Voici un texte de BK que j'ai trouvé sur son excellent site http://vous-y-etes.com/2012/11/science-et-spiritualit/
Il y expose les deux aspects de la pensée, l'une rationnelle qui débouche sur des concepts scientifiques, l'autre intuitive proche de la connaissance spirituelle.
Oliver
Il y expose les deux aspects de la pensée, l'une rationnelle qui débouche sur des concepts scientifiques, l'autre intuitive proche de la connaissance spirituelle.
Oliver
Science et Spiritualité
Notre époque sera sans doute un jour désignée comme celle où une étrange obsession technologique et scientifique tenait lieu, dans la conscience collective, de progrès, voire de civilisation.
En réalité, jamais la civilisation n’a été aussi absente d’une société développée.
Et ledit progrès semble bien être corrélé avec un effondrement quasi généralisé des valeurs qui avaient autrefois humanisé les hominidés, alliance familiale ou tribale en tête.
Cette société postmoderne où la science et la technologie s’arrangent si complaisamment avec le commerce et la politique pour satisfaire les désirs de plus en plus malades des ego-rois est de toute évidence engagée dans une voie tournant radicalement le dos aussi bien à la nature qu’à la spiritualité.
La planète est à l’agonie, la pollution et le stress des villes ruinent à vitesse accélérée l’équilibre physique et mental des individus, les enfants, abandonnés à eux-mêmes, s’entretuent dans les écoles, l’indifférence et le cynisme remplacent désormais l’ensemble des autres sentiments…
Mais, comme si ce n’était pas suffisant, l’absence de toute interrogation métaphysique devient un sujet de fierté.
Et la mise à l’index des comportements spirituels passe à l’ordre du jour.
Dans un tel contexte, la plupart des scientifiques, comme autant de réincarnations du Dr Faust, ne trouvent évidemment aucune alternative à la science sans conscience qui leur est imposée.
Si bien que, pour la première fois dans l’histoire, la science, qui se devait traditionnellement de refléter la Sagesse, n’est plus que l’expression d’une folie ordinaire dont l’objectif semble de plus en plus être l’orchestration d’un gigantesque suicide collectif.
Comment en est-on arrivé à un tel stade d’inconscience ?
Lentement, bien sûr, mais sûrement, à la suite d’une succession de divorces :
tout d’abord entre la spiritualité et la religion,
Aujourd’hui, à l’exception d’une poignée d’obscurs épistémologistes, les scientifiques ignorent tout de la philosophie et les philosophes de la science.
Gregory Bateson
Aussi ne faut-il pas s’étonner que, dans une semblable ignorance par nature pourvoyeuse de mépris vis-à-vis de l’autre, ces scientifiques affichent le manque flagrant d’humilité qui les caractérise dorénavant.
De plus en plus éloignés des réalités concrètes et basiques, ils ont ni plus ni moins réussi à déshumaniser la science.
C’est d’ailleurs ce que leur reproche un nombre croissant de jeunes qui se détournent à présent des études scientifiques.
Pendant que certains scientifiques, sans doute pour tenter de stopper cette dangereuse désaffection, suggèrent de réhabiliter la pensée analogique.
Pensées analogique et analytique devraient en effet faire bon ménage, ne serait-ce que parce qu’il serait pour le moins malsain de persévérer dans une approche scientifique qui s’amputeraient sciemment de la moitié de la matière grise disponible.
Il semble donc indispensable de retrouver le bon sens d’une pensée complète, intégrant intuition et rationalisation.
Or, la mise en service de facultés mentales complètes est l’une des conséquences de ce que l’on appelle la « spiritualité », un processus qui fut, dans toutes les grandes civilisations traditionnelles, soutenu par ce qu’il convient bel et bien d’appeler une « science spirituelle ».
En un monde illusoire, tout savoir est croyance
La notion de science spirituelle, totalement oubliée de nos jours, sauf peut-être dans des pratiques comme les Yogas ou les Chi Kong, plonge ses racines dans la plus haute antiquité.
Sans doute peut-on la faire remonter à l’époque de la civilisation égyptienne naissante ou à celle des Rishis de l’Inde.
C’est plus ou moins à partir de ces époques que naquirent ces sciences et ces arts dépendant de la spiritualité, astronomie-astrologie, arts plastiques, mathématique ou architecture…
Tout était donc, bien qu’à différents niveaux, expression de la science spirituelle.
Cette science avait évidemment comme premier objectif de guider l’humanité vers une compréhension de la nature profonde de soi-même puis, seulement par voie de conséquence, vers une connaissance de « l’univers et des dieux ».
Inutile de préciser que, dans une telle science, la subjectivité primait sur l’objectivité.
La connaissance du monde extérieur demeurait subordonnée à celle de l’univers intérieur.
Car selon les Sages qui inspirèrent cette science spirituelle, le connaissant est à l’intérieur.
Et rien au monde ne peut être connu « en Vérité » tant que Cela qui connaît reste celé par la pensée conditionnée.
Une telle science n’avait donc rien à voir avec nos sciences exactes, ni même avec nos sciences humaines !
Mais elle n’était pourtant ni mysticisme ni théologie.
Au contraire des religions instituées, elle ne faisait appel ni à l’intellect ni à l’émotion, mais à l’Intuition… tout de même mise le plus possible (pour l’époque) à l’épreuve de la raison.
Conscientiser ce qui façonne le monde
Même si, au hasard de l’histoire, le cap n’a pas toujours été maintenu avec fermeté, la science spirituelle avait malgré tout pour propos, à l’origine, de cultiver intuition et rationalité de manière harmonieuse.
Cette science originelle, mieux qu’aucune de nos psychologies modernes, proposait une perspective doctrinale adaptée aux véritables besoins de chacun, évitant ainsi de s’épuiser inutilement dans le combat contre l’ego.
Mais à ceux qui se montraient dignes d’être dégagés de la perspective commune, elle permettait de comprendre que la perception de ce monde est illusoire, que la conscience cognitive est mensongère, qu’elle ne recèle aucune forme de réalité, dans aucun de ses aspects, et que, par conséquent, elle se prête par nature au modelage de nos visions individuelles.
Aux antipodes de nos sciences matérialistes qui se dessèchent à force de définir et redéfinir l’univers, d’ailleurs à seule fin d’en tirer profit, la science spirituelle, recueillant en cela la meilleure part de l’héritage du chamanisme, pose d’emblée le monde comme un phénomène qui devient ce que l’on veut profondément qu’il soit.
C’est ainsi que, sur cette base, elle stabilise la civilisation et, pour ceux qui sont prêts à accueillir la réalité, elle désamorce l’illusionnement mondain.
En apprenant à descendre en soi-même suffisamment profondément pour trouver le lieu où se définit la vision sculptrice du monde, le chercheur traditionnel échappait à toutes les croyances qu’on avait programmé en lui et auxquelles s’attachaient ses semblables.
Il apprend qu’il n’est ni ceci ni cela, mais qu’il est, tout simplement… et que c’est depuis ce « Je suis » que se façonne le monde.
A la recherche de l’Unité perdue
Si la science traditionnelle appartient au passé, il n’est pas interdit d’en espérer une résurgence dans l’avenir.
Déjà, un certain nombre de signes avant-coureurs, comme l’avènement du nouveau paradigme des sciences ou de la psychologie transpersonnelle, nous laissent à penser que le monde scientifique commence à ne plus trouver le matérialisme très satisfaisant et à souhaiter la réconciliation de la philosophie et de la science.
David Bohm et Krishnamurti
C’est ainsi que, depuis quelques années, psychologues et même physiciens du nouveau paradigme ne laissent plus aux seuls prêtres le soin d’explorer le subjectif, d’observer l’observateur ou de connaître le connaissant…
Ils comprennent un peu plus chaque jour à quel point toute connaissance, fut-elle appliquée à l’objet le plus concret, reste fondamentalement subjective.
« Le déclencheur de cette prise de conscience », écrit Willis Harman, président de l’Institut des Sciences Noétiques, « a été la résolution de la controverse sur la nature particulaire ou ondulatoire de la lumière.
« On a reconnu que, si ces deux interprétations sont chacune utiles pour exprimer certains aspects de la nature transcendante de la lumière, elles ne sont que des métaphores.
« Par la suite, la résolution de ce problème a servi de modèle pour d’autres interrogations ».
Et depuis, en effet, non seulement le monde scientifique progressiste reconnaît la valeur des métaphores relatant l’expérience extérieure, mais il intègre également celles qui parlent de l’expérience intérieure.
Mieux encore, ces mêmes scientifiques tentent d’unifier les deux types de métaphores dans un paradigme qui, comme chacun aura pu le remarquer, s’inspire sans modération du Zen, du Taoïsme ou du Védantisme…
Dans ce moderne condensé de la sagesse universelle, l’univers tel que nous le percevons à travers nos conditionnements est présenté comme illusoire.
Seul est réel l’Esprit de cet univers, qui est également notre Soi le plus profond.
Il y a donc un niveau zéro de la manifestation qui constitue non seulement le substrat de conscience commun à tous les êtres mais encore la matrice de tous les phénomènes matériels.
Cela pourra sans doute paraître délirant aux matérialistes, mais c’est néanmoins sur cette base que le physicien David Bohm a créé le concept d’holomouvement.
David Bohm
Ce concept part de l’idée qu’il existerait un ordre implicite de l’univers, une sorte de matrice indifférenciée de laquelle surgirait, suscité par un modèle spécifique d’interférence, l’ordre explicite, c’est-à-dire l’univers perçu, notre espace-temps.
Un tel holomouvement, puisque antérieur à la manifestation spatiotemporelle, distribuerait l’information indépendamment de l’espace et du temps.
Cela nous offrirait ainsi un modèle qui, à défaut d’être réellement spirituel, permettrait au moins, surtout si on le complète par celui des champs morphogénétiques de Rubert Sheldrake, d’expliquer l’ensemble des expériences chamaniques.
Rupert Sheldrake
En d’autres termes, d’expliquer le monde dans une perspective pré-spirituelle.
C’est un début !
Une exubérance de théories
Mais ce n’est qu’un début, car le nouveau paradigme pèche encore par bien des aspects, et notamment par une exubérance de théories, d’ailleurs absolument non hiérarchisées.
Ne serait-ce que pour décrire ce que l’on appelle génériquement « la zone quantique », après l’holomouvement est apparue :
la théorie tachyonique supposant l’existence d’un univers superlumineux composé de particules douées d’une vitesse supérieure à celle de la lumière et qui remonteraient le temps en marche arrière,
puis la théorie de Burkhard Heim qui a mathématiquement démontré l’enchâssement du monde physique dans le monde psychique, et de ce dernier dans le monde spirituel, etc., etc.
Si bien que, pour Helen Wambach, une psychologue transpersonnelle, la physique des quanta, qui propose une image du monde où la matière bien concrète disparaît au profit de particules d’énergie et où l’esprit est antérieur au cerveau, n’est qu’un mythe de plus, faisant suite :
à celui de la religiosité où un Créateur de l’univers attend du troupeau ignorant qu’il suive ses lois sans discuter,
ou à celui de la réincarnation qui implique une bonification de l’âme à travers une longue succession d’incarnations partant de la brute pour aboutir à l’être hautement spiritualisé,
ou même à celui du scientifique classique pour qui seuls les phénomènes matériels présentent un quelconque intérêt.
Toutes ces interprétations du monde, qu’elles soient religieuses ou scientifiques, ne sont évidemment que des productions du mental.
Ce ne sont, en d’autres termes, que des illusions qui, en venant s’ajouter aux illusions communes du conditionnement, ne travaillent certainement pas au désillusionnement prôné par une science spirituelle qui enseignait que le mental n’observe pas le monde mais le crée de toute pièce.
Certaines écoles au sein du nouveau paradigme, il est vrai, ont intégré cette dernière notion… mais malheureusement uniquement en tant que notion.
Cela a même hérité d’un nom, le constructionnisme, qui, du coup, pourrait fort bien venir s’ajouter à la longue liste des « mythes » d’Helen Wambach.
En psychologie, c’est Watzlawicz et l’école de Palo Alto qui ont le mieux représenté ce courant.
Paul Watzlawicz
Mais seul un constructionnisme ontologique – et non psychologique ou physique – pourrait s’inscrire dans une science spirituelle digne de ce nom.
Y-a-t-il une science au-delà du concept ?
Ce que la Tradition enseignait, c’est que tant que notre mental est excité par des habitudes d’ego, c’est-à-dire du désir, nous créons des illusions et, partant, ce qu’il est convenu d’appeler "le monde".
Mais dès que nous refusons de rester l’esclave de la machine à concepts, le Vide nous suffit et le désir de monde, donc d’incarnation, est mené à bonne fin.
Malheureusement pour la science, ce Vide exclut toute possibilité de création de concepts.
Pas de concepts dans le Vide !
Même la science spirituelle a le bon goût de disparaître au seuil de l’Eveil.
Elle se distingue donc également des sciences ordinaires en cela qu’elle prévoit de céder la place à ce qui la dépasse.
Dans la mesure où elle reflète avec la plus grande fidélité possible le plan de conscience non duel, et dispose ainsi de la possibilité explosive de réunir tous les antagonismes conceptuels, elle est, en quelque sorte, programmée pour l’autodestruction.
Ce n’est évidemment pas encore le cas du nouveau paradigme qui, même s’il s’inspire de la philosophie éternelle, part néanmoins de l’Avidya, l’état d’ignorance ontologique, et tente d’approcher la réalité dans des termes appartenant au monde de cette même ignorance.
Il s’agit donc bien, pour le scientifique, de créer des concepts, et non d’éveiller l’individu à La Réalité au-delà de tout concept.
Au contraire, la science spirituelle émanait de la Sagesse des Maîtres réalisés et s’adressait à la part spirituelle du disciple pour court-circuiter tout concept et éveiller ainsi sa conscience du Soi.
Tout ceci pose aux scientifiques du nouveau paradigme une question essentielle, par rapport à toute science : à quoi nous sert-il de posséder une explication concernant le Réel extratemporel si cette explication, puisque conceptuelle, maintient précisément notre conscience emprisonnée dans le temps ?
Et, si notre conscience parvient à se libérer du temps, quel besoin avons-nous alors d’une explication quelconque ?
Finalement, la science, comme le suggérait Nisargadatta Maharaj, est peut-être aussi inappropriée, spirituellement parlant, que la tentative d’arrêter quelqu’un en marchant sur son ombre.
Oui, la science ne peut saisir
RépondreSupprimerl'a-conceptuel... Belle soirée, Oliver
Bonsoir Phène,
RépondreSupprimerIl n'en demeure pas moins que tout bon scientifique doit saisir l'importance de l'équilibre et le rôle primordial du vide ainsi que l'intérêt thérapeutique du vide de la pensée. Science et spiritualité devraient se rejoindre... Belle soirée à toi aussi Phène
Article très inspirant, merci.
RépondreSupprimerJe reste toutefois sceptique sur le passage suivant:
"Si bien que, pour Helen Wambach, une psychologue transpersonnelle, la physique des quanta, qui propose une image du monde où la matière bien concrète disparaît au profit de particules d’énergie et où l’esprit est antérieur au cerveau, n’est qu’un mythe de plus, faisant suite :
à celui de la religiosité où un Créateur de l’univers attend du troupeau ignorant qu’il suive ses lois sans discuter,
ou à celui de la réincarnation qui implique une bonification de l’âme à travers une longue succession d’incarnations partant de la brute pour aboutir à l’être hautement spiritualisé,
ou même à celui du scientifique classique pour qui seuls les phénomènes matériels présentent un quelconque intérêt.
Toutes ces interprétations du monde, qu’elles soient religieuses ou scientifiques, ne sont évidemment que des productions du mental.
Ce ne sont, en d’autres termes, que des illusions qui, en venant s’ajouter aux illusions communes du conditionnement, ne travaillent certainement pas au désillusionnement prôné par une science spirituelle qui enseignait que le mental n’observe pas le monde mais le crée de toute pièce."
... je n'ai pas eu en effet l'impression que la physique quantique se faisait l'écho de ces trois illusions. Sans doute n'ai-je pas lu les mêmes desriptions d'expériences ou les mêmes conclusions. Par l'observation des particules, la physique quantique arrive justement à saisir le caractère unifié de toute manifestation du monde.
Bel éclairage que cet article dans son ensemble, quoi qu'il en soit. ;-)
Il est vrai que le comportement des électrons et d'autres petites particules est étonnant. Au lieu de se comporter comme de petits ballons, ils se comportent comme des vagues électromagnétiques. Et si l'on tente d'observer ces vagues, les électrons, timides, se comporte alors en petits ballons, par le seul fait de l'observation. Il semble donc bien que les particules soient reliées entre elles par un champ énergétique. L'expérience d'Aspin est encore bien plus surprenante car elle tend à montrer que les connexions entre particules peuvent aller plus vite que la lumière. Le vide recèle encore bien des mystères, c'est le mystère des mystères.
Supprimeramicalement, Oliver