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vendredi 3 juillet 2015

Les mystères de la voie : 8 : Le non désir


Voici un trait de la voie auquel je dois une fière chandelle. C'est en effet grâce à la pratique du non désir que j'ai pu progresser sur la voie. La pratique du non désir est d'une efficacité redoutable pour s'ouvrir aux autres. Sans désir propre, on est attentif aux besoins des autres. On change d'attitude: au lieu d'essayer de se faire plaisir, on tâche de faire plaisir aux autres. 
Sans désir on prend la vie comme elle vient, on ne se projette sur rien d'autre que l'instant présent. 
Sans désir, on gagne en humilité, on ne désir plus sans cesse être le premier, on laisse la première place, et on découvre les joies de la dernière. Lao Tseu dit que la dernière place est la meilleure, pour qui doit gouverner des hommes sans heurt.
Sans désir, la vie est jalonnée d'agréables surprises, qui, n'étant pas attendues sont d'authentiques cadeaux de la voie.
Sans désir, on place le niveau de l'attente à zéro, il est impossible d'être déçu, ni même ébranlé. Si, par maladresse, je fais tomber un verre, et qu'il se casse, je ne m'emporte pas, je prends la chose avec philosophie, je ne désir pas plus qu'il reste intact, qu'il ne se casse. S'il est cassé, c'est qu'il devait en être ainsi, et c'est avec plaisir que je prends la balayette pour ramasser les morceaux.
Sans désir, le Saint Homme se contente des petits plaisirs de la vie, il fuit les honneurs, il ne cherche pas de disciples, ce sont parfois les disciples qui viennent à lui.
Etre sans désir est une technique commode pour étiqueter ses pensées, et voir que très rapidement, le mental convertit ces pensées en désir. Nous projetant par la même occasion hors de l'instant présent.
Par exemple je voix par ma fenêtre un arbre, il bouge, ce qui me fait penser au vent, puis me fait penser à la planche à voile que je me plaisait à chevaucher étant jeune, ce qui, si je n'y prends pas garde peut me plonger dans un état nostalgique du passé. La nostalgie est une forme de désir, il s'agit du désir de revivre la passé. Et comme c'est un désir irréalisable, il fait souffrir.
Reconnaître cette nostalgie comme un désir, et donc abandonner cette pensée évite la souffrance. Nous pouvons observer nos pensées : elles partent généralement d'une perception, ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous touchons, ce que nous sentons ou que nous goûtons, et puis, très vite, notre mental s'y accroche et fait des associations. Et notre mental a l'art d'imaginer des scénarios catastrophe : je vois une voiture... "et si tu avais perdu tes clefs ?" "tu es sûr qu"elle sont dans ta poche ?" "vérifie !" et c'est ainsi que le désir de vérifier si mes clefs sont bien dans ma poche est né d'une bête inquiétude. Seulement voilà je suis au ski sur un télésiège, et il vaut mieux faire taire ce désir plutôt que de risquer de faire tomber les clefs.
Si l'on regarde bien presque toutes nos pensées sont désir, et elles peuvent être très fortes, comme lors d'un désir sexuel ou gourmand, elles peuvent alors préoccuper l'être dans son entier. Etre sans désir revient à faire un sacré ménage dans son mental. Ne plus donner de poids à ses désirs revient à rentrer dans un état quasi méditatif, sans pensées autres que les pensées intuitives. C'est un état sans mental ou presque. Un état lové au cœur de l'instant présent.
L'éveil n'est plus très loin. 

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