Un jour, j'ai fait sur internet une rencontre brève mais exceptionnelle. L'internaute avait pour pseudo le Roseau. Il s'exprimait dans un style aussi profond que celui de Lao Tseu, bien que différent.
Ses phrases commençaient par exposer une idée tout en en ouvrant une deuxième puis une troisième... se terminant par une conclusion multiple le tout dans une cohérence parfaite ! Entre autres idées, il m'exposa la notion d'adhérence. La vie d'un taoïste est faite de non désir et de non agir. Il lui est donc délicat d'agir sans Ego. La facilité est de ne rien faire et de se figer dans l'inertie ! Mais il existe un moyen de rester immobile sans se figer... Ce moyen s'appelle l'adhérence.
C'est en effet ce point de contact immobile qui permet à la roue de voiture de conserver sa trajectoire. Ainsi, l'homme du Tao va chercher dans sa vie des points d’adhérences pour agir tout en restant immobile. L'immobilité est par rapport à son propre référentiel (comme pour le point de contact de la roue, qui se déplace lui à la vitesse du véhicule, mais qui voit la roue défiler dans un sens, et la route défiler dans l'autre, immobile par rapport à la voiture). Cette immobilité agissante est le propre de l'être éclairé.
Certains (comme little bouddha) sont amenés dans leur vie à méditer des mois durant, la dite méditation étant intérieurement très active. D'autres seront peut-être chauffeur de poids lourds mais leur éveil peut-être aussi actif s'ils pratiquent l'adhérence. L'adhérence permet en effet de s'assurer du non agir, d'être comme la feuille emportée par le courant (de la vie) sans jamais lutter. Une fois repéré, le point d'adhérence (ce peut être l'étude d'un texte) est mis en pratique par l'homme du Tao qui s'y intéresse sans passion. Mais l'homme du Tao sans désir reste attentif pour trouver un autre point d'adhérence avant de trop s'investir...
Une autre idée du Roseau était le non-messianisme. Pour lui le messie Jésus était loin d'être le seul. Lao Tseu, Bouddha, et tous ceux qui ont laissé leur nom furent eux aussi messianiques. Ils ont en effet tous mis des mots sur le mystère annonçant aux hommes la voie.
Or, si l'on assimile la foi aux flux de l'eau, et dire que la voie est un lac, aussi large soit-il, tout cela est comme de l'eau morte au regard du cycle de l'eau qui lui est la vie. De plus, nous le savons ces lacs que sont le religions ont la fâcheuse tendance de ne guère se tolérer.
Bien à vous toutes et tous,
Oliver
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