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vendredi 30 mars 2018

Les exagérations du mental

Le terrain de jeu du mental n'est pas l'instant présent. Face à l'ici et maintenant, il ne peut rien dire. Car face au présent, il n'y a rien à redire, tout est là en évidence. Le moment présent peut juste être décrit, savouré, parfois subi, mais combien de fois apprécié. Les gens qui se plaignent de leur vie passent souvent à côté de l'instant présent, ils vivent de regrets ou d'espoirs et ne sont pas dans l'acceptation du présent. Ils s'estiment malheureux et pensent que la vie ne leur apporte pas le fruit de leur désir. Et leur désir est toujours plus beau, toujours plus grand que ce que la vie leur apporte. Car le mental, qui est l'outil du désir, fonctionne sur le passé, ou fantasme l'avenir. Il ne se base que très peu sur l'ici et maintenant, de sorte que la caricature, le forcement du trait, l'exagération sont la règle.

Je vous demande ici de faire l'expérience suivante. Avant votre prochain départ en vacances, alors que vous êtes dans les préparatifs complètement tendus vers ces vacances, fermez les yeux, allongez-vous si c'est possible, et visualisez vos prochains jours à la montagne. Des pensées du type "ai-je bien pris les chaînes ?" ne tarderont pas à venir. Vous les repoussez car oui, c'est sûr, elles sont dans le coffre, mais votre mental n'en a pas fini, vous visualisez la mésaventure de l'an dernier où les chaînes mal tendues avaient glissé autour de la roue sectionnant un flexible de frein. Vous vous dites, mais non il ne m'arrivera rien de tel ! Mais le mental enchaîne vous remémorant le froid sur les doigts nus dans la neige, la neige qui tombe à gros flocons se glissant jusque dans le cou etc... De fil en aiguille le mental vous emmènera loin dans vos vacances, mais sans en montrer le bon côté.
Souvent, la conscience est nécessaire pour sortir de ce qui vire au cauchemars. Car, fort de votre expérience de la réalité, vous dites stop ! Et vous repartez sur une vision plus agréable : en train de réaliser des courbes parfaites à ski. Ici, c'est votre désir de skier qui vous guide, mais très vite le mental est son côté catastrophiste reprend le dessus, les bosses se font plus grosses, elles deviennent verglacées et votre style de ski se dégrade jusqu'à la chute. Et le mental continue, vous voilà à l'hôpital avec une jambe enturbannée de blanc. Embarqué dans l'histoire, vous tentez d'y mettre fin en vous levant, où au contraire vous succombez au sommeil.
Toujours est-il que j'ai pu constater au combien le mental sait imaginer le pire. Bien sûr, il sait aussi imaginer le meilleur. Mais, il semble que ce soit un peu plus compliqué. Essayez ainsi de fermer les yeux et de visualiser le visage de l'être aimé. C'est très difficile. D'une manière général, conceptualiser son désir demande de gros efforts, et c'est peut-être ce qui complique la vie de l'ego.
Ces exagérations du mental nous poussent à essayer de le contredire et un combat inconscient en résulte qui risque de nous épuiser. Le moyen de sortir de cette épreuve souvent inconsciente, c'est justement de la rendre consciente en se disant "attention, là encore c'est le mental qui m'entraine !"
Et le mental est si fort dans l'exagération de par sa non emprise sur le présent. Il peut très facilement raconter une histoire. Et comme il cherche à exister, il cherche à vous impressionner en forçant le trait. De la sorte, il parvient à exister. Le ramener à sa juste dimension par la conscience est une clé de l'éveil.

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