Cette vidéo publiée dans l'excellent blog
http://yog.lavie.over-blog.com/article-une-femme-hors-du-temps-114036235.html
nous présente Lynx, une femme qui a décidé de réduire au maximum son impact écologique en revenant à une vie préhistorique. Et elle enseigne son savoir faire à de petits groupes de volontaires pour opérer un tel retour en arrière...
Je dis souvent que suivre le Tao est un retour à la vie naturelle. Et que la nature nous montre la voie de l'équilibre. Je ne peux donc que louer l'initiative de Lynx. Cependant, il est une question que l'on est en droit de se poser. Ce retour en arrière peut-il s'opérer dans de bonnes conditions sans une modification profonde des consciences ? Lorsqu'on regarde la vidéo et qu'on écoute les Robinsons des temps modernes, on constate que leur désir d'apprendre et de faire est encore grand. Rien à voir avec le retour à la source du Tao qui se veut sans désir. Il n'a pas fallu beaucoup de temps à notre groupe pour réinventer le feu, leur faudrait-il beaucoup plus de temps pour réinventer les forges et le métal ? Qu'est-ce qui pourrait limiter l'escalade d'ingéniosité qui caractérise l'homme ?
Le Boutan, un petit royaume gouvernant en fonction de l'indice du bonheur national brut (BNB) |
La vie transcendante proposée par Lao Tseu conduirait à une vie sans désir, sans ego. Il est certain que cette vie limiterait d'emblée le gaspillage, puisque nous n'aurions plus peur de manquer et que nous n'attendrions rien du futur. Subvenir à nos besoins essentiels serait guidé par notre instinct et notre ingéniosité proviendrait de notre intuition et non de notre réflexion. Notre mental serait pure vacuité. Nous vivrions un peu comme des Bonzes sans nous soucier d'un avenir meilleur. Peu à peu, la société de consommation actuelle se réduirait d'elle-même à l'essentiel.
(Si je gouvernais) un petit royaume et un peuple peu nombreux, n'eût-il des armes que pour dix ou cent hommes, je l'empêcherais de s'en servir.
J'apprendrais au peuple à craindre la mort et à ne pas émigrer au loin.
Quand il aurait des bateaux et des chars, il n'y monterait pas.
Quand il aurait des cuirasses et des lances, il ne les porterait pas.
Je le ferais revenir à l'usage des cordelettes nouées*.
Il savourerait sa nourriture, il trouverait de l'élégance dans ses vêtements, il se plairait dans sa demeure, il aimerait ses simples usages.
Si un autres royaume se trouvait en face du mien, et que les cris des coqs et des chiens s'entendissent de l'un à l'autre, mon peuple arriverait à la vieillesse et à la mort sans avoir visité le peuple voisin.
J'apprendrais au peuple à craindre la mort et à ne pas émigrer au loin.
Quand il aurait des bateaux et des chars, il n'y monterait pas.
Quand il aurait des cuirasses et des lances, il ne les porterait pas.
Je le ferais revenir à l'usage des cordelettes nouées*.
Il savourerait sa nourriture, il trouverait de l'élégance dans ses vêtements, il se plairait dans sa demeure, il aimerait ses simples usages.
Si un autres royaume se trouvait en face du mien, et que les cris des coqs et des chiens s'entendissent de l'un à l'autre, mon peuple arriverait à la vieillesse et à la mort sans avoir visité le peuple voisin.
Lao Tseu
* Dans la Haute Antiquité, lorsque l'écriture n'était pas encore inventée, les hommes se servaient de cordelettes nouées pour communiquer leurs pensées. À cette époque, les mœurs étaient pures et simples, et, suivant les idées de Lao-tseu, elles n'avaient pas encore été altérées par les progrès des lumières. Dans la pensée de l'auteur, les mots « je ramènerais le peuple à l'usage des cordelettes nouées » signifient : « je ramènerais le peuple à sa simplicité primitive ».
Bonjour cher Oliver,
RépondreSupprimerTrès intéressant ! Oui, "retour en arrière" ne signifie-t-il pas désembuer la conscience des vapeurs toxiques du mental... ;-) Avec sympathie, âmi taoïste
Bonsoir cher Phène
RépondreSupprimerOui il est rare de voir des individus accepter sur la durée un retour en arrière
âmicalement
Bonsoir cher âmi du Tao,
RépondreSupprimer------------------------------
Ici, il est naturel de revenir à la nature.
Là, il y a de l'élégance à vivre la terre dans sa proximité.
Enfin, écouter le silence et fumer le calumet de la paix.
Avec toute ma silencieuse sympathie, Jack le poétiste.
Bonsoir cher âmi du silence
RépondreSupprimerRéunis autour d'un feu, n'y as-t-il pas de plus belle paix...
Les anciens vivaient comme cela !
âmicalement, Oliver
Bonsoir Oliver,
RépondreSupprimerJ'aime bien la sensibilité de Lynx, elle est simple, elle sait ce qu'elle fait sans se prendre au sérieux.
Dans le film, ils sont tous très jeunes, c'est normal qu'ils aient envie d'apprendre ! Si à 20 ans on n'a plus envie de s'investir dans la vie, c'est qu'il y a peut-être un problème, non ?
Hors mode écolo ou désir de changer le monde, une vie plus simple découle avant tout de changements intérieurs et nous n'avons pas tous les mêmes possibilités pour s'engager dans ce genre de vie dans la durée.
Et passer rien qu'une nuit tout seul en forêt sans confort, ni lampe, ni montre et essayer d'y dormir sur sa veste, ce n'est pas si évident non plus. Mais c'est un excellent exercice pour voir son mental délirer sur la peur et toutes les angoisses archaïques que nous avons tous.
Pour ceux qui peuvent "se convertir" à une vie brute de décoffrage tout le temps comme dans le film, tant mieux !
Oui, j'ai moi même essayé de me promener seul sans lampe par une nuit sans lune dans les bois, le sable et les dunes. Je n'en menai pas large, mais je fis une belle découverte... Celle de vers luisants!
RépondreSupprimerâmicalement, Oliver
oh, alors ce n'est pas plus facile près de la mer ! (sourire). Les vers luisants, il y en a aussi en forêt et beaucoup de grand gibier par ici, qui a malheureusement peut-être encore plus peur que de "raison" de l'homme.
RépondreSupprimerCe qui m'a fait rire, c'est d'avoir été prise par du cinéma sans pourvoir le "contrôler" ou après un certain temps seulement ; alors que la peur liée à un danger ressenti par les sens en alerte ; un danger REEL est totalement différente. Et c'est bien de se confronter pour voir ou on en est avec la peur plutôt que de croire qu'il n'y en a pas ou plus.
bonne soirée
Ce que tu dis sur la peur est d'une justesse peu commune, car lorsque le danger est présent, on passe immédiatement dans l'action. Le mental est pris de court. On dit que l'on voit repasser le film de sa vie. J'ai connu ces sensations en faisant du canyoning dans les alpes maritimes.
Supprimerbonne et belle soirée
Dans un tout autre style, bien que la mort soit le point focal, j'ai eu le mental coupé court à la naissance prématurée de mon fils ... et le suicide d'un ami. On redevient très con après quand on retombe dans le fonctionnement habituel, alors que les actes étaient complètement fonctionnels, simples comme bonjour, comme quand on sait ce qu'il y a faire sans tergiverser ni se poser de question. Même si la force de l'émotion est renversante comme un tsunami. C'est aussi elle qui nous pousse vers la justesse quand elle n'est pas polluée par le moi qui s'en mêle et en fait tout une histoire où il est le centre.
SupprimerBye
Bonjour,
RépondreSupprimerL'émotion est ce qui fait de nous des êtres vivants, elle est parfois considérée comme une faiblesse, mais Lao Tseu ne dit-il pas qu'il faut savoir garder sa faiblesse ? Et comme tu le dis très justement, il convient de ne pas la laisser se polluer par le moi qui en ferait une histoire dont il serait le centre...
Bien âmicalement, Oliver
je n'aime pas trop l'expression "savoir garder sa faiblesse"... comme s'il fallait consentir à faire cet effort. mais peut-être est-ce la traduction.
Supprimernous n'avons pas la maîtrise de nos faiblesses, fragilités émotionnelles ou autres. inutile de chercher à se transformer. elles sont là aussi pour nous enseigner (selon moi). à nous de savoir les accueillir complètement ou pas selon nos capacités. et d'accueillir aussi que la voix du mental pleine de jugements, surgisse dépitée, avec tous ses commentaires (m... alors, t'en es encore là après tout ce temps ???).
tout cela s'effrite, s'érode au fur et à mesure ou pas !
à nous d'être vigilants mais suffisamment souples et ludiques sur le fil du rasoir. pas toujours facile ni drôle !
bon week-end
Lao Tseu veut dire par là (garder sa faiblesse) que la faiblesse l'emporte souvent sur le fort, comme le souple sur le rigide. Avoir une faiblesse dans un domaine, c'est déjà avoir appréhendé le domaine et mieux connaître ses limites, alors que celui qui se croit fort se fera sanctionner lourdement en atteignant ces limites.
Supprimerbon week-end itou, Oliver
ok, merci pour les éclaircissements.
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