d'occident, ni de la mer ni de la terre, ni des cieux en rotation ni des mines de la Nature... Ma place est de n'en point avoir, mon signe est de n'en point montrer. Ne possédant âme ni corps, j'appartiens à l'Esprit suprême. Bannissant la dualité, je n'ai plus vu qu'un univers. Lui ! Je le cherche et le connais ; je le perçois et je l'appelle. Lui ! c'est l'alpha, c'est l'oméga.
[...]
L'amour, c'est s'envoler au ciel, à tout instant fendre cent voiles, d'abord renoncer à soi-même et, pour finir, se perdre en Dieu, considérer comme irréelle la vision de ce bas-monde, ne pas voir effectivement ce qui tombe sous le regard. "Ô mon cœur ! dis-je, quel bonheur ! entrer au cercle des mystiques, voir au delà de ce qu'on voit, descendre au gouffre intérieur ! D'où vient cet élan, mon âme ? Ô cœur ! d'où te vient cet émoi ? Prends le langage des oiseaux : je puis comprendre ton secret". Et l'âme dit : "Je demeurai tout près de Dieu tant qu'Il pétrit le corps humain ; puis je voulus m'enfuir du monde qu'Il créa ; mais j'y fus captive, épuisée, et comme au moule façonnée."
[...]
L'un mange et ne donne naissance qu'a lavarice et à la haine ; l'autre fait de même, et de lui naît tout l'amour spirituel. L'u ressemble à un terrain pur, l'autre au mauvais terrain salé. Celui-ci c'est un ange pur ; l'autre un diable, une bête brute. Or ils se ressemblent tous deux par l'apparence, c'est admis ; l'onde amère est limpide aussi bien que l'eau douce; mais qui saura les distinguer hormis l'homme de goût ?
Rumi XIIIème siècle
Celui qui ne se sert pas de son argent et de son or pour faire la charité sacrifie sa vie future à son désir d'amasser l'or, l'argent. Si tu désires les richesses de ce monde, sois généreux envers tes semblables comme Dieu a été généreux envers toi.
[...]
Partout où l'arbre de la générosité prend racine il dresse ses branches vers le ciel. Si tu espères jouir de ses fruits, je te supplie de n'y pas mettre la cognée.
[...]
Sois un homme en réalité ; sinon tu n'es qu'un perroquet qui dira les mêmes paroles dans la langue d'un être humain. Tu as vu l'oiseau s'envoler ; donc, des entraves du désir échappe-toi car tu verras l'essor de ton humanité. N'étais-tu pas un être humain qui restait captif du démon.[...]L'homme peut atteindre au degré où il ne voit plus rien que Dieu : considère à quelle grandeur parvient l'état d'humanité !
[...]
Le mystique Chibli, sortant de la boutique d'un commerçant en blés, emportait au village, sur son épaule, un sac bien empli de froment. Or, regardant de près, il vit parmi les grains une fourmi courant éperdue en tous sens. Plein de pitié, n'ayant pu dormir de la nuit, il rapporta l'insecte à sa demeure.[...]"Ne tourmente pas la fourmi qui traîne son grain de froment, car elle vit ; et l'existence est une chose bonne et douce". Celui qui veut que la fourmi soit malheureuse possède une âme noire, et son cœur est de pierre. De ton bras vigoureux, sur la tête du faible ne frappe pas ; peut-être, un jour, tu tomberas sous ses pieds, écrasé, faible comme fourmi.
[...]
L'homme de Dieu n'est étranger ni au levant ni au ponant, car en quelque endroit qu'il se rende, le royaume de Dieu est sien. Celui qui devient étranger à grandeurs, honneurs et richesses rencontrera des compagnons en quelque pays qu'i arrive. Tous les mortels à courte vue ne demandent que leur repos ; mais l'unité cherche l'épreuve car il y trouve son bien-être.[...]A tout être humain que frappa le glaive de l'amour divin, dis donc : "Ne te chagrine pas ! l'empire de l'éternité compensera ton sacrifice." De la main de l'Ami céleste, tout ce que tu reçois est doux ; cherche donc à le satisfaire, ô Saadi ! sans penser à toi.
Saadi XIIIème siècle
"Louange à Dieu, dont les bienfaits devancent nos désirs ; qui inspire la reconnaissance de Ses dons à ceux qu'Il a guidés ; qui accorde en récompense aux bienfaiteurs Son amour : le bien le plus précieux.
Ibn Khaldoun XIVème siècle
Bon Jour, cher Oliver,
RépondreSupprimerMagnifiques paroles nées d'un profond recueillement... Merci, âmi du Tao
Tu sais trouver les plus beaux textes et montrer que toutes les religions se retrouvent au sommet...
RépondreSupprimerBonjour Martine,
RépondreSupprimerJ'ai été aidé dans mes choix par le livre dont ils sont extraits. Mais le plus beau, c'est ton commentaire, il n'a pas de prix. :)