Nous avons tous développé un ego plus ou moins marqué. La nécessité de se distinguer des autres quand nous étions jeunes nous a appris à agir et réagir pour nous-même, pour notre propre personne. "Moi je" devient le principal sujet de nos conversations. Il semble que tout tourne autour de ce qui peut nourrir notre satisfaction personnelle. Certains d'entre-nous vivent avec un ego fort développé toute leur vie sans aucune remise en question. C'est que l'ego ne voit pas le ridicule qu'il inspire. L'homme qui agit pour lui-même s'expose à la critique. A l'inverse l'homme qui agit pour autrui commence à inspirer le respect. Ce respect est définitivement acquis si cette aide est totalement désintéressée. Or le désintérêt est le propre du Tao qui, rappelons le, est sans désir.
Aussi, l'homme qui suit le Tao est sans intérêt dans sa non-action. Ce qu'il fait, il le fait pour l'équilibre du tout. Et pour cela il est important de ne pas se mettre en avant. Naturellement, il va faire grandir le petit et rabaisser le grand, aider le faible et rabrouer le fort, cela va dans le sens de la vie, tout simplement. Je veux dire la vie dans son ensemble, pas la vie de l'ego.
Pour parvenir au non-désir et au non-agir de Lao-Tseu, il convient de se défaire de son ego, et surtout de ne pas s'approprier le mérite de ses actes. Impossible de faire un impair ou de heurter quiconque si l
'homme s'efface au point de ne plus avoir une once d'ego. L'image la plus parlante est celle de la barque vide de Tchouang Tseu. Une barque portant un gros sac ayant la silhouette d'un homme dérive et fond vers une barque de pêcheurs. Les pêcheurs crient au scandale haranguant l'homme imaginaire, mais s'arrêtent aussitôt qu'ils reconnaissent le sac. Que l'homme s'efface, et les critiques stoppent.
Aussi, il faut s'effacer, s'effacer devant les richesses, l'argent, le gain, s'effacer devant les honneurs, la gloriole, le renom, s'effacer devant le pouvoir, l'action, les passions, s'effacer devant le savoir, la culture, et même l'intelligence. Seul le Tao peut offrir tout cela sans rien demander en retour. Et c'est l'un des plus beaux paradoxes du Tao. Ce que l'on trouve sans chercher, sans même
exister, en s'étant totalement effacé, nous est offert sans détour. C'est pourquoi Kalou Rimpoché dit du méditant, à force de s'effacer, "vous êtes rien et n'étant rien, vous êtes Tout".
Le Saint, une fois uni au Tao par humilité peut tout. Mais comme il ne veut rien, il laisse les choses suivre leur cours sans surtout rien imposer.
Qui est prêt à s'effacer devant le honneurs ? Qui est prêt à s'effacer devant le pouvoir ? Qui est prêt à s'effacer devant le savoir ? Qui est prêt à s'effacer devant les richesses ? Celui-là seul qui suit le Tao. Car, nous dit Lao Tseu : Le Saint Homme recevant des richesses les donne, et ce faisant en reçoit d'autres et les donne encore. Aussi, le Saint Homme est pauvre et ressemble à un déshérité. Mai sous son manteau élimé, il détient le trésor des trésors, la simplicité.
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