Nature

La loi de la Nature est harmonie. Si on laisse la nature à l'oeuvre, alors la vie s'organise d'elle même. Les excès sont gommés, les manques son comblés. La végétation se développe en harmonie avec le climat. Les montagnes s'érodent, les vallées se creusent. Les animaux mangent à leur faim sans qu'il y ait pour autant extinction d'espèce. D'instinct, les animaux trouvent leur place.

L'homme au contraire cherche à modifier la Nature. Il a pour cela un dessin, un projet : celui d'améliorer sa condition. Contrairement à l'animal, l'homme n'agit pas par instinct, mais à dessin. L'homme pense. Et tout ce à quoi il pense, revient à améliorer sa condition. Améliorer, améliorer, toujours et encore améliorer. 

Rares, très rares sont les personnes qui envisagent ou qui acceptent de réduire leur confort ou leurs désirs. Or vivre en voulant améliorer sa condition, c'est vivre de manière egotique. C'est vivre pour soi, pour s'accaparer. C'est vivre au mépris de la Nature. Car c'est s'accaparer quand la Nature répartit. C'est forcer le trait quand la Nature estompe. C'est jouer en dissonance quand la Nature orchestre.  

Mais là ou l'homme fait fausse route, c'est lorsqu'il se croit plus fort que la Nature. Car, s'il peut momentanément, ou localement défier la Nature, il ne peut le faire à grande échelle ou sur une longue durée. Car la Nature est régie par un principe unique et subtil. Unique car ce principe est simple et universel. Subtil car son application a engendré la Nature dans sa diversité. 

Ce principe est une loi de retour à l'équilibre. Ce qui veut dire bien sûr qu'il est naturel d'être à l'équilibre, mais ce qui signifie aussi qu'il est naturel de ne pas l'être à condition d'y revenir. Or les hommes, en voulant améliorer leur condition s'écartent de l'équilibre, et le font souvent tout au long de leur vie, tandis que d'autres comprennent sur leur vieillesse qu'il est temps d'envisager un retour vers l'humilité, et ce faisant rejoignent le principe universel. Alors ils s'harmonisent et trouvent le bonheur qu'ils avaient tant désiré, mais qui leur était interdit tant leur démarche était contraire au principe.

En voulant améliorer sa condition, l'homme agit pour son ego et, ainsi il se voile la face sur sa nature profonde. Il pense en effet être un individu seul (éventuellement avec sa famille et ses amis) face au monde hostile de l'extérieur. Et l'attitude de ses voisins qui font de même n'aide pas... Pourtant sa nature profonde n'a rien à voir avec cette vision dualiste : Moi séparé de l'Univers. La nature profonde de l'homme est amour. Lorsque l'homme réalise qu'il ne pense que par désir et qu'il réalise que ce sont ces désirs qui sont à la base de ses souffrances, alors, il cesse de désirer, il cesse de penser et redevient instinctif. Son mental dénué de tout dessin laisse place à la conscience pure. Et l'homme réalise alors que cette conscience ne lui est pas propre mais qu'elle est propre à l'Univers dans sa globalité. Et pour le petit individu qu'il était, les conséquences sont vertigineuses. C'est pourquoi il est fondamental pour lui de s'être départi de son ego, car l'individu ne supporterait pas la perspective de la conscience pure. Cette perspective n'est autre que celle de l'éternité, et de l'universalité. Autrement dit de l'Immortalité, de l'Omniscience et de l'Amour Inconditionnel. 

Ainsi, en se défaisant de son ego, l'homme réalise qu'il n'est pas séparé du Tout, et donc, ce qu'il avait toujours convoité chez l'autre devient de fait partie intégrante de lui-même. C'est pourquoi il est vain de poursuivre dans l'illusion des désirs, dans l'illusion de la séparation. La vision devient claire limpide et surtout Naturelle. Et celle-ci n'exclue pas pour l'homme un peu de confort.

La voie du Tao, n'est autre que celle du retour à la Nature. C'est ce qu'avaient bien compris les chamans des temps anciens, et ce que perpétuent les rares chamans que compte encore notre planète.