Le désir vous avait arrachés à votre centre et la satisfaction du désir vous ramène à vous-mêmes. Vous avez cru que le bonheur résidait dans la satisfaction du désir et en fait vous réalisez que la satisfaction du désir n'est pas la cause réelle du bonheur. L'impression de manque provisoire vous avait exilés de vous-mêmes, projetés à l'extérieur; et quand le désir tombe, comme l'enfant prodigue de la parabole, vous revenez à vous-mêmes. Autrement dit, votre état naturel est fondamentalement heureux. Les désirs, les peurs, les impulsions, les vasanas vous écartent de ce bonheur de l'être.
Qu'il s'agisse d'un désir clair, simple, ou d'un désir qui vous paraît déroutant, pouvez-vous admettre la présence de ce désir ? Et sentez-vous aussi qu'il vous arrache à ce bonheur qui est votre privilège réel en tant qu'homme, lié au fait même d'être, le bonheur qu'on éprouve dans le silence de la méditation ?
Pour l'instant, dans le monde relatif, les désirs se révèlent nombreux et contradictoires et ils vous volent la plénitude. Mais il est fondamental que vous n'essayiez pas de faire semblant d'être plus avancés sur le Chemin que vous ne l'êtes, sans pour autant oublier la paix inhérente à l'état libre des désirs qui est celui du sage, l'état profondément heureux que nous cherchons tous et qui vous attend déjà au plus intime de vous-même.
Si vous ne vivez pas consciemment ces situations, vous ne pourrez pas progresser; si vous vivez consciemment ce jeu des désirs, je vous promet que vous progresserez. Mais souvenez-vous qu'il faut aussi considérer comme désirs les désirs d'échec, les désirs de souffrance, les désirs de punition.
Vous verrez que, du simple fait de poser un geste, ici et maintenant, la tension disparaîtra momentanément. Vous désirez un accomplissement projeté dans un avenir immédiat ou lointain. Il y a donc insatisfaction et tension. Mais si, ici et maintenant, vous tentez une action qui va dans le sens de ce désir, vous constaterez que la détente se produit momentanément bien que le désir lui-même n'ait pas été assouvi.
"Ah ! si... Ah ! quand... Si je pouvais ! Quand j'aurai... Quand la vie..." Debout. Levez-vous et tentez ce qui vous est possible. Et même si vous n'atteignez pas le but que vous vous étiez fixé, vous aurez, au jour le jour, la satisfaction d'avoir agi, d'avoir fait tout ce qui était en votre pouvoir, et vous vous retrouverez détendus.
Un désir en entraîne un autre, comme une réaction en chaîne. Une fois installé au cinéma, il vous faut absolument un esquimau.
Tous ces désirs ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Vous devez en tenir compte parce que c'est une entreprise dangereuse que de chercher à les nier. Mais, si vous êtes tant soit peu convaincus par la distinction que j'établis entre sukha et ananda, ces deux formes de satisfaction qui différent en qualité, au milieu de tous vos désirs grandira la nostalgie de ce silence intérieur. Vous commencerez à ressentir une réelle aspiration au bonheur non dépendant: j'ai compris que les désirs représentent une tension et comme je ne peux m'établir et demeurer que dans une situation de détente, cette tension porte en elle la nécessité de se relâcher
Si vous pouviez demeurer dans cet état de calme, d'intériorisation, ce parfaitement heureux s'intensifierait jusqu'à prendre des proportions immenses, infinies, indicibles que vous pouvez appeler divines, surnaturelles, parce qu'elles ne correspondent en rien aux joies et aux plaisirs habituels. Ce bonheur non dépendant, vous le reconnaîtrez à mesure qu'il grandira en vous à ce critère qu'il ne varie pas au gré des vicissitudes de l'existence.
Les désirs sont comme des créanciers. Ceux-ci nous ont prêté de l'argent, nous devons le leur rendre. Tant que nous ne les avons pas remboursés, ils nous importunent.
Je ne me confonds pas complètement avec ces désirs, comme l'homme ordinaire qui n'est rien d'autre que ses désirs et ses peurs. Je reconnais que "je suis" et que les désirs sont là.
Un désir satisfait est un désir qui ne réclame plus.
L'intelligence, la buddhi, la compréhension, la visualisation de ce que l'accomplissement du désir nous apportera, peut souvent permettre de satisfaire un désir, sans l'avoir accompli. Le désir est tombé.
Ces désirs, considérez qu'ils vous sont confiés. Votre dharma demande que vous vous en occupiez
Même chose avec les désirs ; ils sont là, ils doivent être reconnus et vous commencez à vous ouvrir, pas seulement intellectuellement mais de tout votre être, à cette compréhension que la paix et la joie qui demeurent se trouve dans la liberté vis à vis de nos désirs.
A "sans désir" je préfère l'expression "libre des désirs", car là réside le secret du bonheur non dépendant. Plutôt que de pouvoir accomplir tous les désirs qui nous passent par la tête - nous n'y arriverons jamais - le bonheur ultime consiste à ne plus être soumis au désir.
Les désirs sont toujours là mais mon plus grand désir, maintenant, ce serait de ne plus avoir de désirs.
C'est seulement quand vous reconnaissez vos désirs sur fond d'aspiration au non-désir, que le jeu de l'accomplissement des désirs prend tout son sens au kieu d'être une poursuite vaine; vous échappez à upa bhoga, la satisfaction tronquée qui ne conduit nulle part, et le bhoga, satisfaction profonde, peut commencer. Là, vous accomplirez vraiment le désir, vous ressentirez tout ce qui peut être ressenti; vous vivrez une expérience dans un état de vigilance lucide.
L'accomplissement des désirs devient alors une démarche spirituelle.
Selon Arnaud Desjardins, il faut accomplir ses désirs plutôt que de les nier... Moi, je dirais qu'il faut les éviter. C'est pourquoi, comme le dit Arnaud, il faut les reconnaître, mais non pour les accomplir, mais pour mieux mettre son mouchoir dessus. En procédant de la sorte on se libère vraiment du désir...
Voici une anecdote qui me pourrit la vie en ce moment même. J'ai décidé il y a quelque temps de remplacer ma voiture. A bien y regarder, c'est du désir pur car mon ancienne voiture peut bien durer 2 ou 3 ans de plus... J'ai décidé que ce serait un 4x4 qui aurait tous les équipements de nouvelles technologies. J'ai commencé avec des voitures de moins 30 000 € et j'en suis aujourd'hui à plus de 50 000 € sans que le désir ne soit encore satisfait. Et le problème est que je n'ai pas tout cet argent ! Un vrai casse-tête !
Vouloir satisfaire ses désirs et comme mettre de l'huile sur le feu, une désir satisfait en amenant un autre...c'est sans fin...
RépondreSupprimerParole de sage...
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