Wu wei ou encore le Non-Agir est un des piliers de l'oeuvre de Lao Tseu.
On pourrait croire qu'il s'agit de ne rien faire, de traîner la patte, d'être fainéant ! Mais pas du tout ! Le Saint Homme observe le Tao et voit qu'il procède par un retour à l'équilibre sans rien faire. Ainsi en ne faisant rien, le Saint aide le Tao à s'accomplir. Par exemple le Saint plante une graine, et laisse la nature faire l'arbre. Le Saint Homme ne s’enorgueillit surtout pas du résultat qui est le fruit du Tao à la croisée de la nature et de lui-même. Tout est Tao, seuls (et ils son nombreux) les ego s'en écartent. L'homme égotique a des désirs, des envies, des projets. Ceux-ci sont indépendants du Tao, et parfois il s'épuise à aller contre le Tao. Parfois, au contraire, tout lui semble facile, c'est
qu'il va dans le sens du Tao sans le savoir. Et lui, de s'enorgueillir, "vous avez vu ! Fastoche !" s’appropriant ainsi le fruit du Tao.
Le wu wei dit : il ne sert à rien de lutter. Ainsi dans les arts martiaux Chinois on ne lutte pas contre son adversaire, on l'observe développer son énergie, on la canalise pour "l'aider" à chuter, et cela avec un minimum d'effort. Les moines des temples Shaolin son passés maîtres dans ce type d'exercices. Observant le Tao, ils ont développé nombreuses autres figures d'évitement.
Celui qui a vaincu son ego fait ce qu'il peut en harmonie avec le Tao. C'est pourquoi, lorsqu'une corvée se présente alors qu'il est en société, il n'hésite pas à en prendre la charge. Il sait en effet que lui le fera en harmonie avec le Tao, tandis que l'homme ordinaire risque de pester et de s'en prendre à la
Terre entière.
Ainsi, le Saint Homme fait équipe avec le Tao, il s'harmonise, mieux il s'unit. Et cette union est en fait une retrouvaille, car seuls ses égarements égotiques de jeunesse l'avaient éloigné un temps du Tao. En effet le petit enfant naît par le Tao et baigne dans le Tao dès son plus jeune age. Pour avoir une idée du Wu Wei, il suffit d'observer la manière dont procède un nourrisson pour que tout tourne autour de lui... l'art de ne rien faire !
La spontanéité du Saint Homme est un point clé du Wu Wei car le Tao agit dans l'instant présent. Aussi, celui qui souhaite aider et suivre le Tao doit se rendre totalement et instantanément disponible, en un mot : spontané. Par cette spontanéité émane de lui un naturel profond, le Tao ne dénature pas, il révèle, il met en valeur, mais sans excès.
J'ai longtemps eu du mal avec le Non Agir, qui me semblait mystérieux par rapport au Non Désir. C'est que je ne comprenait pas bien les enjeu de l'ego. Dans le Non Agir, il s'agit de faire en s'effacent devant autrui. Il s'agit de lâcher prise et surtout de sa propre personne, de son propre ego. Bref ne pas avoir de désir de grandeur. L'humilité du Saint
Homme est donc un autre point clé du Wu Wei. Il faut bien comprendre que le Tao, et par voie de conséquence le Saint ne peuvent se prévaloir de leurs œuvres car la pierre angulaire de tout acte de retour est le vide, et rien n'est plus humble que le vide.
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