Le chêne et le roseau - Jean de La Fontaine |
Ce qui est faible et souple résiste au vent.
Par ces phrases Lao Tseu nous enseigne l'humilité et nous incite par ailleurs à garder notre faiblesse.
L'erreur de certains "Maîtres" est d'utiliser la spiritualité pour gonfler leur ego et au passage profiter du pouvoir qu'elle procure sur leurs élèves. Ce faisant ils deviennent rigides et autoritaires.
Une question qui se pose ici est ; "Quelle est donc la faiblesse de Lao Tseu ?"
Lao Tseu est un être éveillé de la dimension d'un Jésus ou d'un Bouddha.
Comme eux, il revendique sa qualité d'homme sur la Terre : Jésus se qualifie de "fils de l'homme" et Bouddha pratique la voie du milieu.
Aussi, Lao Tseu ne se laisse pas griser par l'infini pouvoir du Tao, il conserve sa qualité d'être humain. Il connait mais oublie ses désirs et même ses désirs d'agir, il ne fait plus confiance qu'au Tao et à sa Vertu.
Par ailleurs, le Tao est faible, infiniment faible, cela en fait sa force, en effet, le Tao est vide, vaccuité, et c'est ainsi qu'il se remplit, plus il se vide, plus il se remplit.
Lao Tseu, comme toujours se conforme au Tao, voilà pourquoi il garde sa faiblesse, celle de l'homme, comparée à celle des dieux. Il pousse même sa faiblesse jusqu'à celle du nourrisson. Il est vrai que par sa faiblesse, un nourrisson est irrésistible.
Nous avons un exemple de ce comportement profondément humain chez Tchouang Tseu qui refusa les honneurs de ministre pour pouvoir continuer à pêcher tranquillement en bord de rivière.
Bonjour cher âmi du Tao,
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Ici, ma force est d'aimer le Silence.
Là, ma faiblesse est d'en parler.
Enfin, ma faiblesse aide peut-être à renforcer d'autres ?
En toute amitié, Jack le poétiste.
Cher âmi du silence,
RépondreSupprimerGrâce à toi, j'ai pris conscience de la place du silence dans la dimension transcendante de la vie.
Comme le dit Maître Eckhart, "dans l'Univers, je ne connais rien qui ressemble plus à Dieu que le silence".
Belle soirée...
Oliver
Hello Oliver,
RépondreSupprimerFort et faible ou... dur et souple ? Ça n'est pas la même chose !
Ces mots français (traduttore traditore !) peuvent être interprétés de deux manières différentes.
En effet, il est une prétendue force qui n'est que rigidité, mais la véritable force est souplesse.
La rigidité est évidemment faiblesse. Comment qualifier de "fort" ce qui peut se casser d'un moment à l'autre ?
Plutôt que "faiblesse", beaucoup d'instructeurs spirituels emploient le mot "vulnérabilité".
Mais pourquoi ne pas aller encore un peu plus loin et utiliser des mots comme "ouverture" ou "disponibilité" ?
Dans leur acception conventionnelle, faiblesse et vulnérabilité semblent impliquer l'idée de "mal-être" en cas d'attaque.
Alors que la disponibilité sait continuer à bien être quoi qu'il advienne. C'est d'ailleurs en cela qu'elle est disponibilité. Elle accueille dans le bien être.
Notre bon frère Antoine suggérait à ce propos de traduire Shuniata par disponibilité.
Bonne idée, petit frère (ou petit scarabée, selon les sources) !
Quant à "Jésus fils de l'homme"... tss, tss, tss, c'est pas clair cette histoire !
On sait que nos textes évangéliques ne sont pas les originaux, tant s'en faut. Or, il est extrêmement probable que cette traduction (fils de l'homme) détourne le sens profond de "Ben Adam".
Adam, c'est Aleph (l'Un) illuminant "dam" (l'âme-sang, le psychique).
Bienheureuse est la conscience qui est dans la filiation de cette Unité illuminant l'âme ! Mais cette conscience peut-elle être qualifiée d'humaine ?
"Etre un homme" est une identification limitée.
Une fois illuminé par l'Unité, l'être est libre de toute identification. Il n'est plus quelque chose ou quelqu'un. Il se "contente" d'être.
Ce n'est que de l'extérieur qu'on peut dire "A la fois Dieu et Homme".
A l'Intérieur il n'y a de Dieu que Dieu. Il n'y a qu'Un sans second.
Pas d'homme !
Mais, d'un autre coté, il est vrai que l'homme qui n'est pas un homme est celui dont on peut dire : "C'est ça un homme, un vrai !"
Bernard
Bonjour Bernard,
SupprimerJe n'ai rien à dire contre ton analyse. Je crois effectivement que la faiblesse de Lao Tseu est une Non Faiblesse, et qu'il a l'ouverture, la spontanéité du nourrisson ou de l'enfançon qui a son énergie vitale au maximum, mais qui est capable de recracher sa bouillie sans crier gare !
Indépendamment de l'homme, je crois que Lao Tseu n'oublie pas les désirs de l'homme (désirs=faiblesse). Cela lui apporte un sentiment de compassion envers ses congénères.
Pour ce qui est de Jesus, et "le fils de l'homme", j'aimais assez cette idée d'un dieu humain. Mais ce que tu dis sur la réelle traduction est sans doute vrai, et j'approuve ce que ton argumentation sur l'illumination, où entre l'être et son entourage, il ne reste que (Dieu) le Tao.
Cela étant, on a vu où le jusqu'au boutisme de Jésus l'a conduit. C'est, peut-être, cette forme de rigidité contre laquelle Lao Tseu nous met en garde.
Bonne journée
Oliver
Bonsoir Olivier,
RépondreSupprimerJuste deux points à souligner :
"Lao Tseu n'oublie pas les désirs de l'homme (désirs=faiblesse). Cela lui apporte un sentiment de compassion"
La véritable compassion est le sentiment naturel qui demeure à la base du fonctionnement émotionnel une fois que les "émotions fantômes" (les jérémiades de l'ego) ont été dissoutes.
Rien ne peut "apporter" cette compassion là. Elle a toujours été notre véritable émotion. Toutes les autres émotions ne sont que des parasites égocentriques, des déformations pathologiques de cette émotion de base.
Tout comme, d'une manière plus générale, l'ego est un parasite du Soi.
Deuxième point :
"on a vu où le jusqu'au boutisme de Jésus l'a conduit. C'est, peut-être, cette forme de rigidité contre laquelle Lao Tseu nous met en garde"
Les probabilités pour que le Jésus du mythe évangélique soit historique sont vertigineusement faibles. L'histoire de Jésus est une métaphore correspondant très précisément au processus d'Eveil tel qu'il est décrit par à peu près toutes les Traditions ; sa crucifixion symbolisant plus spécifiquement le processus ultime de mort/renaissance.
J'en parle partiellement ici : http://vous-y-etes.com/2012/05/prnom-jsus-nom-de-famille-christ-2/
Tout ça pour dire que la lecture de l'évangile au premier degré n'est probablement pas la meilleure idée qu'ait pu avoir le Christianisme !!!
Bernard
Bonjour Bernard,
RépondreSupprimer"Tout ça pour dire que la lecture de l'évangile au premier degré n'est probablement pas la meilleure idée qu'ait pu avoir le Christianisme !!!"
Je suis d'accord avec le fait que les évangiles, et la Bible en général ne doivent pas se lire au premier degré. Et du reste, quel intérêt ? Puisque le véritable intérêt est l'ouverture du coeur du lecteur.
"L'histoire de Jésus est une métaphore correspondant très précisément au processus d'Eveil tel qu'il est décrit par à peu près toutes les Traditions ; sa crucifixion symbolisant plus spécifiquement le processus ultime de mort/renaissance."
La symbolique de la crucifixion est en effet très forte : mort de l'Ego, renaissance dans l'Absolu. Cependant Jésus est censé arriver sur la croix sans ego. Il est donc censé avoir la sagesse Universelle, celle de Lao Tseu, qui protège des dangers. Il y a la une petite contradiction dans l'histoire et même dans la symbolique des évangiles.
"Rien ne peut "apporter" cette compassion là. Elle a toujours été notre véritable émotion. Toutes les autres émotions ne sont que des parasites égocentriques, des déformations pathologiques de cette émotion de base."
Je n'avais jamais vu la compassion sous cet angle, je trouve ça beau...
Bien à toi,
Oliver
Re bonjour Bernard
RépondreSupprimer"Dans ce schéma, la faculté intuitionnelle (le Saint Esprit) féconde la Vacuité mentale (la Matrice Marie), ce qui engendre Jésus (le Fils), incarnation de la pure Conscience « Je suis » (le Père)."
Bravo...
Et re re Oliver,
RépondreSupprimer"Jésus est censé arriver sur la croix sans ego. Il est donc censé avoir la sagesse Universelle, celle de Lao Tseu, qui protège des dangers. Il y a la une petite contradiction dans l'histoire et même dans la symbolique des évangiles."
Pas de contradiction ! Ce n'est pas l'ego qui est crucifié, c'est le Christ, c'est à dire la conscience-fils, afin que soit réalisée la conscience-père.
A ce stade, l'ego personnel n'est plus là depuis longtemps.
Dans beaucoup de doctrines orientales, on fait la distinction entre la destruction des Vasanas (les racines personnelles de l'ego) et la destruction des Samskaras (les racines transpersonnelles de l'ego).
La crucifixion correspond à la destruction de ces dernières.
La crucifixion est un symbole du processus par lequel le parabrahman, le Sahaja Samadhi, est réalisé. C'est le stade ultime de la Réalisation.
Ce que l'on appelle généralement l'éveil (l'éveil soudain) correspond, quant à lui, au Baptême. A ce stade, les Vasanas s'évanouissent. Mais il faut encore que les Samskaras, qui sont à l'origine des Vasanas, soient détruits à leur tour.
Allez, encore deux petits liens pour approfondir éventuellement cette symbolique :
http://vous-y-etes.com/2012/04/les-3-roses-de-lveil-la-voie-progressive/
http://vous-y-etes.com/2012/05/joseph-et-marie-dveloppement-personnel-et-spiritualit-2/
Ça mange pas de pain béni !
Bernard
Merci Bernard pour toutes ces précisions.
RépondreSupprimerCe que je trouve incroyable, c'est la justesse de tes propos sur le plan de la spiritualité, par rapport à la pratique que j'en ai.
Je trouve tout aussi incroyable la façon que tu as de décrire cela en t'appuyant sur la symbolique religieuse tant occidentale qu'orientale.
Tout cela démontre une grande érudition.
La question que j'ai envie de te poser est la suivante : Que penses-tu du Non Savoir de Lao Tseu, ou de la connaissance de Dieu par Marie dans le Non Savoir? Cela est-il compatible avec l'érudition? La connaissance de Dieu remplace-t-elle l'érudition?
Bonne soirée à toi, Oliver
Si le Non savoir détruisait le savoir, les éveillés ne sauraient plus comment rentrer chez eux ni comment mettre un pied devant l'autre pour marcher.
RépondreSupprimerPlus sérieusement, une fois la conscience établie dans le Non savoir, tout le savoir reste à disposition. Il est même, pour la première fois de sa vie, "au service".
Jusqu'alors il se prenait pour le roi. C'est de là que naissaient les problèmes. C'est là que résidait l'illusion.
En revanche, lorsque l'identité réside dans le Non savoir, le mental, enfin débarrassé de son fonctionnement égocentrique et vidé de ses illusions, peut accueillir la connaissance apportée par la faculté intuitionnelle.
Et c'est cette faculté intuitionnelle qui gouverne dès lors le mental, se servant du savoir comme d'un outil de communication.
Mais il est bien évident qu'en dehors des nécessités d'une telle communication, le savoir ne sert plus à rien et n'est, par conséquent, jamais sollicité.
Ramana Maharshi a réalisé son éveil sans aucun savoir. Puis, dans le seul but de communiquer avec ceux de ses disciples qui ne pouvaient se contenter du Silence, il a potassé pendant des mois des tonnes de bouquins de spiritualité.
Chandra Swami, au contraire, a énormément potassé avant de trouver l'éveil. Et, une fois éveillé, il a évidemment utilisé son savoir chaque fois qu'il en avait besoin, sans pour autant en abuser.
Ma Ananda Moyi, elle, semblait avoir accès à une espèce de "science infuse" et pouvait tenir de longues conversations très érudites avec des Bouddhistes ou des Musulmans... sans jamais avoir étudié ces Traditions.
En général, tout éveil, de quelque "niveau" qu'il soit, offre l'accès à la fois à une connaissance spontanée et à une organisation beaucoup plus claire et performante du mental et de son stock de savoir.
Plus la conscience est claire, et plus les mécanismes mentaux peuvent être manipulés avec dextérité.
Mais tout cela n'est évidemment possible que si la conscience est établie dans le Silence.
Il faut simplement comprendre que le Silence ne craint pas le bruit.
En fait, le bruit du mental est pur Silence.
Il n'y a jamais eu le moindre bruit !
Bernard
Bonsoir Bernard,
RépondreSupprimerIl semble en effet que tout cela fonctionne très bien chez toi, bravo.
Juste une remarque, il n'y a pas besoin de savoir pour retrouver son chemin. L'absolu se retrouve en lui-même et indique par l'intuition la direction (je l'ai mainte fois pratiqué). Cela étant, j'ai bien compris le savoir "au service".
Oliver
Bonsoir Oliver,
RépondreSupprimerLe besoin de savoir est inversement proportionnel au degré d'éveil (ou, dans un premier temps, d'intuition). Aussi, certains ont-ils absolument besoin de savoir ; d'autres pratiquement pas...
Si vraiment personne n'avait besoin de savoir, tous les Maîtres spirituels qui ont dispensé un enseignement, Lao Tseu compris, ne se seraient jamais donné la peine d'enseigner quoi que ce soit.
Partons quand même du principe que ces Maîtres n'étaient pas plus bêtes que quiconque. Accordons-leur d'avoir su ce qu'ils faisaient.
Et n'oublions pas que même la formule "celui qui parle ne sait pas, et celui qui sait ne parle pas" a bien dû être enseignée et écrite.
Sinon il y a des tas de gens qui ne l'auraient jamais su !
Bernard
Oui Bernard,
RépondreSupprimerDe nombreux Maîtres ont dispensé un enseignement. Ceux que je préfère sont ceux qui pratiquent cet enseignement de manière intuitive (une majorité selon moi). Dans le feu de l'intuition, la simplicité apparaît.
D'autres qui construisent des théories ou des dogmes me plaisent moins.
Bien à toi, bonne soirée, Oliver