Nous avons tous en commun le fait d'être né avec une conscience. La conscience d'être dans l'instant présent, on pourrait même ajouter la conscience d'être l'instant présent et ce de manière naturelle sans aucune envie ni nécessité de se l'accaparer. Et puis petit à petit le désir fait son oeuvre : c'est mon sein, celui de ma mère, c'est mon jouet, c'est mon biberon etc. Petit à petit l'enfant se constitue un ego à grand coup de réflexion de son mental, et quitte lentement mais sûrement le confort et l'insouciance de l'instant présent.
Certains d'entre nous ont une part de nostalgie de l'enfance et remettent en question leur vie, ce qu'ils ont, ce qu'ils sont. D'autres vivent dans le toujours plus d'avoir, de pouvoir, de savoir. Aussi, même si c'est relativement rare, il est des femmes et des hommes qui à un moment de leur vie vivent une remise en question profonde et décident plus ou
moins brusquement de lâcher prise de l'avoir du pouvoir et du savoir et d'aller vers cet état d'abandon dans lequel ils se trouvaient étant bébé.
Et ce faisant, ils amorcent une trajectoire plus ou moins directe vers l'éveil. Bien sûr le but n'est pas gagné d'avance, il faut avant cela cheminer sur une voie sans route, le Tao.
Pour cela, il va nous falloir lâcher prise, et pour commencer lâcher prise de notre ego, rejoindre le non être de Lao Tseu: je ne suis plus rien implique je suis avec tout. Je fais corps avec ce qui est.
Il va nous falloir aussi lâcher prise des désirs, et même du désir de ne plus désirer. Etre sans désir, sans convoitise, cesser ce regard prédateur qui nous fait convoiter la plus grosse part de gâteau ! Fini l'envie d'être riche comme Crésus, fini l'envie de tout savoir comme Diderot, fini l'envie d'être un homme politique influant ! Rien, revenir à l'essence de l'être, l'essence du Tao.
Et ce chemin peut être long, car même si en définitive, il n'y a rien à atteindre, le Tao étant là offert à tous, l'ego et le mental peuvent avoir la peau dure. Or quel est le lieu à atteindre ? Qu'est-ce qui me permet de dire je suis ? Est-ce les pensées ? Est-ce réellement une pensée qui me permet de dire je suis ? Non, les pensées vont et viennent, je ne suis pas cela ! Est-ce la conscience ? Et si oui, de quoi est faite cette conscience ?
Avant même d'ouvrir les yeux, j'ai conscience de ce paysage qui s'offre à moi par la fenêtre de mon bureau, et j'ai conscience de tout un tas de choses, pourtant, si j'essaye de décrire ce qui constitue cette conscience, je me heurte à une difficulté, car la conscience
n'est pas pleine, ou plutôt elle est pleine mais de vide ! Et ce vide, c'est précisément le lieu à atteindre, celui qui nous connecte instantanément à l'instant présent. C'est le moyeux central et vide de la roue duquel rayonne chaque instant présent de notre vie, comme ce paysage dont je prend conscience.
Que reste-t-il à faire ? Rien ! Car le Tao est sans désir, donc il n'y a rien à faire pour le satisfaire.
Ainsi, quand nous nous sommes confondus avec le vide du Tao, que nous reconnaissons ce vide en chaque point et en chaque instant, nous sommes au bout du chemin. L'aventure commence.
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