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jeudi 17 janvier 2013

Arrêter de penser

Lorsqu'on regarde un beau paysage, la plénitude est acquise si l'on ne pense pas. On est alors tout entier dans la contemplation de ce paysage. Ce qu'il nous apporte est suffisant à notre bonheur,  et nul n'est besoin d'aller le modifier tant nous le trouvons beau, en harmonie avec nous-même.


Notre contemplation ressemble presque à de l'extase. Notre mental est vide de toute pensée, c'est une parfaite vacuité. Cette vacuité est ressentie parce que nous sommes en adéquation, en équilibre avec la nature du paysage que l'on contemple.


Mais si quelqu'un vient nous poser une question, nous allons peut-être amorcer une réflexion, une pensée pour lui répondre. De la même manière un incident (ce peut-être, par exemple, une voiture, dont le frein à main est mal serré, qui descend toute seule) nous sortira de notre contemplation, et si nous ne pouvons agir tout de suite va générer un affolement de notre mental.


On le voit, la pensée est initiée par une perturbation extérieure. Et cela, on ne peut pas aller contre. Notre cerveau reçoit des informations en provenance des sens qui reflètent la situation de l'ici et maintenant. Si tout est calme, la vacuité peut s'installer. Si au contraire quelque chose nous perturbe, des pensées instinctives, intuitives vont jaillir. Si ces pensées apportent la solution, alors il est bon d'agir (non agir, sans mental). La solution mise en place, on peut revenir à la vacuité ou gérer une autre perturbation. Ce qui compte, c'est de ne pas se laisser embarquer par un faux problème du mental.


Mais, certains d'entre nous profitent de moments de vacuité pour réfléchir à ce qu'ils pourraient faire plus tard, ou à se remémorer le passé. Cela ne sert à rien ! Pire, c'est néfaste pour notre santé, car cela perturbe le cerveau reptilien qui gère notre corps. Non pendant les moments de calme, il ne faut penser à rien. Ce sera en effet le meilleur moyen de rester en contact avec notre être instinctif et intuitif. Et ainsi, on ne risque pas de passer à côté de notre réalisation qui ne peut se faire que dans l'ici et maintenant.

Par ailleurs,vous serez sans doute surpris de l'état de vacuité dans lequel est votre mental lorsque vous travaillez de façon concentrée. Observez-le, c'est presque incroyable.


Autrement dit, n'écoutons pas les timorés qui disent que l'on ne peut s'arrêter de penser. Ce qui est bon, c'est de s'arrêter de penser au maximum, car c'est dans le silence qu'on entend le mieux la musique. Et, dans notre cas, la musique est jouée par l'instinct et l'intuition qui sont deux manifestations vertueuses du Tao.


Comme en méditation, goûtons à la pensée racine (intuitive et spirituelle) et ne la polluons pas par notre mental.

  

18 commentaires:

  1. Je jubile ! Comme tu as répondu à mes questionnements, je vais pouvoir m'arrêter de penser maintenant ! :D

    Blagues à part, ce que perturbe, c'est que lors d'activités routinières (conduire pour me rendre au travail, jour après jour sur l'autoroute, par exemple), j'ai tendance à m'endormir si j'arrête de penser. Rester consciente du moment présent ne m'apporte pas assez de stimulation si le paysage n'est pas particulièrement attirant. La même chose se produit quand je médite. J'ai du mal à developper ma conscience du moment présent: quand je ne m'accroche pas aux pensées, je m'assoupis.

    Si quelqu'un a un truc, je suis preneur !

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  2. Bonsoir Caro,

    Voici un truc que je pratique de temps en temps. Je le pratique en particulier quand je conduis. Dans le paysage qui se déploie devant mon pare-brise je suis attentif à ce qui peut attirer mon attention (sur l'autoroute ce sera un peu dur, mais moi je circule en ville, c'est plus facile). Par exemple le chapeau d'un piéton. Le réflexe du mental, c'est de détailler le chapeau et de le regarder plus que nécessaire puis de cataloguer la chevelure frisée qui est sous le chapeau etc... jusqu'à être obligé de regarder de nouveau la route. Ça, c'est le réflexe du mental. Ce que je te propose, c'est de lui couper l'herbe sous le pied. Dès que tu as vu le chapeau, que tu l'as à peine identifié, tu porte ton regard sur autre chose jusqu'à ce que tu sois de nouveau attirée par un objet : la beauté d'un balcon par exemple. Cette chose est vue, tu passes à autre chose et ainsi de suite. Là normalement ton mental n'a pas de prise. Attention, à ne pratiquer que si l'exercice de la conduite automobile l'autorise...
    Un jour, je regardais le Dalaï-lama arriver à l'Elysée, son regard passait comme un enfant d'une chose à l'autre avec le même émerveillement.

    Bien chaleureusement, Oliver

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  3. Merci Oliver, je vais continuer à essayer celà alors. Habituellement, ce sont les animaux où la verdure qui réussissent à capter mon attention. L'hiver, on dirait que je ne vois que les panneaux publicitaires et les plaques d'immatriculation ... et l'écriture ne m'aide pas tellement ! lol

    Penses-tu que c'est bon de scruter notre environnement à la recherche de quelque chose qui puisse nous intéresser où s'il est plus sain de laisser le tao guider notre attention ?!

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  4. Bonjour caro,

    En fait ils'agit de laisser le Tao opérer. Et changer de centre d'intérêt avant même que le mental ne rentre en action. On peut très bien le faire avec les plaques d'immatriculation ou les panneaux publicitaires. Lorsque tu changes de direction, laisse le Tao te guider. Et s'il t'emmène ailleurs laisse le te conduire là ou il veut, tu seras peut-être surprise. C'est cela la Non Liberté, c'est se soumettre à ce (au Tao) qui veut pour nous le meilleur.

    Bien à toi,

    Oliver

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  5. Il est bien là mon problème. La pensée a pris beaucoup de place dans ma vie. Bien plus l'action. Et comme cette pensée la plupart du temps me renferme dans un système sans fin, cela tourne en rond. J'ai longtemps cru que c'est par la pensée que j'allais trouver les solutions et aujourd'hui je le paye. Dès que je commence à cogiter, je sens bien qu'en moi qqch ne colle pas. Le corps d'ailleurs m'envoie vite des signaux mais que j'écoute rarement. C'est incroyable de connaître la cause de son mal et de pourtant poursuivre sur la même voie...

    bonne journée

    Nicolas

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  6. Bonjour Nicolas,

    As-tu essayé de ne pas penser ? Et si oui, as-tu essayé de ne rien désirer ? Et si oui as-tu essayé de ne pas agir pour soi ? Et si oui, as-tu essayé l'humilité ? Ce sont des clés auxquelles on peut se raccrocher pour diminuer, pour réduire soi petit moi.

    bonne journée,
    Oliver

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  7. impossible de ne pas penser, les pensées surviennent... s'est ne plus s'y identifier qu'il faut tenter de faire... ou pas...

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  8. Oui, si tu préfères. Ne pas s'identifier est un premier pas qui permet un certain détachement. Mais tout de même, celui qui réfléchit à dessin, peut arrêter de penser à condition de renoncer à son dessin, c'est en cela que le non désir est efficace. De plus le vide des pensées ne vient pas instantanément, c'est une habitude qui se prend. Enfin la vacuité est une partie de l'enseignement de Gautama Bouddha.
    Comme tu dis, il y aura toujours des pensées car elles naissent des déséquilibres et le monde est impermanent, mais il faut distinguer les pensées construites (mental) des pensées intuitives. Ce qu'il est bon de calmer, ce sont les pensées construites.

    Namaste, Oliver

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  9. Bonjour, cher âmi du Tao,
    -----------------------------------
    Ici, tu connais mes pensées.
    Là, elles appartiennent au silence tout comme les tiennes au Tao.
    Enfin, c'est grâce à ce vide de pensée que je profite le plus du silence et de son éloquente parole.

    Avec toute ma silencieuse sympathie, Jack le poétiste.

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  10. Bonjour cher âmi du silence,

    Ici le mental est l'ennemi du silence,
    Là il l'empêche de s'exprimer librement.
    Enfin le silence et le Tao se rejoignent dans un profond mystère.

    En toute amitié, Oliver

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  11. le silence est une grâce que l'on reçoit ou pas. Je ne pense pas que l'on puisse aller le chercher ou alors en forçant un état au lieu d'accueillir celui qui est présent ici et maintenant (même agité).

    mon problème est que je ne me connecte pas à la bonne source et que du coup il y a parasites au niveau de mon état d'être.

    merci de cet échange

    Nicolas

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  12. Cher Nicolas,

    Le silence, la vacuité, le Tao n'amènent pas tous les éveillés dans le même état. Ils les conduisent à leur propre nature. Si ta nature est agitée, tu seras éveillé agité, et pourra comme tu le dis vivre l'instant présent agité.
    En ce qui concerne la source, je n'en connais pas d'autre que le Tao, et j'y accède par le vide de pensées, le silence, la vacuité. Peut-être peux-tu faire appel à ton instinct, car il émerge directement de la source.

    En toute âmitié, Oliver

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  13. Il m'arrive de me demander si ce n'est pas le Tao qui, ici et maintenant, me demande de réfléchir pour clarifier ma compréhension pour éventuellement être amenée à quelque chose que je ne soupçonne pas encore. Je prends bien soin de ne point juger, de ne point désirer, d'échapper à l'égo, mais je suis toujours portée à "m'amuser" à redéfinir tout ce que j'ai lu et tout ce que j'ai vécu durant les dernières heures. Peux-t'on alors dire que ce n'est pas le moment présent ?! (je viens d'ailleurs de réinventer ce matin, la définition du temps linéaire versus le temps cyclique !).

    Tant que je ne me crée pas de tension avec ça, je me laisse porter, mais j'essaie quand même de prendre des pauses en étant plus réceptive à mon environnement...mais c'est là que je m'endors. Peut-être est-ce que je devrais travailler ma réceptivité ?!?! J'essaie d'y voir, mais je suis d'abord poussée à redéfinir ce qu'est la réceptivité ... je pense de c'est ce dont parle Nicolas quand il dit tourner en rond...et c'est vrai que c'est pas facile de sortir de sa tête. Je n'y arrive jamais très longtemps, mais je crois quand même que je fais des petits progrès en pratiquant la méditation... Persévérance !!!

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  14. Bonjour caro,
    "Il m'arrive de me demander si ce n'est pas le Tao qui, ici et maintenant, me demande de réfléchir pour clarifier ma compréhension pour éventuellement être amenée à quelque chose que je ne soupçonne pas encore." Le Tao est partout aussi dans le mental. Si tu lâches vraiment prise, il peut parfois (très rarement) t'amener à utiliser ton mental comme par exemple pour faire un calcul. Par ailleurs, le Tao te conduit toujours à quelque chose que tu ne soupçonnes pas, car sinon, tu n'es pas sans désir.

    "m'amuser" à redéfinir tout ce que j'ai lu et tout ce que j'ai vécu durant les dernières heures. Peux-t'on alors dire que ce n'est pas le moment présent ?!"
    Ce dont tu parles c'est vraiment le mécanisme du mental, c'est ce qui distrait du moment présent. Et si tu observes bien, ton mental s'accroche à des désirs, comme par exemple préparer une rencontre avec un collègue de bureau, c'est par exemple un désir de bien paraître.

    (je viens d'ailleurs de réinventer ce matin, la définition du temps linéaire versus le temps cyclique !). Tu m'intéresse quesaquo ?

    Pour sortir de sa tête, tu le dis toi-même, l'essentiel est de persévérer. Il faut être patient, car les mécanismes d'éveil sont mystérieux et sont plus actifs quand on ne s'y attend pas...
    Lâcher prise...
    Bien à toi, Oliver

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  15. J'ai continué de réfléchir à la non-pensée en revenant du bureau hier (hé oui, je suis incorrigible !!!). En fait, comme je trouve que le moment présent qui se passe sur l'autoroute ne vaut pas la peine de s'y intéresser (oups...un jugement ici !), je préfère consciemment laisser mon mental faire les constructions logiques qui m'intéressent grandement où (moins souvent), préparer une rencontre où penser à ce que je ferai de mon week-end (j'estime que ce dernier type de réflexion est essentiel de temps en temps si jamais j'ai besoin de faire des réservations, par exemple).

    Pour ce qui est de ma théorie sur le temps, elle origine d'un livre que je viens de terminer: "Enseignements d'un maître Zen" de Dokushô Villaba. Villaba écrit que le temps cyclique, c'est celui de nos ancêtres et des agriculteurs, basé sur la lune, le soleil et les saisons. Le temps linéaire est celui que le monde moderne a créé en cherchant toujours le progrès et la performance. Le temps linéaire originerait de la théorie de Darwin selon lui. Il explique ensuite les dysfonctions associées à l'une où l'autre de ces perceptions du temps (chacune a ses avantages et ses inconvénients) et termine en insistant sur l'importance de vivre le moment présent.

    J'ai donc voulu (oups...désir !) faire se rejoindre ces deux perceptions du temps en une seule, juste pour m'amuser. J'ai donc imaginé visuellement les petites boucles des cycles du temps, mises bout à bout...mais quelque choses ne fonctionnait pas : la ligne du temps ne revient jamais là où elle est déjà passée. J'ai donc visuellement transformé les boucles en vagues d'ondes, comme un oscillateur. Puis j'ai pris conscience que plusieurs cycles sont en marche au même moment ! J'ai donc visuellement superposé tous ces cyles, ayant de plus où moins longues "longueurs d'ondes", sur une ligne du temps linéaire qui a maintenant une épaisseur en fonction de la hauteur des cycles. Ces deux perceptions du temps peuvent donc cohabiter en chacun de nous ! Et comme le temps est différent pour chacun de nous (selon Villeba), tout le monde trace une ligne du temps complètement différente à chaque moment.

    C'est une réflexion purement philosophique qui n'est probablement d'aucun intérêt, mais j'avais simplement envie de faire cet exercice, dans l'ici et maintenant que je vivais alors. C'est ça qui retenait mon attention, alors je n'ai pas résisté, mais je suis demeurée consciente que je vivais alors dans le mental et que je négligeais probablement ce que m'offrait la vie à ce moment là...mais comme j'étais sur une autoroute que je connais par coeur, en pleine noirceur, je n'ai probablement pas manqué grand chose !!!

    Je fais cependant attention de ne pas me FORCER à réfléchir de la sorte, sinon ça me cause des tensions quand je n'arrive pas à trouver un filon. C'est donc le seul genre de désir que j'évite pour l'instant: le désir qui cause une tension s'il n'est pas comblé... Je m'attaquerai aux autres désirs quand je serai prête. Je me fie sur le Tao pour m'indiquer quand ce sera le temps, via un manque d'équilibre que je percevrai alors en moi.

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    1. Bonsoir caro,

      Ce qui importe pour trouver un bonheur simple c'est de se situer sur le plan de l'être et de la présence à l'instant. Si l'on fonctionne avec le mental, et cela vient très vite, on sort de cette présence. Mais, tu as raison, le Tao te conduira à t'améliorer sur ce plan, si tu es sincère, ce n'est qu'une question de temps. Ce qui nous amène au temps. La théorie de Dokushô Villaba est intéressante et ce d'autant plus qu'il n'y a de vérité au niveau du temps que dans l'instant présent. Le reste sont des vues de l'esprit.
      Ta vision des deux temps superposés est intéressante, elle fait penser aux ondes. C'est un sujet intéressant qui mérite un article.

      Bien à toi, Oliver

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  16. un sujet interessant, la contemplation est un bel état pour ne pas penser, bon dimanche

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    1. Je suis d'accord avec toi, la contemplation est le moyen le plus simple de parvenir à la vacuité. On peut contempler un paysage, mais aussi un bébé qui vient de naître...
      Douce soirée, Oliver

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