Nombre de philosophies dont celle de Lao Tseu recommandent de vivre dans le présent. Mais pour nous occidentaux qui vivons avec nos soucis et tracas quotidiens, il est très difficile de ne pas nous laisser prendre par nos pensées et ainsi laisser filer le présent et toutes les leçons et délices qu'il est prêt à nous offrir !
Pourtant, je connais deux exceptions à ce triste constat. La première c'est le petit enfant (de six mois à cinq ans) qui est entièrement ouvert à toute nouvelle expérience, très attentif et réceptif à tout ce qui se propose à lui. Il est partant pour tout, et s'il n'obtient pas ce qu'il désire il hurle à la mort ! C'est que le désir est déjà présent en lui et le fait déraper... Mais qui pourrait en vouloir à un gamin de cinq ans. Aussi, on lui passe ses caprices, d'autant que vivant dans le présent, il passe très rapidement à autre chose.
La deuxième exception est le fou. Je vous parlerai de celui que je connais bien : le bipolaire dans ces phases d'euphorie. Le bipolaire oscille entre deux phases : l'une de déprime sévère allant jusqu'à l'insomnie complète sur plusieurs semaines, l'autre d'euphorie que je vais détailler. En phase de
déprime le bipolaire est constamment dans ses tracas et soucis, il se demande ce qu'il pourrait bien faire pour aller mieux il désirerait tant aller mieux qu'il est en pleine spirale vicieuse liée au désir. Il n'en a bien sûr pas conscience et sombre dans les bas fonds du désir. Il est très difficile pour lui de sortir de cet état où il se donnerait volontiers la mort s'il était suicidaire.
Pourtant, les saisons passent et arrive le printemps, l'humeur change et le désir se fait moins fort. Le bipolaire commence à reprendre goût à la vie. Petit à petit il s'intéresse de nouveau aux petits détails qui rendent la vie agréable. Et il y est beaucoup plus sensible que l'homme ordinaire parce qu'il en a été privé pendant toute sa phase de déprime, qui est saisonnière mais qui peut parfois durer plusieurs années. Il va alors tenter de vivre pleinement l'instant présent. Et ainsi, si lui est pleinement dans l'instant, ses proches
vont croire qu'il passe du coq à l’âne et le trouver très incohérent. Le pire est que le bipolaire n'est pas nécessairement exempt de désir, et va donc s'irriter facilement sur ce qui le contrarie. Il va alors partir dans des discours proches de la logorrhée rendant son entourage encore plus confus.
Le bipolaire, c'est un petit enfant de cinq ans qui a quarante ans ! Ça fait désordre, et ça finit à l'asile psychiatrique.
Pourtant, dans ces phases de communion avec la nature le bipolaire engrange une expérience très forte qui le marque pour le restant de ses jours. On peut dire qu'il vit l'instant présent au point de s'y brûler. Si l'on pouvait vivre l'instant sans se brûler auprès du désir. Ce serait sans doute ça l'éveil !
Alors essayons de vivre l'instant sans en abuser dans un doux amour de la vie, en communion avec le monde. C'est un juste milieu à trouver : l'art d'être présent.
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