Le non-désir est la méthode spirituelle la plus efficace que je connaisse. Aussi efficace, mais beaucoup plus rapide que par exemple les 4 nobles vérités de Bouddha, ou encore la prière Chrétienne, pour ne citer que quelques exemples parmi les plus connus. Pourtant, la méthode de Lao Tseu doit faire face à nombre de réticences : en effet, qu'est-ce que l'homme sans désir ? Peut-on imaginer l'homme ou la femme sans désir ? Et même, peut-on imaginer l'homme ET la femme sans désir ? Ou en serait l'humanité sans le désir d'union pour enfanter ?
Et bien il faut essayer pour y adhérer. Lorsque j'ai tenté la voie, le Tao, je sortais d'une période de désespoir, d'une longue et douloureuse dépression, je n'avais plus rien à perdre. J'ai donc essayé les
valeurs de Lao Tseu, ou plutôt les Non-Valeurs de Lao Tseu, car son mystère se situe dans le Non Etre plutôt que dans l'Etre. Et tout de suite, cela a porté ses fruits, je goûtais au bonheur d'être. Je goûtais au bonheur d'être comme le petit enfant, sans but. Car du Non-Etre naît l'être, encore plus fort. Et pourquoi cet être est-il plein de vie lorsqu'il se reflète dans le Non-Etre ? Parce que c'est la structure même du Tao qui le veut. Le monde est ainsi fait que le laid fait naître le beau, que le petit fait naître le grand, et que le malheur fait naître le bonheur. Ainsi, il était dans l'ordre des choses qu'après ma déprime, je goûte au bonheur, mais celui-ci s'est enraciné dans le Non-Désir de Lao Tseu pour ne plus le quitter.
Ce bonheur a une autre source naturelle, c'est celle de la nature même du Tao. Ce dernier est l'essence même de la vie au sens large du terme : Le Tao, c'est la pierre sur laquelle je m'assoie, c'est l'oiseau qui vole dans le ciel, c'est ce nuage qui s'effiloche, bref c'est le monde en mouvement, la vie. Et ce monde, ce Tao lui-même est Sans Désir. Quel est le besoin du désir quand on est tout ? Pour le Tao, tout et son contraire se valent. D'où l'absence de désir. Quel contraste entre le Tao et la multitude (les 10 000 êtres pour parler en vieux chinois). Car la plus-part des êtres sont motivés par leur désir. Aussi, on pourrait croire que c'est la règle, pourtant, le Tao y échappe. Cela me rappelle une anecdote de Tchouang Tseu. Celle de la menthe religieuse. Celle-ci était mue par son désir de gober une mouche, et un oiseau guettait la menthe religieuse animée par le désir de gober la menthe, mais Tchouang Tseu t
out affairé par le désir de ne rien rater de la scène ne vit pas arriver le garde-chasse ce qui lui valut une réprimande.
Ainsi, la loi commune est celle du désir. Et l'un des paradoxe chez Lao Tseu est qu'il faille en passer par le Non-Désir pour goûter à la joie suprême, pour goûter à la paix suprême. Celle de ne faire qu'un avec le Tao, pour qui au fond tout est égal. Mais ne prend racine que dans le Tao lui-même, car le reste est éphémère.
Suivre le modèle du Tao et donc suivre essentiellement le Non-Désir est à la base de la voie. Cela inclut l'humilité et le Non-Agir si cher au grand maître.
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